08 juin 2010

Santé au travail : La réforme "cercueil" de la médecine du travail

Salariés : Attention, une réforme peut en cacher une autre !

Si le "débat" sur la réforme des retraites cannibalise toute l'attention du public, il est une autre plus "confidentielle" qui est en train de se jouer en ce moment : La réforme de la médecine du travail.

Et pourtant, les deux sont un peu liés puisqu'on évoque, en ce moment, du côté des syndicats la notion de pénibilité et l'aptitude des salariés à travailler au delà d'un certain âge.

Alors que le nombre de maladies professionnelles a continué d'augmenter en 2008, reconnaissait Eric Woerth, le 11 mai 2010. Le ministre souhaite stabiliser ce chiffre d'ici 2014 avec le nouveau plan Santé au travail ... / ... Le bilan est en effet assez mauvais puisque : "Selon un bilan des conditions de travail 2009, plus de 45.000 maladies professionnelles ont été reconnues en 2008 par l'assurance maladie, contre 24.000 en 2006" - AFP/Google

C'est le MEDEF qui est à l'initiative de cette réforme. D'une façon un peu ... orientée.

En effet : " prenant prétexte d’une baisse du nombre de médecins, le Medef compte s’approprier de façon définitive la maîtrise de la santé dans l’entreprise" comme l'expliquait Raphael JORNET dans un article publié sur Agoravox

S'il "compte s'approprier la maîtrise de la santé dans l'entreprise", actuellement, la médecine du travail est une "chasse gardée" et une autre ..."caisse noire" du MEDEF

Et oui, contrairement à ce que beaucoup de français croient : " la médecine du travail ne fait pas partie du système national de protection sociale mais est une organisation autonome de droit privé placée sous le contrôle du ministère du Travail. Elle permet aux salariés du secteur privé de bénéficier d'une surveillance médicale du travail visant à leur éviter toute altération de la santé du fait de leur travail... / ... " - Source Journal du Net

Quant à son financement, on est loin d'avoir mis fin à son opacité !

" ... / ... Deux ans après notre première enquête sur la médecine du travail, qui expliquait comment l'argent de la santé des salariés finançait les comités locaux du patronat, la réforme promise par le gouvernement patine. Les cinq confédérations syndicales ont refusé de signer le texte proposé par le Medef. Pire : certains services de santé au travail servent toujours de « caisse noire » aux Medef territoriaux, dont ils paient les permanents et les structures ... / ... " Ecrit Rue89

Quel est le contenu de la réforme ?

" ... / ... Le gouvernement prépare une réforme qui annihilerait l’indépendance déjà difficile des médecins du travail. L’objectif de prévention des risques, assis sur les visites médicales régulières, reculerait au profit d’actions ne remettant pas en cause les choix de gestion des employeurs ... / ... " .

Or, il s'avère que cette réforme n'est qu'une sorte de copié/collé des propositions du MEDEF comme on peut le constater en lisant un document de 2009 publié par "Sauvons la médécine du travail"

Qu'en pensent les syndicats et collectifs de médecins du travail ?

" ... / ... Depuis des années, ils dénoncent le fait que les services de santé au travail sont placés sous une gouvernance patronale. Dans les grandes entreprises, le médecin est un salarié de la direction et souvent intégré au service des ressources humaines. Quant aux services interentreprises, ils sont également dirigés par des représentants d’employeurs ... / ... Alors que le Medef voulait ouvertement faire passer la fréquence des visites médicales de deux ans (depuis la réforme de 2004) à trois ans, le ministre procède de façon plus hypocrite : la périodicité est maintenue à deux ans, mais elle pourra être « modulée » pour les salariés « aux postes les moins contraignants ».

Entre-temps, les salariés pourraient avoir des entretiens avec des infirmières du travail. Le texte propose aussi de faire appel, à titre expérimental, à des médecins de ville pour assurer le suivi ... / ... Aujourd’hui que « les atteintes au travail ont pris une allure beaucoup plus individualisée, appelant des investigations cliniques fines », le gouvernement réoriente l’activité, comme par hasard, vers ce qu’il appelle « les actions collectives ». Autrement dit, espacer les visites médicales, et couper le lien avec les salariés, enlève aux médecins leur légitimité et leur capacité à dénoncer ... / " - Source L'Humanité

Que peut-on faire pour réagir contre cette "réforme" ?

1100 médecins, inspecteurs contrôleurs du travail et acteurs de santé au travail et de nombreuses personnalités ont mis en place une pétition/appel contre le projet gouvernemental et du MEDEF de mise à mort de l’authentique médecine du travail.

Cet appel qui a été déjà signé par lus de 20 000 personnes est disponible sur le site http://wp.non-mort-medecine-travail.net/?p=1

Extrait : "A l’heure de la sous déclaration massive des accidents du travail, de l’augmentation des maladies professionnelles et des suicides au travail (comme cela a été révélé à France Télécom) à l’heure de la hausse des accidents cardiaques et vasculaires liés au stress et à la souffrance au travail, à l’heure où dérivent les méthodes de management et leurs exigences dévorantes de productivité, faut-il affaiblir ou renforcer la médecine du travail ?

Après plus de vingt ans de dégradation continue de la santé au travail, nul ne nie qu’il y ait besoin d’une grande réforme pour la reconstruire. Mais les salariés, les syndicats, les professionnels des questions de santé au travail sont terriblement inquiétés par les orientations de la « réforme » annoncée de M. Darcos.
C’est un projet qui va dans le sens de celui du Medef auquel, pourtant, tous les syndicats de salariés se sont opposés unanimement en 2009.

Il propose carrément de violer le cadre de responsabilité du médecin du travail pour qu’il serve de bouclier protecteur à celui des employeurs
... / ... "

Voir les signataires
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C'est à vous de voir ... mais c'est de votre santé qu'il s'agit avant tout !


Bibliographie complète sur l'actualité de la médecine du travail
Evolution de la médecine du travail
Crédit et copyright images
Philippe Tastet
Gilles Rapaport

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