03 septembre 2008

La Rochelle et Unité des forces réellement à Gauche vues par D&S

Les lecteurs de Slovar les Nouvelles sont maintenant habitiués à lire des communiqués ou contributions que lui envoient des responsables politiques ou sociaux.

Démocratie & Socialisme nous fait parvenir deux nouveaux textes : Un sur leur vision des débats et manoeuvres de La Rochelle et un appel pour l'unité des forces réellement à gauche.

Nous publions ci-dessous ces deux textes dans leur intégralité

En creusant derrière les apparences à La Rochelle (D&S n°157) : La bataille politique derrière les jeux de personnes au PS

Il est dorénavant probable qu’il n’y aura pas de majorité avant le congrès du PS. Est-ce une si mauvaise nouvelle ? non, pas forcément si cela signifie que la ligne mi-chèvre mi-chou antérieure ne peut plus être reconduite. Et que ce n’est pas une ligne plus droitière qui lui succède. Une conduite au centre qui ne tranche sur aucune des questions sociales centrales est devenue paralysante. Aussi peut-on regarder derrière les « blocs » qui se constituent, se font et se défont, les principales questions politiques en jeu.

Plus loin, dans ce numéro de D&S, nous comparons le contenu des contributions de gauche, ici, regardons ce que chaque morceau de l’ex majorité du parti en train de se déformer, reformer, incarne.

C’est un peu comme la dérive des continents, il y a des glissements de plaques tectoniques, des rapprochements, des distanciations significatives.

Au moins sur les questions centrales qui nous semblent le plus lourdes de conséquences, on peut y voir clair. Si on admet que la pression sociale travaille les fondations de ce parti, que le sarkozysme est rejeté en profondeur, et que cela a des effets souterrains encore non visibles.

Une grande ile qui dérive :

C’est la future motion de Ségolène Royal : si jusqu’au bout, elle résiste a toute alliance, elle glissera sur le côté, un peu hors la vie du parti, de ses racines, de son histoire, elle aura une certaine forme d’étrangeté plus que de nouveauté, elle incarne une campagne droitière qui n’a pas permis et ne permettra pas de gagner à l’avenir. Tous les messages envoyés sur les questions sociales fondamentales (salaires, 35 h, retraites, fiscalité…) sont négatifs. Elle veut conquérir par la force la direction mais elle ne pourra le faire et tant mieux, ce parti est en difficulté mais pas au point de perdre tout sens collectif et de se faire hara-kiri. Il y a un siècle d’histoire qui ne peut être balayé par « aimez-vous les uns les autres » ni par le renoncement explicite aux 35 h, aux 1500 euros, et la soumission à la retraite par point du Medef. Plus l’alliance quasi suicidaire avec Bayrou.

Cela devrait tellement apparaître qu’il se peut que l’intéressée s’en rende compte et fasse finalement un compromis de dernière minute.

Un grand bloc central rénové :

C’est ce qui motive toujours François Hollande qui veut le construire au moins avec Bertrand Delanoé et avec Jean-Marc Ayrault. C’est recréer une « stabilité » sans trop trancher dans le vif, assurer de l’autorité et marcher au millimètre. C’est un appel à la défense et à la restauration de l’autorité de l’appareil central. Mais le maire de Paris, après son fiasco « socialiste et libéral » est-il le mieux placé ?

Certes, il ne veut d’alliance avec le Modem, mais le contenu social de son discours est bien faible et ne tranche guère avec le passé. Julien Dray juge que ce bloc central est un peu court et ne sera pas « suffisant » si Ségolène Royal ne s’y rallie pas, mais pour la place du chef, il est certain que Bertrand Delanoë n’est pas prêt de la lui laisser, ce qui ferme bien des portes au « bloc central ». Tant que la nécessité ne s’impose pas… Mais ils vont sentir la nécessité de « gauchir » s’ils veulent capter les voix des militants, et peut-être de s’allier plutôt que de tout perdre séparément. Si le bloc central « s’élargit » pour capter à tout prix une majorité, il en paiera le prix en retour de confusion, et de non-dits.


Les reconstructeurs tirés par les deux bouts :

C’était un grand pari que de vouloir tenter, contre le duel médiatique Ségolène-Delanöe, de créer un « grand ensemble, » allant des amis de DSK à ceux de Laurent Fabius, sachant qu’aucun des deux n’était en situation actuelle d’être présidentiable mais aucun n’y renonçait pour l’avenir.

