30 janvier 2008

Et maintenant que faire avec (ou sans) un grand parti anticapitaliste ?

Le grand projet de la LCR a aboutit il y a quelques jours. Le message est sans surprise : Regrouper les déçus du Parti Communiste et du Parti Socialiste en un mouvement d'opposition au libéralisme.

Les partis dits "classiques" de la gauche vont-ils rester impuissants devant une "offre" qui s'appuie essentiellement sur la récupération systématique de militants ou de sympathisants ?

La démarche de la LCR et ambiguë. Elle s'appuie sur l'abandon par les partis politiques de l'intervention en termes économiques en même temps que fidèle à sa stratégie de l'opposition elle refuse l'accès au pouvoir et à toute forme de gouvernance.

Un grand parti anticapitaliste peut-il être le seul à combattre et surtout qui ?

Là encore, pour le nouveau parti "anticapitaliste", il sera plus facile de tirer à vue sur les options socio démocrates ou modérées qui, si elles ne tranchent pas assez sur libéralisme économique seraient une alternative au laisser-faire engagé par l'actuel gouvernement et sa majorité.

Les partis de gauche ont été particulièrement inaudibles sur des sujets importants comme la réforme du code et du contrat de travail. L'opinion se sent "abandonnée" par ceux qui naturellement étaient leurs défenseurs. Qui ne dit mot consent ? dit-on

Le manque de combativité sur ces sujets doit-il faire comprendre que les partis de gauche n'auraient pas su empêcher cette nouvelle fragilisation des salariés ? La trouve t-elle inéluctable ?

Qui à gauche sur les plateaux des télévisions n'oublie jamais de citer un conflit social en cours ?

Même s'il s'agit d'une technique démagogique, les Français sont beaucoup plus sensibles à cet intérêt qu'au discours "bien huilé" sur l'enseignement supérieur et la recherche prodigué par les responsables de la gauche parlementaire.

Bien entendu qu'il faut préparer l'avenir mais que fait-on aujourd'hui pour ceux qu'on flexibilise ou précarise ? Quant au sauvetage de notre pays par l'innovation et la recherche, que fera t-on de la très grande majorité des salariés qui n'auront pas les capacités de travailler dans la recherche ?

Car, ne nous y trompons pas, le résultat de l'innovation sera industrialisé ... ailleurs. Devrons-nous nous contenter des services à la personne formidable gisement de ... nouvelle domesticité et nouveau prolétariat.

Un grand parti anticapitaliste peut-il être le seul à rassembler ?

Bien que la LCR et son très prochain parti anticapitaliste prétende être un grand rassemblement, nul n'ignore que les autres formations d'extrême gauche ont déjà annoncé qu'elles ne s'y joindraient pas. Un grand parti anticapitaliste ne peut prétendre se substituer à toutes les parties prenantes de la société (associations, syndicats, ONG) de même, il est particulièrement malhonnête de faire croire qu'il sera possible de faire "reculer le capitalisme".

Mais il faut qu’à gauche, on arrête de faire de la politique marketing. La dictature des sondages et enquêtes d'opinion mène directement à la création de concepts qui détruisent toute notion de conviction. Ce sont ces concepts qui sont en majeure partie responsables des derniers échecs électoraux subis par la gauche.

Proposer de vraies solutions issues des fondamentaux du socialisme est tout sauf démagogique. Revenir sur le rôle incontournable de l'état dans la régulation économique et le droit équitable des salariés. Aider au développement de toutes les formes d'entreprises alternatives (sociales et solidaires) . Lire ou relire, puis mettre en avant les constats de RIFKIN (cf le site du CNAM ) sur la durée du travail et l'adaptation de nos sociétés à cette nouvelle donne.

La gauche de progrès ne peut se contenter de regarder ses partis se tourner vers des modèles comme le SPD ou le New Labour. La gauche a longtemps représenté pour les français un rempart face aux exigences des milieux économiques et un exemple de justice sociale. Abandonner ces simples repères équivaut à leur donner un signe : « Désolé, nous ne pouvons plus rien ! »

Un grand parti anticapitaliste non plus d’ailleurs ! . Mais doit-on au nom du réalisme économique expliquer aux gens qu’il n’est plus possible d’envisager autre chose que des mutations « meurtrières » et un petit job d’une quinzaine d’heures pour leurs enfants ?

Arrêtons de faire croire qu’il est possible de mettre en place le « fantasme » de négociation permanente et apaisée de nos amis scandinaves. Compte tenu de notre histoire, c’est un profond leurre entretenu par les organisations d’entrepreneurs et quelques responsables de gauche. Il ne faut plus avoir peur de rappeler que tous les acquis sociaux proviennent de conflits durs auxquels la gauche était autrefois associée.

La lutte des classes aurait en toute logique du se retrouver dans les livres d’histoire mais ce sont les organisations d’employeurs conseils de l’actuelle majorité qui ont décidé de la continuer … de façon unilatérale.

La gauche de progrès doit afficher clairement ses positions dans tous ces domaines. Ces positions peuvent (et doivent) devenir un véritable programme politique d’alternance digne de rassembler des millions de citoyens sans pour cela devenir un « grand parti anticapitaliste »

« Ce qui nous unit est toujours plus fort que ce qui nous sépare » dit-on à gauche.

Prouvons le !!!


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