26 février 2009

Crise économique : Le MEDEF arbitre ... des élégances

Le MEDEF qui représente les plus grandes entreprises françaises (banques et assurances comprises) et surtout celles du CAC 40 ne cesse de se lamenter et de réclamer de nouvelles exonérations. Dernière en date : La contribution sociale de solidarité des sociétés (C3S).

Son leader Laurence Parisot, fustige de façon permanente, l'Etat dépensier tout en cherchant à mettre en évidence son incapacité à faire obtenir des crédits pour les entreprises. Alors, lorsque l'Etat envisage de prendre une participation d'environ 15% à 20% au sein du nouvel ensemble Banque Populaire/Caisse d'Epargne, elle déclare : "Toute participation de l'Etat au capital des banques françaises doit être limitée dans le temps au risque de provoquer des "catastrophes"

Et ajoute : "Dans notre pays et d'autres, on a vu quand un Etat voulait s'installer dans le rôle d'entrepreneur, c'était bien souvent des catastrophes qui étaient assurées au bout du chemin", a-t-elle fait valoir. "Je souhaite que, s'il y a une forme de nationalisation, ça ne doit être que provisoire. Souvenez vous du Crédit lyonnais"

Elle aurait pu également montrer du doigt : "l’affaire Executive Life", du nom de cette compagnie d’assurances américaine illégalement rachetée par le Crédit Lyonnais avant d’être revendue quelques mois plus tard à Artemis, la holding personnelle de François Pinault ...

Le Crédit Lyonnais a soutenu avec constance l’activité de François Pinault, notamment sous la présidence de Jean-Yves Haberer (ex-directeur de cabinet de Michel Debré), arrivé à la tête du Lyonnais en 1988 : crédit-relais de 3,3 milliards pour prendre le contrôle de Conforama ; puis prise de participation de 24,5 % dans le capital d’Artémis, holding personnelle de François Pinault, que l’industriel rachètera en 1997 au Consortium de Réalisation sur intervention de Jean Arthuis, ministre de l’Économie d’Alain Juppé, et dans des conditions qu’un rapport de la Cour des comptes épinglera ultérieurement. Entre 1987 et 1992, le chiffre d’affaires du groupe Pinault passera de 7 à 70 milliards de francs.

En 1992, le Crédit Lyonnais souscrit une augmentation de capital de 1 milliard, puis octroie un crédit de 8,5 milliards pour permettre à François Pinault... de racheter le portefeuille de « junk bonds » d’Altus Finance, filiale du Lyonnais (parmi lesquels, précisément, Executive Life) ... - Source Watche Diffusion

Mais critiquer un "entrepreneur" ne se fait pas dans le monde feutré du MEDEF

Plus prosaïquement, le MEDEF utilise une technique qui est vieille comme le monde : Montrer qu'on est capable de fédérer les foules sans jamais leur avoir demandé mandat. Et dans l'utilisation de cette technique, Madame Parisot et son "cher" coach sont imbattables.

Au delà des gesticulations communicantes, il est un constat simple à établir : Les sociétés du CAC 40 continueront à faire des qu'elles rétribueront largement leurs actionnaires. Les autres grandes entreprises françaises ne connaissent aucun problème d'accès au crédit et allègent les effectifs de façon préventive.

Laurence Parisot l'explique (pour une fois) fort bien : "Comment l'économie peut-elle fonctionner si on ne rémunère pas les actionnaires?"... / ... "il faut avoir les idées claires: le travail est rémunéré par les salaires et le capital par les dividendes!"

Mais alors, le MEDEF et ses adhérents seraient-ils des victimes unilatérales des banques et établissements de crédit pour leur financement ?

C'est certainement par méconnaissance ou pudeur que Madame Parisot oublie de signaler (entre autre) que la FEDERATION BANCAIRE FRANCAISE - Comité Régional des Banques de l’Ile de France - Fait partie du MEDEF Ile de France. Ce sont également la pudeur ou l'omission qui sont cause du fait que Laurence Parisot ait oublié de nous dire qu'elle est depuis 2006 Membre du conseil d’administration de BNP-Paribas (CV publié sur le site du MEDEF)

Petit problème : 97% des entreprises françaises ont moins de 20 salariés et leur quasi totalité ne sont pas adhérentes au MEDEF. Qu'en est-il vraiment de la situation des 97% d'entreprises qui n'appartiennent pas au "gratin" des entreprises françaises. c'est une très sérieuse étude IFOP Fiducial qui nous l'apprend :

Extraits

Des banquiers plus frileux, des prêts plus difficiles à obtenir pour les TPE - Les indicateurs de conjoncture s’enfoncent dans le rouge

Paris, le 26 février 2009 – Cette 33ème édition du baromètre des TPE (Très Petites Entreprises) réalisée par l’Ifop pour FIDUCIAL propose un regard croisé inédit, celui des dirigeants de TPE et de leurs banquiers. Ils s’expriment sur leurs perceptions de la dégradation de la situation économique et sur leurs relations réciproques. Les finances des TPE se détériorent dangereusement

... / ... Selon les patrons, le financement se grippe 22% des TPE affirment avoir subi un durcissement des conditions d’accès au crédit, contre 12% en octobre dernier. Tout d’abord, 8% des TPE ont dû supporter une réduction ou une annulation d’une ligne de crédit ou d’un prêt précédemment accordé. Ensuite, une majorité (55%) des 28% de TPE qui ont récemment formulé une demande de crédit se sont vu opposer soit une fin de non recevoir (21%), soit des conditions plus drastiques qu’à l’accoutumée : cautionnement d’organismes spécialisés (OSEO, SIAGI… pour 23%), garanties personnelles supérieures (18%), taux plus élevés (15%), mais aussi réduction de l’enveloppe de financement (14%).

