13 décembre 2006

Variables d’ajustement

Ils ont pour prénom, André, Françoise, Farid, Leila, Maurice, Franck et ils ont tous en commun d’avoir perdu leur travail en même temps.

Pour eux, les lumières et les décorations des fêtes de fin d’années n’auront certainement l’aspect joyeusement niais que nous présentent les journaux télévisés. Derrière ces prénoms, il y a des situations différentes : CDI, CDD ou CNE. On ne les a pas gardés pour des raisons similaires : Baisse d’activité, compression d’effectifs, remplacement par un plus jeune, « embauche » d’un stagiaire, …

Entre le travailler plus de Nicolas SARKOZY et le travailler différemment de Ségolène ROYAL, aucune réponse immédiate ou à moyen terme ne sera apportée à leur problème. Retour ou découverte des ASSEDIC et à l’ANPE pour tous.

Que peuvent nos politiques face à ce problème qui contrairement aux grandes théories économiques et parfaitement concret ?

Si l’on en croit le programme de l’UMP, il faudrait privilégier le travail. Explications : Pour augmenter le pouvoir d’achat, il suffit de supprimer les 35 heures et permettre aux salariés de faire des heures supplémentaires. Ce qui signifie que ceux qui ont un emploi « pourront choisir » de travailler plus. Donc, création de poste = zéro.

Nicolas SARKOZY se propose de privilégier « ceux qui se lèvent tôt » ce qui signifierait qu’il existe une France des courageux et une des faignants ? Perdre son emploi et ne pas en trouver malgré des heures et des jours de recherche vous classerait-il dans le clan de ceux qui adoptent une attitude de rentiers ?

La candidate socialiste adepte de la flex sécurité chère aux pays nordiques nous propose tout simplement d’apporter un filet de sécurité qui n’est ni plus ni moins que l’institutionnalisation du chômage partagé mais répartit (encore faudrait-il consacrer une part du budget de la nation aussi importante que ces pays)

Quel est au fond le problème ?

La logique qui veut que l’inflation soit jugulée est une bonne chose mais lorsqu’elle est portée par les banques centrales comme un dogme, cela peut devenir dramatique. La lutte contre l’inflation impose que l’augmentation des prix et salaires soit dans un premier temps contrôlée. L’étape suivante consiste à ce que les prix diminuent pour permettre aux salariés de continuer à consommer autant avec un salaire qui augmente peu ou pas.

Comment réussir un tel tour de force ?

Voir baisser les prix pourrait indiquer que les fournisseurs pratiquaient des marges tellement importantes qu’ils prenaient les consommateurs pour des imbéciles. Ce n’est bine entendu quasiment jamais le cas. En réalité, la production s’oriente vers des pays ou les coûts du travail sont les moins élevés (délocalisations)

Il faut néanmoins noter qu’alors que la baisse du prix des textiles (100% fabriqués en Chine) est de 15 à 20 % pour les consommateurs britanniques, elle ne dépasse pas 2 % en moyenne en France. Etonnant non ?

Qui doit en ce cas, payer l’addition ?

Les salariés sont, bien entendu, les seuls à subir ce changement de donne au travers de remise en cause de leurs conditions de travail ou en devenant des variables d’ajustement.

Un salarié licencié pour cause de faible activité est immédiatement ou à court terme un consommateur de moins ce qui entraînera sans nul doute des ajustements dans d’autres entreprises.

Les organismes ou confédérations d’entrepreneurs proposent comme à leur habitude une énième baisse des charges sociales, des concepts nouveaux comme la « séparabilité » sans pour autant refuser les aides massives à l’emploi.

En clair, rompre le pacte qui lie les salariés à leur entreprise en sachant que le différentiel entre les conditions de travail et de salaire avec les pays d’Asie est tellement important qu’une suppression des charges et des licenciements sans indemnités ne changerait strictement rien.

Le capitalisme est-il en train de s'autodétruire demandent Patrick ARTUS et Marie Paule VILLARD ?

