02 août 2006

Carlos GHOSN : Apprenti sorcier ou futur maître du monde automobile ?


La rumeur a démarrée il y a quelques mois mais n’avait pas fait les manchettes des journaux économiques ou sportifs : RENAULT F1 deviendrait NISSAN ou INFINITI F1 à partir de 2008.

Aussi étonnant que cela puisse y paraître, cette idée fait son chemin dans la tête de Carlos GHOSN. Pour les observateurs avertis, il est évident que le PDG de RENAULT NISSAN cherche à positionner la marque japonaise le plus haut possible tout en positionnant la marque française sur le segment des véhicules grand publics.

Quel avenir pour RENAULT ?

Visiblement la LOGAN roumaine pourrait devenir notamment au travers du rachat programmé du constructeur russe AVTOVAZ qui fabrique les LADA le leader européen des voitures d’entrée de gamme. S’il est vrai que RENAULT n’a jamais brillé dans le haut de gamme automobile, il semble un que son PDG qui a déjà délocalisé une grande partie de la production s’apprête à « déclasser » la marque en lui donnant un statut « populaire »

C'est pourtant bien le RENAULT de Louis Schweitzer qui fort de ses résultats s'est implanté en Europe de l'Est, en Amérique latine mais aussi en Asie.

C'est aussi ce RENAULT là qui s'alliait avec le Japonais Nissan alors au bord du gouffre et qui a acquis le Roumain Dacia, chargé de débuter la fabrication de la fameuse Logan.

Enfin, il ne faudrait pas oublier que Louis Schweitzer transmettait à son successeur, lors de son départ, un groupe en bonne santé financière.

Que se passera-t-il alors si l’opération GM réussit ?

Il y a fort à parier que NISSAN deviendra avec INFINITI sa griffe de luxe le fleuron du nouveau groupe. Qu’adviendra-t-il par contre d’OPEL, de SAAB, de SAMSUNG, de CHEVROLET/DAEWO et de ... RENAULT ?

Il est évident que l’objectif est de faire de nouvelles économies d’échelle en diminuant le nombre de plates formes, de moteurs et surtout de sous-traitants et fournisseurs. On ose pas penser au nombre de salariés qui feraient les frais d’une restructuration de cette ampleur !!!

Quel est la place réelle de NISSAN aux Etats Unis ?

NISSAN a été longtemps considérée (avant l’arrivée de son actuel PDG) comme la marque la plus fiable et la mieux finie de la production nippone. Depuis, si la rentabilité est au rendez-vous, la qualité de fabrication est en baisse et la faible originalité des modèles a relégué NISSAN très loin de HONDA (et sa marque de luxe ACURA) ainsi que de TOYOTA (et sa marque de luxe LEXUS)

En 2006, même si NISSAN limite la baisse de ses ventes à -1 ,7 % (à comparer avec les - 7% de GM et FORD) on est loin de connaître les flamboyants résultats des années précédentes.

Quel est l’impact commercial de NISSAN en France ?

Les chiffres sont incontestablement très moyens et la gamme MICRA épaulée par le MURANO n’arrive pas à cacher une offre constituée de modèles vieillissants.

Sur 6 mois de l’année 2006, il s’est vendu 17 049 véhicules ( - 23,4 % par rapport à l’exercice précédent) soit un peu mieux que SUZUKI (13 010 mais + 31,3 %) mais très loin de TOYOTA le rival de toujours (49 242)

Et en Europe ?

Nissan marque le pas sur le Vieux Continent. Au premier trimestre, les immatriculations ont lourdement chuté : - 14,4% (79 431 unités) sur un marché en hausse de 3,4%. L'époque où Nissan caracolait devant Toyota est bien révolue. Le deuxième constructeur mondial vend aujourd'hui presque trois fois plus de voitures que le groupe contrôlé par Renault, alors que ce ratio n'était que d'une Nissan pour deux Toyota en 2005.

Alors, dans le difficile et compliqué jeu de « mecano » que souhaite construire Carlos GHOSN qui va être (en partie) sacrifié ?

Alors quel est l’avenir de RENAULT F1 ?

Selon le marketing du groupe, associer une CLIO à une F1 relèverait de plus en plus de la gageure, alors que l'associer à une luxueuse NISSAN représente un challenge plus simple.

Interviewé sur le sujet le PDG de RENAULT NISSAN déclarait

Carlos GHOSN : " Tant que nous continuerons à offrir un bon spectacle, à avoir de bons résultats, et à rester au meilleur niveau de la Formule 1, il n’y a pas de questions à se poser sur notre avenir en Formule 1. "

" Il y a évidemment des incertitudes sur les conditions dans lesquelles la Formule 1 va évoluer à partir de 2008. Il ne s’agit pas d’une préoccupation pour Renault uniquement, mais pour tous les constructeurs essayant de définir quel sera l’environnement de la Formule 1. "

" Mais si j’élimine cette incertitude, que je considère que nous allons résoudre ces questions, et que la Formule 1 continue à avoir un bon retour sur investissement pour les participants, et en particulier pour le vainqueur, alors nous devons y être. "


Le retour en force des FERRARI et le départ annoncé de Fernando ALONSO risquent de précipiter la valse des logos. A moins que les réalités économiques et l’état français toujours actionnaire à 15 % de l’ancienne régie RENAULT ne rappellent à l’ordre un PDG bien opaque sur ses stratégies.


Sources

Le FIGARO
CCFA
Le blog auto
Boursier.com

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