A part les plus blasés, nous avons tous un petit pincement au cœur en ouvrant notre messagerie pour voir si notre papier a été accepté et se trouve en ligne.
Et, parfois, le texte suivant tombe :
« Nous vous remercions d’avoir soumis votre article sur AgoraVox. Toutefois, le comité de rédaction n’a pas validé sa publication. Nous vous encourageons, à l’avenir, ...
N’hésitez pas à vous inspirer de la politique éditoriale disponible à l’adresse suivante :
http://www.AgoraVox.fr/article.php3 ?id_article=60
C’est le « sombre » message que de temps en temps nous recevons effectivement. Et pourtant, nous l’avions travaillé cet article !
Il pouvait être la conséquence d’un évènement, d’un coup de gueule, d’une réaction épidermique ...
Nous l’avions pensé, aimé et parfois détesté car de l’oral à l’écrit les mots ne chantent jamais de la même façon.
Nous avions commencé à le rédiger, le relire, le modifier puis dans certains cas... le ré écrire complètement. Dans le même temps, Il aura fallut le réduire du tiers puis de la moitié tout en lui gardant sa cohérence.
Pour certains, il avait fallu quelques jours pour la bibliographie ou la collecte des liens pertinents et indispensables à la compréhension du texte.
Certains l’avaient fait lire par des proches ou même lu à haute voix à leur entourage et découvert que le message ou l’impact du texte n’était pas à la hauteur de leurs espérances. Dans ce cas, retour au clavier pour adapter ou changer le contenu.
Et enfin pour d’autres, l’émotion était encore plus grande puisque c’était leur premier texte !
Et pourtant : « Nous vous remercions d’avoir soumis votre article sur AgoraVox. Toutefois, le comité de rédaction n’a pas validé sa publication ... »
Quelle est votre réaction en ce cas ? me demandait un universitaire
Abattement, peine, incompréhension, colère, utilisation de noms d’oiseaux, soupçon de complot ...
Bien entendu que nos réactions sont malhonnêtes, mais écrire relève beaucoup plus de la passion que du mercantilisme et la passion aveugle toujours un peu (voir beaucoup).
Car, à y bien regarder, avions-nous une attitude différente face au professeur qui nous collait un 6/20 à une rédaction ou dissertation ? Combien d’entre nous croient encore qu’un fonctionnaire sadique de l’Education nationale a mis fin à une vocation littéraire ?
La réalité, c’est qu’écrire pour les autres demande beaucoup d’humilité et l’échec en fait partie. Un comité de rédaction est comme l’arbitre d’un match. Or doit-on remettre sans cesse en cause les décisions de l’arbitre ?
La réalité bien souvent, c’est d’accepter que son ego soit mis à mal. La meilleure des thérapies, je le pense, consiste à essayer de revoir son papier ou en composer un nouveau sur un autre thème.
Car, enfin, lorsqu’on connaît la durée éphémère d’un article, les propos, réactions ou sanctions des internautes, comment peut -on conserver un ego intact ?
Bien souvent, devant un refus :
Ne faut-il pas se relire encore une fois et se demander si en prenant quelques heures de plus le sens de l’article n’aurait pas été tout autre ?
Ne faut-il pas se dire qu’on est plus fait pour des papiers de fond (relativement intemporels) plutôt que de la « réaction à chaud » sur des actualités qui sont trop souvent archicommentées dès leur sortie ?
Ne faut-il pas, en fin de compte, se dire avec philosophie : « C’est le métier qui rentre » ?
Crédit image
Gotlib
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