27 juillet 2006

Pauvre camping ou camping de pauvres ?

Canicule, vacanciers avides de bains de mer et ventilateurs dans les campings, nos media ne nous auront jamais autant montré une France qui aspire au bonheur simple pendant que le Liban se fait écraser par les bombes, que les députés sont prêts à s’écharper sur le sort de GDF et que la « chasse » aux SDF campeurs s’organise dans Paris.

C’est Médecin du monde qui ulcérée par la situation de quelques pauvres bougres durant les grands froids récents a distribué ces abris de fortune. Les pauvres sont aussi des « marronniers » que la presse adore ressortir lorsque l’hiver s’installe. Entre les restos du cœur auxquels il est de bon ton d’apercevoir un ou deux ministres et les permanents des associations qui vont à la recherche de ceux qui peuvent mourir, c’est de l’actu coco !!!

Seulement quand les beaux jours reviennent, la charité et l’assistance ont tendance à …ne plus l’être. Vous me direz, la canicule qui frappe entre autre la France est prétexte à montrer notre vaillant Premier Ministre venir chercher des votes dans les maisons de retraite.

Et les SDF campeurs dans tout cela ?

Et bien, ceux qui ont eu la chance de recevoir un abri de toile ont décidé de s’installer tant bien que mal dans certaines artères ou squares des beaux quartiers. Comme le disait une résidente de ces quartiers à la radio, « en hiver, c’est normal mais en été quel exemple pour nos enfants !!! »

Et oui madame, les pauvres sans neige cela existe aussi et masquer la situation à vos enfants ne va pas leur ôter le repas ou le sommeil.

Devant la levée de boucliers des résidents, la mairie de Paris s’est émue du problème pour deux raisons : Les élections se rapprochent et la présence des SDF à côté de Paris plage risque d’entacher la belle image que la majorité municipale souhaite montrer. On a donc, pour régler le problème nommé une médiatrice Agnès de Fleurieu.

Présidente de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, Agnès de Fleurieu a deux semaines devant elle pour dresser un état des lieux de la situation et remettre un rapport au ministre. Elle ne sera pas seulement chargée d'établir une médiation avec Médecins du monde sur le devenir de ces tentes (300 distribuées, mais 450 selon la mairie de Paris qui comptabilise les tentes achetées par les SDF eux-mêmes et les dons de certains riverains).

L'association Emmaüs, interrogée par la médiatrice chargée du "problème posé par les tentes" des SDF a Paris, a demandé la création "de petites unités de vie" ouvertes 24h sur 24, selon un communiqué diffusé mercredi par l'organisation caritative.

Emmaüs a fait part à la médiatrice Agnès de Fleurieu de "sa forte préoccupation face à la fragilité d'environ 2.000 personnes qui vivent à la rue à Paris".

Lors d'une rencontre mardi, les responsables de l'association ont souligné auprès de la médiatrice que les centres d'hébergement d'urgence sont occupés à plus de 95%. Ce qui montre qu'ils "répondent aux besoins de la majorité d'entre eux", selon Emmaüs.

Comment régler le problème qui vous l’avouerez ne représente que 450 tentes sur toute la ville de Paris ? Si certaines voix se sont élevées pour proposer de « pousser » ces intrus en (grande) banlieue, beaucoup ressortent le serpent de mer de la création de logements même précaires mais suffisant en nombre et en qualité d’accueil.

De son côté l’association Emmaüs préconise l'ouverture « d' auberges » pour accueillir les « travailleurs pauvres » qui permettraient de « désengorger les centres d'hébergement d'urgence ». Elle a également appelé à la concrétisation au plus vite des engagements pris au lendemain des incendies de l'été 2005 par la création de 5.000 places de résidences sociales.

Si du côté de la mairie de Paris, on campe sur ses positions :

Bertrand Delanoë a lancé jeudi une démarche qu'il veut à la fois "humaine et ferme" pour déplacer les SDF vivant sous des tentes dans les rues de la capitale, en invoquant les risques sanitaires liés à la canicule et les plaintes de riverains.

Médecins du monde reste inflexible :

"Comment demander à ceux qui sont sous une tente de la quitter? Quelle serait leur alternative: de nouveau dormir, sans abri, par terre sur le trottoir, pour se faire oublier?"

Qu’est qui gêne dans cette affaire ?

Ce qui gêne, c’est l’aspect visuel de cette pauvreté (assumée ou non par ces SDF)

Si le geste de Médecins du monde était une provocation, il faut concéder que la ville de Paris est assez active dans le secours auprès des populations en difficulté. Alors, ne nous voilons pas la face, ce qui gêne le plus, c’est qu’il y a une trente ou quarante ans, tomber dans la « clochardisation » comme on disait à l’époque ne concernait que des gens faibles ou ayant fait le choix de la rue. Or, il en est tout autre aujourd’hui et on peut tomber très rapidement en bas de l’échelle sociale sans pour cela avoir « fait un choix de vie ».

Nos dirigeants et élus si prompt à créer des groupes d’études (120 groupes recensés pour 577 députés - rapport Jean Luc WARSMANN vice-président de l’assemblée nationale) pourraient se décider à regarder au plus près le problème de citoyens salariés parfaitement intégrés qui du jour au lendemain peuvent se retrouver sous une toile de tente installée dans un beau quartier de la capitale.


Sources et crédits photos

Nouvel Observateur
AFP
Emmaüs
Médecins du monde


1 commentaire:

Anonyme a dit…
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