24 décembre 2008

Crise sociale : Bon baisers du Brésil, ... Suite : Message de Démocratie & Socialisme

Nous avons publié hier un texte concernant la dernière étude du CREDOC.

Démocratie & Socialisme a voulu y réagir et nous a fait parvenir un texte que, comme à l'habitude et conformément à nos engagements, nous publions ci-dessous en intégralité.

Nous profitons de cet article pour souhaiter sincèrement à tous ceux qui nous lisent ou nous publient de très bonnes fêtes de Noël et leur dire à demain pour notre article du 25 décembre. Au fait, pour le repas de ce soir, avec modération sauf en ce qui concerne le bonheur d'être ensemble.


Nous sommes la cinquième puissance industrielle du monde. Nous sommes le deuxième pays au monde importateur de capitaux (avec 573 milliards l’an passé) : si nous attirons autant les capitaux, c’est que nous avons encore des services publics sûrs et performants dont ont besoin les grandes entreprises, c’est aussi parce que les salariés de notre pays ont l’un des plus forts taux de productivité horaire du monde. Selon le Bureau of Labor Statistics (BLS), organisme américain peu suspect de sympathie syndicale, ni de francophilie, les salariés de France sont en effet les plus productifs au monde après ceux des Etats-Unis : « Un Français qui occupe un emploi a produit 71 900 dollars de richesse en moyenne au cours de l’année 2005.

C’est certes moins que les 81 000 dollars produits par l’employé états-unien moyen mais significativement plus que les 64 100 dollars d’un Anglais, les 59 100 dollars d’un Allemand ou encore les 56 300 dollars d’un Japonais » (BLS). Jamais les profits n’ont été aussi importants, les « cagnottes privées » débordent ! Il y a largement de quoi faire pour éradiquer la misère, le chômage, les inégalités criantes. Les entreprises du CAC 40 ont gagné prés de 105 milliards d’euros de bénéfices en 2007, 100 milliards en 2006, 86 en 2005, 66 en 2004 et 57 en 2003 : en cinq ans, elles ont multiplié par deux leurs profits. Encore 100 millairds en 2008 en dépit de la “crise”.

Les 500 premières familles de ce pays ont gagné 80 milliards d’euros de plus l’an passé que l’année précédente soit 8 fois le « trou » présumé de la Sécurité sociale. En 2006, selon le magazine Challenges (7/07/2007), « jamais les 500 principaux détenteurs de capital “familial” de notre pays n’ont vu leur fortune progresser aussi vite. En un an, leur poids dans l’économie est passé de 200 à 280 milliards d’euros.

Ces 500 fortunes représentent désormais 15 % du PIB, contre 6 % il y a une décennie. Sur cette période, le patrimoine professionnel des 500 a triplé et a progressé six fois plus vite que la richesse nationale ».
Il y a 72 milliards de “’niches fiscales”. 148 milliards ont été siphonnés de puis 20 ans des salaires vers les profits. Les salaires de la très grande majorité des salariés stagnent dans le privé comme dans le secteur public alors que les prix (composés de salaires mais aussi de profits) dérapent entraînant une baisse de plus en plus insupportable du pouvoir d’achat. Les revenus du patronat ont augmenté de 58 % en 2007, « retraites chapeaux », « stock-options », et « parachutes dorés » se multipliant éhontément. 65 milliards d’euros ont été accordées sous forme d’exonérations de cotisations sociales aux chefs d’entreprises par l’Etat dans la seule année 2006.

Et c’est à tout cela qu’il faut ajouter le tristement célèbre « paquet fiscal » de 15 milliards accordé aux grandes fortunes par Nicolas Sarkozy, dès son élection, en été 2007.
La concentration des richesses aboutit à ce que moins de 10 % de la population possède près de 50 % du patrimoine tandis qu’à l’autre bout, 10 % ne possède que moins de 1 %, le reste, soit 49 %, étant partagé entre 89 % de la population.

Le « reste », c’est le salariat qui se le partage, soit 91 % de la population active qui produit les richesses et n’en reçoit donc pas la part qui lui revient.
Mme Parisot prétend que même en reprenant aux riches une part de ce qu’ils ont accumulé, on ne pourrait pas faire face aux besoins sociaux immenses qui sont ceux de notre pays : c’est archi-faux, il y a plusieurs dizaines de milliards d’euros disponibles, récupérables et transférables en toute équité pour répondre aux besoins vitaux de nos concitoyens.

En 2007, les profits ont confisqué, comme chaque année depuis près de 10 ans, plus de 8 points de la richesse nationale, soit plus de 130 milliards d’euros par an. Quant à l’éternel chantage à la « fuite des capitaux », il dépend de la volonté ou non de la puissance publique d’y céder ou d’y résister.
C’est la propagande libérale qui prétend aussi que nos enfants auraient en naissant « une dette de près de 19 000 euros sur leur tête » : car tous les enfants sont loin d’être logés à la même enseigne, les enfants des riches possèdent les titres de la Dette et les enfants des pauvres sont ceux auxquels ils demandent de la rembourser.