Donc le poids de leurs proches était décisif dans l’organigramme des reconstructeurs en attente de la phase suivante.

L’image pratique, unitaire, sage, qu’ils ont tenté de se donner contre le présidentialisme immédiat, en défense du parti collectif, masque qu’il n’y a pas de « fond ». Car quels points communs entre les strauss-kahniens et les fabiusiens ? sur l’Europe, sur l’union de la gauche, sur le programme social, autant certes qu’entre CFDT et CGT…mais autant de différences aussi ! Du coup, ils ont mis de part et d’autre, en sourdine, le fond pour privilégier le flou, il y a du magma dans cette plaque tectonique ! Ne cherchez pas de réponse sur le partage des richesses, elles ne figurent pas dans leurs textes.

Avant l’été, Pierre Moscovici tirait à fond sur la droite, recherchant l’accord avec « Ligne claire » un texte droitier - justement pas clair- des grands barons comme Collomb, Guerini, Valls. Ce faisant, croyant bien défendre DSK, Moscovici commit la faute d’exiger la mise à l’écart des fabiusiens en termes violents : « pas de passagers clandestins, un accord à deux avec Martine Aubry, pas un accord à trois ni a deux et demi ».

Cette exclusive lui aura été fatale car son « ami » Cambadélis lui, a compris bien qu’il fallait viser plus large et non pas refermer le jeu pour parvenir à contrer les vedettes Royal-Delanoé. Exit brutalement Moscovici, et recentrage léger à gauche avec Martine Aubry si elle acceptait de tenir ce rôle central et ingrat de première secrétaire. Elle accepte. Montebourg, noyé dans tout cela, après avoir appelé Moscovici à Frangy le lâche à La Rochelle, pour lui, la tactique devient labyrinthe.

Le contenu politique est indécis. Le but à peine caché est que l’équilibre des forces pour 2011 ne soit pas tranché entre les deux hommes. Laurent Fabius pour confirmer la mise à l’écart de Moscovici, adoube Martine Aubry, et la rétablit dans un centre à mi-chemin entre, à droite les strauss-kahniens, et à gauche les fabiusiens. Nous voilà avec un autre « bloc central » n°2, une autre plaque tectonique qui essaie d’occuper le même terrain que celle de Delanöe-Hollande.


Le coté droit se détache ou s’attache ?

Moscovici, looser, dégagé brutalement par les amis de Cambadélis qui l’avaient pourtant mis en selle, a essayé de reconstituer un bout de continent avec Valls, Collomb, Guérini. On leur souhaite du plaisir, car ils sont autant marqués à droite que le fut Bockel dans le passé. Ils essaient de revenir dans le bloc central n°2, des mains leur sont tendues pour renforcer le côté droit de celui-ci, mais il y a des rancoeurs et des aigreurs apparues en cours de route.

Leur retour est devenu plus difficile après l’installation des fabiusiens dans ce cercle. En tout cas, Moscovici ne peut prétendre le diriger. Le centre du bloc n° 2 lui est moins accueillant après la Rochelle qu’avant. Il s’est déplacé légèrement au centre gauche.


Reste le côté gauche : c’est l’heure !

Disons le, des dizaines de milliers de militants sont choqués, ulcérés par ces manœuvres trop visibles de glissement de ces « continents ». Personne ne veut, à gauche, d’un « magma » où l’on s’englue.

Si la gauche de ce parti, depuis l’été, avait su se regrouper et s’organiser, publiquement et avec force, (entre les amis de Benoît Hamon, Marie-Noëlle Lienemann, Jean-Luc Mélenchon, Marc Dolez et nous - pour aller vite et en personnalisant un peu trop facilement) elle aurait tout de suite pesé davantage sur toutes ces opérations.

Car nous sommes certains qu’une gauche sociale et combative, pèse de 15 à 25 % des voix, surtout si elle s’organise bien et si son texte est bon. Au lieu d’être subordonnée et force d’appoint, elle peut être offensive et motrice. Nous avons essayé, par des rencontres les 2 juillet, avec Benoit et Marie Noëlle, le 25 juillet avec Jean-Luc Mélenchon, de faciliter le processus.