De surcroît, 95% des TPE jugent trop élevés les montants des commissions et des intérêts facturés par les banques. 78% pronostiquent un renchérissement du prix de ces prestations dans le but de couvrir les gigantesques pertes des banques consécutives à la crise financière.

Selon les banquiers, il s’agit d’une vigilance accrue Les banques reconnaissent peu la contraction du crédit ressentie par les TPE. 27% des banquiers estiment toutefois que les banques accordent moins de crédits aux TPE, mais seuls 12% l’avouent quand il s’agit des pratiques de leur propre banque. 54% d’entre eux enregistreraient une diminution des demandes de financement par rapport à janvier 2008.

Néanmoins, 83% des banquiers conviennent avoir augmenté leur niveau de vigilance face à la dégradation de la situation économique (70% des patrons trouvent cette attitude normale). 58% des banquiers affirment aussi étudier plus scrupuleusement les demandes de financement des TPE. 53% déclarent avoir augmenté leur niveau d’exigence, 44% exigent des dossiers de financement plus fournis et 36% souhaitent davantage de garanties. Ce renforcement de la vigilance se concrétise aussi dans les recours à des organismes de cautionnement pour 83% des banquiers. Seuls 10% confessent refuser davantage de financements.


L’emploi plombé comme jamais par la crise

La création d’emplois, nette de suppressions et de remplacements de postes, a atteint son plus bas historique depuis la création du Baromètre des TPE en décembre 2000 à -2,5 points. Les suppressions de postes ont atteint des niveaux inégalés (8% des TPE, dont 67% de CDI) et les prévisions à trois mois confirment cette tendance (10%). La suppression des charges sociales sur les salaires au SMIC ne semble pas pouvoir renverser la tendance, car seulement 32% des patrons de TPE se déclarent incités à embaucher. D’ailleurs, seulement 10% des TPE envisagent une augmentation de leurs effectifs en 2009 (contre 17% un an plutôt).

Ce premier plan de relance ne convainc pas !

Prises isolément, les différentes mesures du plan de relance sont approuvées par les patrons de TPE. Pour autant, moins d’un tiers (32%) des interviewés attend un impact positif sur leur entreprise. 42% estiment qu’il n’est pas assez important par rapport à la gravité de la crise et 44% qu’il est trop lourd pour les finances publiques. Un consensus se dégage pourtant, 84% s’attendent à une augmentation des impôts. Néanmoins, la mise en place d’un second plan de relance est plébiscitée par 83% des patrons de TPE, avec une priorité donnée à l’emploi (61%).

Le médiateur du crédit, une influence limitée sur les banques

21% des banquiers interrogés ont déjà été sollicités par le médiateur du crédit. Ils s’accordent majoritairement à reconnaître l’utilité de cette mesure (68%). Néanmoins, 75% estiment que le médiateur du crédit a davantage une portée médiatique que réelle. Le dispositif « médiateur du crédit » est connu par 62% des patrons de TPE. Parmi ceux-ci, 77% jugent cette mesure utile. Selon Jean-Marc Jaumouillé, directeur des Techniques Professionnelles de Fiducial : « Un tiers des TPE a constaté une dégradation de sa situation financière en 2008 et 55% une stabilité. De bien mauvais augure au moment d’entamer une année 2009 incertaine. Alors que peuvent-elles faire ? Réduire leur train de vie ? Mais les patrons de TPE n’ont pas attendu les admonestations présidentielles et les éditoriaux enflammés sur les bonus des grands patrons pour ajuster leur rémunération. Eux le savent, sans qu’on ait à le leur rappeler. La survie de leur entreprise en dépend. »

Méthodologie de l’Etude :

Ce baromètre rend compte des enquêtes conduites par l'IFOP pour le compte de Fiducial et réalisées par téléphone : du 29 janvier au 12 février 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 1 002 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés du 29 janvier au 6 février 2009 auprès d’un échantillon représentatif de 502 responsables d’établissements bancaires -
L’étude sur : http://www.fiducial.fr et http://www.ifop.com

Il ne fait nul doute que Madame Parisot va être "ulcérée" par les résultats de cette étude et qu'elle va convoquer immédiatement les banquiers adhérents au MEDEF et leur demander ... d'y penser ... avec application et déontologie, avant de s'attaquer à la résolution de la caisse noire de l'UIMM ... avec élégance !!!

1 commentaire:

romain blachier a dit…

Parisot est une extremiste