16 octobre 2006

Ma banlieue ne doit pas craquer

Vous connaissez cette phrase : « Quand on a des idées en forme de marteau, on finit par voir tous les problèmes sous forme de clous »

Ce type de comportement est à rapprocher des nombreuses déclarations concernant les récentes agressions de policiers dans des cités de l’Ile de France. Si les attaques commises sont à condamner sans réserve, il est notoire que le tout répressif inauguré par Nicolas SARKOZY lors de son arrivée au ministère de l’intérieur n’a pas arrangé les choses.

Nous apprêtons nous à revivre le scénario de 2002 lorsque les faits divers du plus crapuleux au plus insignifiant dans le domaine de la sécurité étaient monté en épingle par les media ?

Le savant cocktail qui a réunit très récemment les télévisions et la police pour assister à une arrestation médiatique laisse à penser que les bonnes recettes de la précédente campagne présidentielle pourraient revenir à la mode.

Cité de façon permanente, il est à craindre que le 93 soit la mèche de la poudrière qui pourrait permettre à certains candidats à la présidence de la république de monter à nouveau dans les intentions de vote.

Confronté aux dernières émeutes des banlieues, le maire de Bondy vient d’écrire une lettre ouverte à Jacques CHIRAC qu’il publie sur son blog , où il ne mâche pas ses mots.

Extraits :

« J’accuse le ministre de l’intérieur d’avoir délibérément cherché à déstabiliser nos quartiers populaires.

J'accuse le Ministre de l’Intérieur de souffler des braises sur nos banlieues et sur mon département en particulier


J'accuse le même Ministre de gesticuler devant les caméras pour masquer ses incompétences

J’accuse le Ministre de l’Intérieur de vouloir en fait faire régner la peur et avec celle-ci de capter les extrêmes

J’accuse le Ministre de l’Intérieur d’opposer Justice et Police, Citoyens et Jeunes, Jeunes et Institutions !


J’accuse le Ministre de l’Intérieur de diviser la France et d’éloigner chaque jour un peu plus les jeunes de notre idéal Républicain … »


De son côté, le Syndicat national des officiers de police (SNOP) demande pour sa part des "renforts" dans le département de Seine-Saint-Denis, affirmant (sans préciser sur quelles sources il s’appuie) que les jeunes des cités s'apprêtent à 'fêter' violemment" les émeutes de l'automne 2005.

Le maire de Bondy donne un compte précis des forces de l’ordre pour sa ville : « Quelques données chiffrées pour vous éclairer: Le commissariat chez moi a comme circonscription les villes de BONDY (54700 habitants) et Les Pavillons sous bois (20500 habitants) soit 75200 habitants.

75 200 habitants et un effectif pour tout cela de :104 policiers
12 collèges et lycées et 2 inspecteurs pour la brigade des mineurs à disposition de 9h à 19h... »

Cette réalité des chiffres montre bien à quel point il y a un monde entre les déclarations tonitruantes et le terrain. L’UMP du 93 par la voix d’Eric Raoult, maire du Raincy, propose aux syndicats de policiers une "rencontre départementale" et lancent une opération "Population Police Solidarité" pour montrer leur soutien réel et concret aux policiers du département.

L’UMP n’est-elle pas en train de regretter amèrement la police de proximité tant décriée par le président de leur mouvement ?

En attendant, il est anormal tant pour la société que pour les policiers de voir les forces de l’ordre promues au rôle de « hussards de la république » comme ce fut le cas des enseignants au début du 20 eme siècle.

Le mot insécurité recouvre aujourd’hui beaucoup plus de cas de figure que le seul banditisme et il est dangereux de faire croire que la police puisse servir de rempart à des problèmes de logement, d’illettrisme ou de chômage endémique. Le faire croire revient à exposer ces forces de l’ordre à des situations qu’elles ne sont pas à même de maîtriser.

Nul n’a le droit de «jouer » avec le sujet de la sécurité à moins d’avoir une vocation de pyromane. Ne retenir que le sujet de la sécurité en occultant tous les autres problèmes revient à isoler et stigmatiser un peu plus des populations sans pour cela apporter la moindre ébauche de solution.

Dans ce contexte, il est essentiel que ministres comme élus locaux mettent leurs « drapeaux » dans leur poche pour éviter toute dérive. Les français sont en attente d’autre chose qu’un simple « croque mitaine » comme chef de l’état

Crédit Photo
Tropicalboy

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sarko essaie de faire quelques chose, mais son domaine d'action se limite à la police, il n'est que ministre de l'intérieur. S'il il avait été un grand tout mou, il aurait laissé pourrir la situation qui est déjà déplorable. On peut pas lui enlever le fait qu'il essaye de faire quelque chose. C'est sûr qu'il a plutôt tendance à marcher sur les plates bandes de Chichi et Villepin en faisant des promesses au nom du gouvernement comme s'il était déjà président ;-). De toute façon il ne peut pas les tenir ces promesses.

Celui qu'il faut plutôt casser c'est plutôt Chirac qui a raté l'occasion d'avoir un ministre plus motivé que les autres pour entrainer avec lui au moins celui de la justice et celui de la cohésion sociale à agir de concert. Car il est certain que ce n'est pas la police toute seule qui va régler ces problèmes.

C'est sûr que les méthodes de Sarko sont criticables et que ses petites phrases lui permettent d'élargir son cercle d'ennemis. C'est sûr aussi qu'il en rajoute pas mal devant les caméras, qu'il fait celui qui prends le problème à bras le corps, mais il s'enlise petit à petit. Pas facile de garder le tête hors de l'eau. Si à la place de Sarko on avait eu un tout mou du genre Balladur, il aurait été tout autant critiqué pour son inaction.

Je ne défend pas Sarko en particulier, mais je pense que n'importe quel ministre concerné ( intérieur, justice, social ) de droite ou de gauche qui agit seul, et qui fini par ne faire que du vent, va droit dans le mur. Le problème vient d'au dessus, Chirac / Villepin qui préfèrent éviter de s'engluer dans du Clearstream, EDF / Suez, et autre lobby militaro-industriel pour tenir jusqu'en avril 2007. Pour ce couple là, le problème des banlieux a vraiment l'air d'être un sujet secondaire. Ils ont la chance d'avoir trouvé un Sarko à qui ils peuvent glisser des peaux de bananes à la moindre occasion. Et en plus de cela il est la cible préférée de l'opposition, surtout depuis qu'il est candidat.