L'emploi des seniors en France est parmi les plus faibles des pays de l'OCDE. Alors que le chômage fait rage dans cette partie de la population en fin de carrière le gouvernement vient de dégainer sa solution : un index seniors.
C'est un chiffre que plus personne ne conteste : 65 % des travailleurs âgés de 60 à 64 ans ne sont plus dans l'emploi. La très grande majorité est au chômage avec, pour les mieux lotis les indemnités de l'assurance chômage et pour un certain nombre d'autres le RSA.
Ils ont des prétentions salariales trop importantes : C'est dommage pour les employeurs, mais jeune avec 20 ans d'expérience, ça n'existe pas encore. Et l'expérience, ça a un prix. Toutefois, essayez si vous êtes un senior au chômage de proposer de travailler au SMIC (ça été mon cas) pour redémarrer, vous verrez vite que l'objection du salaire élevé n'était qu'une allégation mensongère.
Ils ne maîtrisent pas les outils de communication modernes : C'est de moins en moins vrai ! En effet, l'utilisation des nouvelles technologies est de plus en plus répandue en entreprise et les 50 ans et plus les utilisent aussi bien à titre professionnel que personnel (ordinateurs, tablettes, smartphones). En admettant que certains employés ne soient pas parfaitement familiers des nouveaux outils de communication, rien n'empêche de les former ! Encore une fois, il s'agit d'une allégation mensongère
Face à ce blocage, que propose le gouvernement ?
Un "index senior" qui calculerait par entreprise le taux d'emploi des plus de 60 ans comme nous l'explique le site de BFM. Comment cela fonctionnerait-il ?
« ...Cet index mesurerait l'évolution des embauches et de l'emploi des seniors dans l'entreprise, mais sans être contraignant comme l'index de l'égalité professionnelle, qui peut donner lieu à des pénalités financières allant jusqu'à 1% de la masse salariale. Une manière de pointer les bons et les mauvais élèves sans les sanctionner en bonne et due forme. La locataire de Matignon demande tout de même aux "entreprises, de se saisir (du) sujet" de l'emploi des seniors et demande aux employeurs redonner de "toute leur place aux seniors" dans leurs entreprises … » Ajoutons que cet index ne serait applicable qu'aux entreprises de plus de trois cent salariés ce qui exclut la très grande majorité des entreprises.
En résumé : un machin pour lequel les plus grandes entreprises obtiendront des dérogations auprès de Bercy dans la mesure où le MEDEF a d'ores et déjà hurlé à la mort à l'annonce de la création de l'index. La CPME de son côté rayonne de bonheur puisque les TPE/PME seront exclues du dispositif.
Devant un tel gadget, les syndicats de salariés ainsi que nombre d'économistes sont montés au créneau pour expliquer qu'on ne pouvait pas se contenter d'une telle mesurette face à un problème qui touche et va toucher ceux à qui on va demander de travailler jusqu'à 64 ans et plus.
Devant le tollé, le gouvernement a communiqué sur le sujet indiquant : ouvrir « ...la porte dimanche à des mesures plus « coercitives » afin de favoriser l’emploi des seniors dans les entreprises ... »
Ok, quand et de quel ordre ?
C'est l’inénarrable porte parole du gouvernement, Olivier VERAN qui a apporté les premières réponses : « Mais pourquoi pas », a répondu dimanche le porte-parole du gouvernement Olivier Véran sur BFMTV. « Vous savez que nous ne sommes pas sur une ligne coercitive de but en blanc, on a plutôt tendance à faire confiance aux gens. Mais s’il faut qu’on mette en place des garde-fous pour assurer que les seniors ont toute leur place dans l’entreprise ... »
De son côté, Gabriel Attal a fait les gros yeux : « C’est quand même fort de café que la France soit un pays dans lequel on ne reconnaîtrait pas à des gens qui ont de l’expertise, de l’expérience, du savoir faire et ont envie de bosser cette capacité à le faire valoir »
Et ? Réponse rien ! Les entreprises si promptes à défendre le « travailler plus longtemps » vont donc pouvoir continuer à tourner le dos aux salariés et chômeurs âgés sans aucune obligation ou sanction. Les organisations patronales vont pouvoir continuer à nous parler de la « valeur travail » et des restrictions qu'il faut apporter à l'indemnisation des chômeurs compte tenu de la pénurie de candidats dans des emplois ... où les seniors n'ont pas leur place.
Du cynisme ou du foutage de gueule ? Les deux mon capitaine.
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