Même de façon chaotique il semble qu’il se dessine. Un accord à cinq, sans préjugé ni exclusive, ferait un nouveau bloc tirant à gauche l’ensemble des continents ce qui aurait pour effet que le bloc central le plus important dans le futur vote des militants, en aurait absolument besoin au congrès pour disposer d’une majorité.

Ce serait ainsi que la gauche socialiste pourrait commencer à se faire entendre, obtenir du poids, et devenir indispensable à la nouvelle majorité. Rédiger une motion de gauche, construire une cohésion, un travail en commun collectif et loyal autour d’une motion commune de gauche, est donc, selon nous, la première nécessité. Nous en avons discuté positivement avec Benoit Hamon à La Rochelle, et espérons concrétiser tout cela tous ensemble le plus tôt possible.

Ce serait cela la vraie nouveauté du congrès de Reims, c’est qu’il y ait une gauche socialiste et qu’aucune majorité ne puisse faire sans elle !


Congrès de Reims du Parti Socialiste - Appel solennel pour l’unité autour d’une orientation résolument de gauche

Un congrès est toujours l’occasion de voir apparaître des textes riches d’idées, d’analyses et de réflexions qui viennent ensuite nourrir dans un second temps les motions. Le Congrès passé, toutes ces belles choses sont remisées au placard de la mémoire du socialisme. Nous refusons que ce Congrès soit celui d’un énième placard dont la porte se refermerait sur un espoir manqué.

La dernière présidentielle nous a clairement démontré qu’une nouvelle ère venait de commencer. En effet, une droite en rupture totale avec le gaullisme et incarnée par Nicolas Sarkozy a utilisé la tactique du blitzkrieg pour mettre la gauche à genou et la droite au pas. Autrement dit, il a mené une offensive rapide et brutale paralysant la candidate de la gauche et anesthésiant son propre camp.

Quel bilan faire et quelles réponses apporter ?

Le bilan est celui d’une gauche française, à l’image de la social-démocratie en Europe qui a échoué dans sa stratégie de conquête du pouvoir via les remèdes libéraux : le « toujours moins » (de solidarité, de hausses de salaire, de redistribution, de protection sociale, etc) pour prétendument aider à la compétitivité de nos économies a conduit inexorablement à affaiblir les salariés dans leur ensemble. Force est de constater que seuls les plus aisés ont su trouver leur compte. Le résultat est encore le même quand c’est la démocratie et la République qui font aussi les frais du « toujours moins » (de laïcité, de représentativité, de lien social, de liberté, d’égalité et de fraternité, etc).

Les réponses ?

Plusieurs contributeurs les ont définies et les exposent dans des textes de qualité qui appellent sans ambiguïté à ce que le Parti Socialiste rompe clairement avec la doctrine du « toujours moins ». Ils appellent, certes avec des formules différentes mais avec un corpus idéologique identique, celui du socialisme, à :

1. Rompre avec l’accompagnement du modèle libéral,
2. Développer les services publics,
3. Défendre la laïcité républicaine,
4. Rééquilibrer le partage des richesses :accroître la part du travail plutôt que du capital, notamment par l’augmentation des salaires,
5. Apporter des réponses solidaires à notre sécurité sociale,
6. Rompre avec une croissance aveugle basée sur toujours plus de consommation, au détriment du développement durable,
7. Refuser le nouvel ordre international conservateur,
8. Promouvoir une Europe forte socialement et économiquement,
9. La mise en place d’une 6ème république parlementaire et sociale,
10. Une fiscalité réellement redistributive.

Au risque de voir les mêmes caciques venir expliquer aux adhérents du PS qu’il faut réformer en détruisant, nous appelons solennellement au sursaut unitaire et salvateur des socialistes français autour d’un texte alternatif qui permette de s’opposer à la droite et de tracer une orientation en phase avec les préoccupations des français.

En conséquence, nous, adhérents et militants du Parti Socialiste de la Marne, issus de plusieurs contributions ou simples adhérents soutenant une ligne clairement de gauche interpellons l’ensemble des responsables socialistes et les contributions qu’ils ont soutenues tant les points de convergences sont manifestes et forts nombreux.

Nous leur demandons de rechercher par tous les moyens l’union des forces qu’ils incarnent pour dégager autour d’une ligne claire, en rupture avec le mythe du « toujours moins », un texte fondateur et offensif pour le Congrès de Reims.

Vous pouvez si vous le souhaitez signer l'appel en cliquant ici

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