18 février 2011

Débat UMP sur l'islam : Une copie du FN de plus en plus fidèle à l'original ?

Aux dernières nouvelles, Nicolas Sarkozy s'il était candidat en 2012 n'aurait plus que 3% d'avance sur Marine Le Pen. Seule réponse de l'UMP aux abois, dégainer la "compatibilité de l'islam avec les lois laïques de la République"

Le dernier sondage Ifop pour France Soir, rendu public jeudi soir, a probablement plongé l'Elysée et l'UMP dans les affres. En effet, on y apprend que : " (...) Dans une configuration où Martine Aubry serait la candidate du Parti socialiste, la présidente du Front national recueillerait 20% des intentions de vote contre 22% pour le premier secrétaire du PS et 23% pour Nicolas Sarkozy (...) "

Ce résultat, de la très probable candidate du FN, confirme la percée observée en novembre et janvier derniers : " 12% en novembre et 16,5% en janvier (...) " - Yahoo/Reuters

On a peine, ces derniers temps, à se souvenir de l'engouement du Président de la République pour les religions.

En effet, que reste t-il du livre où il parlait : " (...) de la République, de la foi, de ses rencontres avec des figures spirituelles qui l'ont marqué, des convictions qu'il veut transmettre à ses enfants (..) Ou de Latran (20 déc. 07) où il déclamait : (...) J’appelle de mes vœux l’avènement d’une laïcité positive, c’est-à-dire d’une laïcité qui, tout en veillant à la liberté de penser, à celle de croire et de ne pas croire, ne considère pas que les religions sont un danger, mais plutôt un atout " - Laicité République

Oui, mais entre temps, les déclarations du FN concernant l'islam ont marqué les esprits à droite. Le 16/12/2010, on pouvait lire dans la Dépêche : " (...) Plus d'un sympathisant de l'UMP sur deux (54 %) approuve le parallèle établi par la vice-présidente du Front national entre les « prières de rue » des musulmans et l'Occupation (...) " Tout en indiquant que ces propos étaient condamnés par : " (...) une large majorité de Français (61 %), seuls 39 % les soutenant "

Ce qui permettait au très contestable député UMP du Nord Christian Vanneste d'affirmer : " (...) Tant qu'on aura un ennemi à droite, on perdra les élections ! (...) " Mais à défaut, comme le propose son collègue le maire de Montfermeil, Xavier Lemoine, de convaincre l'UMP, d'une : " (...) union de toutes les droites, y compris avec le FN (...) " - Le Figaro ... quoi de mieux que d'essayer d'utiliser le fond de commerce du FN ... sans afficher d'accord écrit avec lui !

C'est dans ce contexte que l'UMP a décidé de lancer sa grande offensive : " Jean-François Copé, secrétaire général de l'UMP, a annoncé pour avril un débat sur l'exercice des cultes en France, notamment l'islam, et sa compatibilité avec les lois laïques de la République (...) C'est un sujet très très difficile, très important, sur lequel nous allons solliciter de nombreuses personnalités civiles et religieuses et les Français qui seront très largement associés à ce débat (...) " - Libération

Et qui pensez-vous qui se réjouit de voir ce "débat" érigé en priorité nationale ?

Et bien la fille de celui qui déclarait : " Les Français préféreront toujours l'original à la copie " et qui a lancé, hilare : " La dernière fois que (Nicolas Sarkozy) a utilisé ça, c'était le débat sur l'identité nationale et le Front national a fait 15% aux régionales (...) Donc un petit effort encore M. Copé, un petit débat, un petit bla-bla sur l'islam, la laïcité, et je pense effectivement que nous pourrons terminer la présidentielle à 25% (...) " - Yahoo/Reuters

Mais justement que pensent les dirigeants du CFCM (Conseil français du culte musulman) officiellement créé et soutenu par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur ?

Mohammed Moussaoui, président du CFCM : " redoute que ce débat ne "dérape" sur une mise en cause de l'islam, comme celui sur l'identité nationale l'an dernier (...) "

Mais le point de vue le plus intéressant est celui du pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France (FPF) qui : " craint le pire" à propos de ce débat et juge "malsain" de "stigmatiser une seule religion, l'islam" (...) A propos des prières des musulmans dans la rue, le pasteur Baty considère qu'on se trompe de registre: "Si on veut les interdire, c'est au titre du trouble à l'ordre public, pas au titre de la laïcité, ou alors il faut aussi interdire les processions catholiques (...) " - AFP/Google

Il n'en reste pas moins que ce "débat" et surréaliste au moment où plus de 4,2 millions de français, sont privées d'emploi, où la création d'entreprise, auto entrepreneurs compris, s'essouffle, et chute de 10% au mois de janvier et où la situation des personnes âgées se dégrade en France et ce toutes religions confondues !

Mais lorsqu'on a montré son impuissance à régler les vrais problèmes des français, il reste toujours la démagogie et le populisme pour essayer garder le pouvoir !

Crédit photo
Editions du Cerf

2 commentaires:

vincent a dit…

Surréaliste, et dangeureux : on continue d'opposer les uns aux autres. J'croyais que dans un Etat laïc, la religion était une question privée. L'identité aussi. Et on nous crée un "ministère de l'identité nationale" - je n'en suis toujours pas revenu :)
Et l'identité régionale ?
Et l'identité professionnelle ?
Et l'identité européenne?
Et l'identité humaine?
...
il en manque des ministères !

Les Montagnards a dit…

Sarkozy, et derrière lui les médias dominants, oeuvrent sans relâche et en toute conscience à la montée du FN.
L'UMP peut compter, contrairement au PS, sur une base électorale solide et indéfectible. La stratégie est simple, dès lors que Sarkozy est quasiment assuré d'être au deuxième tour: Au mieux, Le Pen se retrouve contre lui, les français l'élisent à contrecoeur.
Au pire, il compte sur un report de voix largement en sa faveur.
Quand au PS, l'existence d'un FN fort lui permet d'éviter, comme il le fait depuis 20 ans, de se poser des questions sur son positionnement politique, et d'en appeler au vote utile.
D'autre part, les instituts de sondage utilisent des modèles de correction qui à mon sens ne correspondent plus à la réalité.
Pour ceux qui ne connaissent pas le principe: ces instituts "corrigent" les résultats en fonction des décalages qu'ils ont pu observer lors d'élections précédentes entre les intentions de vote et la réalité du vote.
Durant 20 ans, on a vu le FN obtenir plus aux élections que prévu.
Mais les dernières régionales ont montré que ces corrections de 5 à 6 points (!) ne sont plus d'actualité.
Je pense que le chiffre avancé aujourd'hui est très au-dessus de la réalité, mais comme il arrange tant de monde, il continue d'être largement diffusé et commenté, et jamais interrogé.