« La question peut sembler saugrenue, voire provocatrice, au moment même où les grandes entreprises de la planète, y compris en France, affichent des profits insolents, rémunèrent très confortablement leurs dirigeants et distribuent des dividendes records à leurs actionnaires... Alors que la croissance économique - en Europe en tout cas - stagne, que les délocalisations se multiplient et que chômage et précarité s'aggravent, on comprend que le débat devienne vif sur la légitimité d'une telle captation de richesses »


Quant à André, Françoise, Farid, Leila, Maurice et Franck, qu’ils se rassurent, les candidats à la présidence de la république ont déjà dans leurs programmes mille et une façon pour les escamoter dans les statistiques au travers de "stages parking" ou de classification « grand âge » les dispensant de recherche d’emploi. Ce semble être, ces derniers temps, le sort réservé aux variables d’ajustement.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Hello,
Entre nous la volonté économique de Sarko est bien plus forte et imaginative que celle de Royale. On ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs. Les français ont été aveuglés par une politique sociale qui promettait toujours plus. Aujourd’hui, on est au bord du précipice...il va falloir agir en urgence et ça va faire mal. Les français ont été trop longtemps infantilisés, et bercés par la politique rassurante du néant. L’ère Sarko qui s’annonce, porte avec elle le goût du changement. On serait bête de ne pas essayer.

Slovar a dit…

Au delà de vos propos, je salue l'anonymat que vous avez choisi pour encourager votre champion.

Drôle de façon de dialoguer !!!!

Anonyme a dit…

Vous sous entendez par votre maniere de vous exprimer que les solutions sont evidentes.

La critique du vocabulaire les fameuses "variables d'ajustement" est facile. Je ne doute pas qu'etant de gauche vous eussiez une certaine capacité imaginative pour nommer les choses.

Ceci dit, avoir une économie qui favorise l'innovation, repand les bonnes pratiques et penalise les mauvaises n'est pas une simple affaire de decret.


A cet egard d'ailleurs, quelle varaible d'ajustement a plus d'impact que l'education?

Hors vous noterez que ce secteur, est completement soumis aux ideologes de gauche, et que malgre cela (a cause?) on peut parler de desastre d'une ampleur inedite.

Vos critiques seraient bienvenues de s'adresser aux bons responsables...

Anonyme a dit…

Nicolas,

Vous êtes visiblement du côté libéral. La notion de "variable d'ajustement" a été inventée par des économistes libéraux.

"Une économie qui favorise l'innovation"

Sans problème si ce n'est que 95 % de la population au travail ou en âge de l'être n'a aucune capacité technologique.

Compte tenu qu'on mise de plus en plus sur le "conçu en France" (dixit T BRETON) il est clair que la production ne sera pas française.

Alors "domesticité" pour tous au travers d'emplois à la personne ?

Savez vous que ces emplois ne permettent pas à un salarié de simplement se loger et acquérir le minimum vital de confort ?

Oui je suis de gauche et je travaille dans le privé depuis 35 ans. J'ai d'ailleurs fait une grande partie de ma carrière dans des fonctions "payées à l'efficacité"

Alors SVP, je n'ai pas non plus à recevoir conseils ou leçons

Anonyme a dit…

Commencons par le commencement:

Je ne suis pas du coté liberal, je suis du coté de l'intelligence.

La decontextualisation du terme "variable d'ajustement" n'a-t-elle pas pour objectif de ridiculiser son usage?

Critiquer, "denoncer" la forme sans aborder le fonds, faire la promotion de solution toute faite, est juste facile.

Apporter des solutions necessite un travail beaucoup plus ardu qu'une simple posture ideologique.
Cela se quantifie, se travaille.

Que le future fut technologique me parait assez etabli, independamment dES lieuX de fabrication dES differentS secteurS.

La porte d'entrée à ce future technologique, l'education, etant en piteux etat (bizarre pour un secteur verrouillé à 4 tours par la gauche...) il y a enormement de gains de productivité à faire.





Si l'on se place sur le pur plan moral, comme vous le faites, votre approche demagogue conduit à la case "enfer" dont beaucoup de pays payent encore la facture aujourd'hui. Une facture lourde et pleine de misere qui persistera pendant plusieurs generations.

Dans ces pays, cher monsieur, l'indignation que vous exprimez au sujet des 175 euros à debourser pour etre soigné d'un cancer, cette indignation là fera encore rire dans 50 ans.

Slovar a dit…

Décidemment vous avez un problème ! Au lieu d'écrire "l'indignation que vous exprimez au sujet des 175 euros à debourser pour etre soigné d'un cancer, cette indignation là fera encore rire dans 50 ans."

Allez le dire publiquement à des citoyens !!!

En ce qui me concerne j'annonce "game over " pour notre conversation.