22 janvier 2008

Intemporelle spéculation

Bien que Madame LAGARDE nous ait expliqué ce matin sur Europe1 que le choc boursier actuel n'est "qu'un réajustement" et que la France est à l'abri puisqu'elle a su mettre en place la défiscalisation des heures supplémentaires, on est pas vraiment rassurés.

On est même en droit de se demander si les pouvoirs publics ne vont pas encore couvrir (suivant le principe de la privatisation des bénéfices et de la mutualisation des pertes) une crise majeure basée sur la recherche de rendements à "deux chiffres"

Pour ceux qui souhaitent mieux connaître les chemins tortueux de la spéculation, Slovar leur conseille la lecture d'un formidable livre signé Georges CONCHON " Le sucre"

Résume :

L'inspecteur des impôts Adrien Courtois épouse sur le tard une pharmacienne, laquelle fait bientôt un assez coquet héritage. Pour gérer ce magot, Adrien n'hésite pas à prendre sa retraite. Avec son expérience, il doit y faire merveille. Vraiment the right man : placé pour.

Huit mois après, il se retrouve ruiné. Lavé. Essoré.

Par hasard, par rencontre, il avait mis le doigt (un tout petit vieux million) dans une chose très sérieuse, le Marché à terme des marchandises" Pignon sur rue. L'Etat derrière.
Le doigt dans le sucre, tout a suivi. Inexorablement. Tellement compétent, tellement méfiant de profession, le malheureux s'est fait piéger comme béjaune dans cette énorme "Affaire du sucre" (1974-1975) dont on se demande encore pourquoi la France a si peu entendu parler.

Le plus pharamineux des sacs d'embrouilles, le piège le plus aberrant que se soient jamais monté entre eux des financiers voraces jusqu'à l'imbécillité et quelques banques complices, ou idiotes. Un trou de 66 milliards que l'État - vous, moi ! - a réglés en grande part, afin que les plus gros spéculateurs ne perdent pas un centime et que trois banques n'aient pas à faire face à leurs engagements. II fallait bien : elles sautaient.

Corrosif. Désopilant. Des côtés Hellzapoppin, mais aussi la tendresse de Macadam Cow-boy sous la merveilleuse amitié d'Adrien et du jeune Raoul, époustouflant vicomte voyou qui s'est engagé à lui "récupérer ses billes" dans cette arnaque d'enfer.

Le Sucre c'est aussi un film avec Jean CARMET, Gérard DEPARDIEU, Michel PICCOLI (terrifiant prédateur sous le nom de Grézilo), Claude PIEPLU, Roger HANIN (Roger Karbaoui et sa mère Marthe Villalonga) et tant d'autres "seconds" rôles tous plus brillants les uns que les autres.

Un des dilaogues devrait pourtant vous rester pour longtemps en mémoire : Georges DESCRIERES recevant les financiers responsables de cette escroquerie et leur disant avec le plus grand détachement : "Bien, messieurs, puisque vous n'avez pas su faire payer les gros, maître Pergamon huissier de justice se chargera de faire payer les petits"

Si livre et film peuvent parfois paraître cyniques, ils le sont toutefois beaucoup moins que tous ceux qui ont voulu gagner "toujours un petit sou de plus" (comme le dit Grézilo) en prêtant à des populations de plus en plus modestes pour l'achat de leur habitat !!!


Intemporelle spéculation ....

Espérons qu'une des chaînes de télévision ait l'audace de le diffuser dans les prochains jours les aventures d'Adrien Courtois et de Raoul de la Vibraye. Chiche ?

Filmographie de Jacques ROUFFIO


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonsoir Slovar,

Intéressant ce billet!
Figurez-vous que n'étant en rien spécialiste de l'économie, j'ai du mal à comprendre la situation actuelle ou des dernières années. Tout ce dont je me souviens de mes cours d'économie, lorsque j'étudiais la maîtrise de droit, c'est que la crise de 1929 était venue d'un excès de spécculation.
Je crois comprendre, vu de loin, que l'économie mondiale est bien basée sur la spéculation, et non sur la production de biens et services depuis belle lurette.
Le problème auquel nous sommes confrontés (indirectement pour moi... Croyez-moi bien, les quelques pesos que je gagne ne me permettent pas de les risquer à spéculer... Il y a des bouches à nourrir à la maison.) est bien structurel. Le fait de baisser les taux pour la banque fédérale ne changera rien si nous ne mettons pas une bonne fois pour toutes l'économie au service du plus grand nombre, et non pour la jouissance de quelques familles.

Voilà, c'est ma réaction du jour:)

Slovar a dit…

Bonjour Alain,

Merci pour votre commentaire.

Espérons en effet que les particuliers que nous sommes n'aient pas à payer trop durement les turpidutes d'un petit nombre