10 décembre 2009

CSA et chaînes parlementaires : Une inquiétante confusion des genres !

Doit-on parler de manipulation ou d'ingérence, lorsqu'on apprend qu'une partie de ceux qui sont responsables du sort, du contrôle et de l'avenir des medias télévisuels publics cumulent des fonctions qui peuvent les rendre juges et partie ?

Voila la question qui se pose après les nombreuses révélations sur les doubles caquettes de certains membres du CSA et même des présidents des chaînes parlementaires !

Souvenez-vous : Jusqu’à il y a peu, le Président de France Télévisions était nommé par le Président du CSA, lui-même nommé par le Président de la République. Désormais il sera nommé en conseil des ministres, qui approuvera le choix de ... l'Elysée

"Beaucoup s'inquiètent d'une télévision publique qui serait pilotée par l'exécutif et donc à la solde du Chef de l'Etat. Rappelons que le président de France Télévisions dirige les chaînes dans leur ensemble et que la ligne éditoriale d'un journal n'est pas dictée par le président de la chaîne mais par le responsable de l'information" écrivait, avec une évidente mauvaise foi, L'UMP de Fontenay sous Bois, lors de l'adoption de cette modification dans la procédure de nomination.

A condition, toutefois que le "responsable de l'information" ne soit pas le Président ... de la République lui même !

Nous avons pour preuve cette vidéo de juin 2008, qui a valut à Rue 89 des poursuites pour "vol, recel et contrefaçon" et à un technicien de France 3 d'être mis en examen le 19 novembre par une juge d'instruction parisienne. Cette mise en examen pour vol intervient dans l'enquête sur la diffusion sur internet de propos "off" de Nicolas Sarkozy.

En effet : "France 3 a déposé plainte le 8 juillet 2008 pour "vol, recel et contrefaçon" après la diffusion sur le Net d'une vidéo montrant le chef de l'Etat sur la chaîne publique avant un passage au journal "19/20" le 30 juin 2008. - Source France3

Outre des propos concernant "l'attitude" de certains personnels de la chaîne, on y entend clairement Nicolas Sarkozy demander sur un ton "badin" mais sans appel : "vous allez parler de Carcassonne" et le journaliste qui visiblement n'avait pas prévu de l'évoquer de répondre : " de toute façon on en parle ... / ... et à destination du plateau : "on parlera avec le Président de Carcassonne après"

Extraits de quelques propos que vous retrouverez sur la vidéo, trouvée sur le site de 20Minutes

"Quand on est invité, on a le droit qu'on vous dise bonjour, ou alors on n'est plus sur le service public. (...) Ca va changer" Ou bien encore "tu es resté combien de temps au placard ?" à l'adresse du journaliste Gérard Leclerc ( vidéo à 3'34)

Curieusement, celui qui a vécu le "placard" et affirmait en avoir souffert, devenait, fin mai 2009, Président de LCP AN, en lieu et place du candidat sortant, d'une manière étonnante

Il y avait quatre candidats en lice pour le poste : Richard Michel, le sortant, Ulysse Gosset, Gérard Leclerc et Dominique Martineau.

Renaud Revel, rédacteur en chef à L'Express, expliquait à l'époque sur son blog : "... / ... Par 8 contre voix 3, la dite commission s’était prononcée, en fin de semaine dernière, pour Richard Michel, dont elle souhaitait la reconduction. C’était sans compter sur l’Elysée et Nicolas Sarkozy qui avaient fait de Gérard Leclerc leur candidat. Message reçu pour Bernard Accoyer qui, s’asseyant allègrement sur l‘avis d’une commission devenue fantoche, a installé celui-là même qui avait reçu l’onction présidentielle ... / .. "

Néanmoins comme le faisait remarquer un internaute : "Richard Michel à, a l'epoque, été nommé EXACTEMENT de la meme façon: Les députés avaient choisis Jean-Luc Mano pour diriger LCP et Jean Louis Debré sur pression du Président de l'epoque, J Chirac avait désavoué la commission et nommé Richard Michel qu'elle avait rejeté"

Et oui, on est loin du discours de 2006 ou le candidat Sarkozy déclarait : "Je veux porter le changement. Je veux être celui qui démontre que l'on peut faire reculer les injustices en France" C'est la "rupture tranquille". - Source Le Figaro

Au moins sur le mot tranquille nous sommes d'accord ! quant à la rupture sur les méthodes ...

On pensait certainement, à l'Elysée avoir bien bouclé les affaires CSA et LCP AN. Or, ces derniers temps, le CSA et les deux chaînes parlementaires sont dans la tourmente pour cause de confusion des genre, comme nous l'explique le site Pure people

" ... / .. Il y a deux mois, le magazine lepoint.fr mettait en exergue un souci professionnel puisque Rachid Arhab et Françoise Laborde, membres du CSA depuis respectivement 2007 et 2009, étaient montrés du doigt. En effet, bien qu'ils soient désormais affiliés à l'institution du CSA, ils sont toujours officiellement rattachés à leur "ancien" employeur qu'est France Télévisions.

Le contrat de subordination n'est donc pas rompu mais seulement suspendu entre France Télévisions et les deux journalistes. Ce qui signifie qu'après leur mandat de six ans au sein du CSA (et la période de carence trois ans), les dits-journalistes peuvent retrouver leur poste, leur salaire et leur ancienneté. En outre, et c'est bien là le point important de la colère de la profession, cela signifie que Rachid Arhab et Françoise Laborde peuvent être amenés à voter et donner un avis sur leur employeur...

... / ... Les journalistes incriminés se sont défendus ... / ... pourtant, ce pugilat organisé était d'autant plus prévisible que leur consoeur Christine Kelly, ex-LCI, a quant à elle, démissionné de ses fonctions avant d'entrer au CSA ...

On aurait pu en rester là, mais :

" ... / ... Cette semaine, plusieurs rédacteurs en chef de magazines de télé signent un éditorial commun pour dénoncer une nouvelle fois le mélange des genres qui permet à deux membres de France Télévisions de siéger au CSA et de prendre, à ce titre, des décisions concernant celui qui reste leur employeur sur le papier, et ceci, en contradiction avec le code de déontologie de l'institution. Patrice Duhamel, DG de France Télévisions, vient de condamner implicitement cette pratique en annonçant que les détachements seraient désormais interdits dans le groupe des chaînes publiques. Cette décision n'étant pas rétroactive, elle ne s'applique pas aux personnes concernées ... / ... "

ça c'est une chose, mais, en ce qui concerne les deux présidents des chaînes parlementaires, on apprenait dans la foulée que :

"Les présidents des chaînes Public Sénat et LCP, Gilles et Gérard Leclerc n’ont pas démissionné de France 2 et de France 3. S’appuyant sur les subtilités d’une convention qui leur permet de conserver un pied au sein de ces chaînes, les deux journalistes travaillent donc aujourd’hui sous un double statut pour le moins insolite ... / ... Les présidents des deux assemblées, Sénat et Chambre des députés, Gérard Larcher et Bernard Accoyer, se sont saisis du dossier et devraient trancher cette question dans les prochains jours" - Source Blogs l'Express

Nous laisserons la conclusion à un internaute qui a commenté un des articles publié sur ces sujets : "Il n'y a que dans des sociétés publiques que l'on peut aller bosser ailleurs tout en gardant son ancien job au chaud"

Oui, mais à condition d'être dans les petits papiers du Président de la République ...

Crédit photo
Le Point

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