05 juillet 2012

Salariés et chômeurs seniors : Les mal aimés des entreprises !

Si les organisations patronales militent pour faire travailler plus longtemps les salariés seniors, la réalité de leurs conditions de travail est loin d'être évidente. La lecture du baromètre seniors en entreprise et édifiante à ce sujet.





Il y a encore quelques mois, François Fillon, sous les acclamations de Laurence Parisot,  proposait de reporter l'âge de la retraite de 62 à ... 67 ans. Déjà, direz-vous, pour que les salariés atteignent 62 ans, il faudrait que les entreprises changent d'attitude à l'égard de plus âgés qui, lorsqu'ils ne se voient pas proposer une rupture conventionnelle déplorent, nous dit le 12e Baromètre Seniors en entreprise : « (...)  leurs conditions de travail et l'inaction de leur employeur concernant leur gestion de carrière (...) »

La lecture du Baromètre Seniors en entreprise, qui vient d'être publié par le magazine Notre Temps, apporte un parfait démenti aux propos tenus par le précédent gouvernement et les organisations patronales. En effet, loin des images d'Epinal, de la longévité heureuse des plus âgés au travail, on découvre que toutes les mesures présentées pour justifier le report de l'âge de la retraite ne sont au mieux que des postures, au pire des impostures ! 

Que dit le baromètre ? Extraits

Conditions de travail

« (...) Les seniors sont plutôt insatisfaits de leurs conditions de travail et notamment de l'inaction de leur employeur concernant leur gestion de carrière (...) Côté salaire, 78% des séniors interrogés affirment n'avoir reçu aucune augmentation individuelle depuis trois ans. 85% déplorent également le manque de promotion, de changement de poste ou d'affectation sur un nouveau projet ces trois dernières années. Ils ne sont globalement pas très confiants puisque 82% ne pensent pas pouvoir donner une nouvelle direction à leur carrière. Plus alarmant : 42% des sondés ont le sentiment qu'eux-mêmes ou les seniors en général sont victimes de harcèlement du fait de leur âge (contre 40% non). Un chiffre en augmentation puisqu'ils étaient 36% en 2010 et 2011 (...) »

La retraite

« (...) Si la plupart des sondés souhaiteraient dans l'idéal, prendre leur retraite à 60 ans ou voire moins, un quart ne savent pas à quel âge ils devront travailler pour obtenir leur retraite à taux plein. Mal informés, la plupart des répondants (81%) n'ont eu aucun bilan, rendez-vous de carrière ou aide à l'orientation au cours des trois dernières années et 78% disent ne pas avoir bénéficié d'une information sur la retraite ou bilan retraite sur cette même période (...) »

Etonnant, écrit le blog Mode d'Emploi, puisque : « (...) le précédent gouvernement avait rendu obligatoire l'entretien de seconde partie de carrière par la Loi sur l'orientation et la formation de novembre 2009... (...) »

Le tutorat outil de maintien dans l'emploi

« (...) 56% d'entre eux pensent que le contrat de génération proposé par le gouvernement Hollande, basé sur le principe un jeune de moins de 30 ans embauché, un senior de plus de 55 ans maintenu dans son emploi pour le tutorer, peut constituer une vraie solution pour le maintien dans l'emploi des séniors (...) 76% des seniors regrettent que leur entreprise n'ait mis en place aucun dispositif de tutorat pour leur permettre de transmettre leurs compétences (...) »

A cela nous ajouterons la gadgeterie communicatrice, du précédent quinquennat : campagne d'information gouvernementale sur les TMS lancée en fanfare par Eric Woerth : « Mettre fin aux troubles musculo-squelettiques dans votre entreprise, c’est possible »,   ou l'opération : « Bonnes pratiques seniors » lancée par Xavier Bertrand et Laurent Wauquiez qui consistait à proposer aux entreprises de se faire auditer par Vigéo sur : « (...) les processus de gestion des ressources humaines les plus exposés au risque de discrimination : recrutement, formation, santé au travail (...) »

Pas brillant direz-vous ? Et encore, pourrait-on dire, les seniors interrogés sont encore dans l'emploi.

Mais qu'advient-il de ceux qui sont au chômage, dont la majorité de longue durée ? Il est bon de relire ce témoignage de Sylvain Grevedon, spécialiste de l’emploi des seniors au Cabinet Mercuri Urval, qui expliquait que pour les seniors : « Retrouver un CDI est quasi impossible » et ajoutait : « (...) on commence à être considéré comme un salarié trop âgé à 52 ans (...) leur taux de chômage a explosé ces dernières années et le marché de l’emploi leur reste toujours aussi hostile (...) Les experts s’accordent à dire que les employeurs ont privilégié le maintien dans l’emploi de leurs salariés au détriment du recrutement de nouveaux seniors (...) Si le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 5,6% en 2011, celui des plus de 50 ans a explosé de 15,5%. Ils sont désormais 872.000 à être inscrits à Pôle emploi (...) »

Face à un telle situation, nombreux sont ceux qui se tournent vers les pouvoirs publics, leur demandant de mettre en place des dispositifs d'aides financières ou de formation pour les seniors. Le contrat de génération même s'il n'est pas parfait est une ébauche de solution. Du moins pour ceux encore dans l'emploi.

Pour les autres, les aides ou formations ne représentent au mieux que des effets d'aubaines pour les entreprises, au pire ne servent à rien puisqu'aucune embauche ne leur sera proposée à terme !

La question de l'emploi des plus âgés est plutôt à poser aux organisations patronales qui continuent de prôner l'allongement sans fin de l'âge légal de la retraite, mais continuent à abuser de la rupture conventionnelle pour se débarrasser d'eux tout en évitant de les recruter, une fois au chômage.

Bien que ces organisations patronales qui seront présentes lors de la conférence sociale des 9 et 10 juillet n'auront que les mots compétitivité et flexibilité à la bouche, il serait intéressant que quelqu'un veuille bien les mettre devant leurs responsabilités en ce qui concerne l'emploi des seniors.

Car, il est vraiment temps de rappeler à Laurence Parisot qui nous expliquait en 2008 : « (...) Pour favoriser l'emploi des seniors, il faut repousser l'âge légal de la retraite (...) les pays ayant les plus forts taux d'activité des seniors sont ceux où l'âge de la retraite est le plus élevé (...) » où à Jean-François Roubaud de la CGPME qui déclarait : « il va falloir travailler plus longtemps » que les salariés et chômeurs seniors qui sont partant pour continuer à travailler dans de bonnes conditions, sont toujours en attente des résultats de leur propos et démonstrations !



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1 commentaire:

Démos a dit…

Les propos des syndicats patronaux sont infâmes et insultants pour nous, salariés. Ils peuvent toujours nous servir des discours creux, ciselés sur mesure par leurs communicants, nous savons tous que leur seul objectif est de se débarrasser des salariés, qui ont le plus d'ancienneté, autrement dit de ceux qui "coûtent" le plus cher. La rupture conventionnelle les y aide rudement bien. Le pire étant que l'offensive de Parisot & Co continue pour déréguler, la seule parade est de légiférer pour les contraindre à agir autrement et dee limiter, dans le même mouvement, les revenus exorbitants, stock options, parachutes dorés, retraites chapeau de nombreux patrons eux-mêmes seniors.