La droite a organisé le transfert des caisses publiques vers les caisses privées : après avoir baissé les impôts des riches, elle a creusé les déficits, et elle prétend donner la priorité à leur remboursement à taux élevé au détriment des besoins sociaux de la majorité de la population qu’elle soumet, sous ce prétexte, à une « rigueur « de plus en plus révoltante.

Qu’on ne prétende pas que nos salaires sont trop élevés, même dans le classement établi par l’Insee, la France se situe en 9ème position, derrière le Danemark, le Royaume-Uni, l’Allemagne, le Luxembourg, les Pays-Bas, la Belgique, la Suède et la Finlande. Il existe 7 millions de travailleurs pauvres, 15 % de précaires, et un taux de chômage d’autant plus scandaleusement élevé qu’il devrait mécaniquement et drastiquement baisser pour des raisons démographiques.

L’écart de salaire s’est resserré depuis 40 ans : il est de 2,3 entre le moyenne des salaires des cadres et la moyenne des salaires des ouvriers et des employés. Il est de 1450 euros. 98 % des salaires sont en dessous de 3200 euros.
Qu’on ne prétende pas qu’on ne travaille pas assez : même si les 35 h sont encore la durée légale actuelle pour 100 % des salariés, les durées effectives du travail leur sont largement supérieures.

Selon l’Office statistique des communautés européennes (Eurostat), un salarié français travaille officiellement et en moyenne 36,4 heures par semaine au troisième trimestre 2006, contre 36,1 heures dans l’Union européenne (à quinze). Les Français travaillent plus que les Danois (34,6 heures), que les Allemands (34,5 heures) plus que les Anglais (31,9 heures) et que les Néerlandais (29,8 heures). Ils travaillent plus que les Etats-uniens (33,7 h).


En France, La durée maxima est restée fixée à 48 h et les durées effectives, pour des millions de salariés, sont plus proches de 40, 45 voire 50 heures que de 35 heures. Nos 35 h « légales » sont contournées de fait, par une fraude massive d’heures supplémentaires dissimulées et non majorées.

En vérité, il faudrait travailler moins pour travailler tous, produire davantage de richesses qui, si elles étaient mieux réparties, stimuleraient davantage notre croissance et notre développement durable. Mais au lieu de cela, la droite néolibérale prône la « baisse du coût du travail », l’absurde « travailler plus », la mobilité, l’employabilité, la séparabilité, la flexibilité, toutes formules de propagande qui reviennent à faire davantage travailler des salariés en les payant moins (45 h payées 35) et à la place d’autres qu’on n’embauche pas.

Les employeurs n’ont que le mot flexibilité à la bouche, mais ils sont d’une rigidité extraordinaire lorsqu’il s’agit de donner sa vraie « valeur » (le salaire) au travail, à la minute, à la seconde près. Pas un seul salarié de ce pays n’a « la liberté » de fixer ses horaires, seul l’employeur peut le faire et toutes les mesures prises par Nicolas Sarkozy ou François Fillon visent à faire « travailler plus pour gagner moins » en maintenant un volant de précarité et de chômage délibéré. Le drame de notre pays est ce développement d’une cruelle et ravageuse inégalité qui sape les fondements de notre République.

Nos emplois, nos écoles, nos hôpitaux, nos équipements et services publics, nos quartiers, nos logements, notre culture, nos loisirs, nos droits fondamentaux, démocratiques, laïques et républicains, sont mis profondément à mal par la politique néo-libérale. Mais on peut lutter contre : c’est la politique qui dirige l’économie et non pas l’économie qui dirige la politique.
Sous prétexte de “crise”, Sarkozy redonne 320 milliards de caution + 40 milliards à ses amis banquiers et banqueroutiers, du Fouquet’s qui peuvent ainsi continuer de jouer à l’économie casino avec les mêmes règles qu’avant. Puis encore 26 milliards de “prétendu “plan de relance”.

Il faut faire l’inverse pour “relancer l’économie” : redistribuer les richesses, hausser massivement les salaires, smic à 1600 euros, 200 euros pour tous, contrôle sur les licenciements abusifs, retour aux 35 h à la retraite à 60 ans, à un droit du travail protecteur, au rôle prédominant de l’état, aux services publics étendus et élargis, à une redistribution par une fiscalité directe et progressive (moins de TVA), et a des salaires maxima ( pas plus de 20 fois le Smic).

Gérard Filoche
Démocratie & Socialisme

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Oui...bons baisers do Brasil !
http://www.bahbycc.com/article-26063103.html