05 avril 2011

Emplois verts : Eldorado ou vaste couillonnade ?

Pour les plus optimistes, les emplois verts devraient représenter à terme de 600 à 650 000 emplois. Le tout est d'en définir le terme. Et surtout de savoir, vraiment, ce que sont les emplois verts !

Si on a beaucoup parlé (déliré diront certains) des emplois verts, durant le Grenelle de l'environnement, il faut dire que ces derniers temps, à part quelques idéologues et politiciens en mal de solutions pour l'emploi, le nombre de ceux qui nous expliquent que : l'ensemble des postes supprimés en France seront très largement compensés par la création d'emplois verts ... diminue à vue d'oeil !

Et pourtant rappellons-nous des chiffres lancés en janvier 2010 par Valérie Létard, alors secrétaire d'Etat au Développement durable qui considérait à l'époque que : « (...) 600.000 emplois était (...) une hypothèse basse (....) Il s'agit de faire en sorte que les 600.000 emplois verts identifiés par le Boston consulting group (BCG) sur 2009-2020 deviennent une réalité (...) »

Certes mais pour l'étudiant, le salarié ou le chômeur qui seraient intéressés par ce « gisement d'emploi » comme aiment à le répéter en boucle nos politiques : C'est quoi un emploi vert ?

Première difficulté : Trouver une définition ! Nous en avons trouvé deux qui, vous pourrez le constater, sont assez ...évasives !

Blog In Tree - L'actualité emploi, croissance et RH

« (...) Présent dans de nombreux secteurs de l’économie et à tous les niveaux de qualification, il tend à réduire la consommation d’énergie, minimiser les formes de pollution, et ce, tout en restant décent (...) Un conducteur de Bus propre rémunéré convenablement est-il « plus vert » qu’un ouvrier précaire chargé de recycler, sans protection, des métaux ? (...) »

Dictionnaire environnement

« (...) L’emploi vert regroupe les fonctions directement liées à l’environnement (protection de la nature, biodiversité, paysages, ...) et celles associées à la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE). Le secteur des énergies renouvelables est la locomotive de l’emploi vert (...) »

De façon plus prosaïque, Le Figaro avait dans son édition du 28 janvier 2010 , essayé de nous donner, une liste des filières créatrices d'emplois verts, à l'horizon 2020. Et Le Figaro de citer celles qui affichaient le plus grand enthousiaste en termes de recrutement

La filière bâtiment est la plus porteuse. A horizon de 2020, elle devrait créer 300 000 nouveaux emplois

La filière agriculture et forêts prévoit : 10 000 créations nettes d'emplois dont 7 600 pour l'agriculture biologique


La filière Construction électrique, électromécanique et réseaux prévoit une évolution linéaire des emplois sur une période 2010-2015 et la création de 225 000 emplois sur la période.

La filière Transports table sur : 100 000 emplois créés à l'horizon 2020, à partir d'une prévision de départs à la retraite de 92 000 salariés d'ici 2017

La filière Biodiversité et services écologiques programme : 30 000 professionnels en 2015 et 40 000 à l'horizon 2020 dans le secteur de la gestion, protection, valorisation et restauration de la biodiversité

La filière Raffinage, carburants et chimie verte programme : - 400 000 emplois directs créées dont 10 000 dans la raffinage, 126 000 dans le secteur des carburants et 250 000 en chimie pharmacie


La filière Biodiversité et services écologiques programme : 30 000 professionnels en 2015 et 40 000 à l'horizon 2020 dans le secteur de la gestion, protection, valorisation et restauration de la biodiversité


La filière Eau, assainissement, déchets, air (EADA) prévoit d'ici 2015 la création de 40 000 emplois. 70 à 80% de ces emplois correspondent à des niveaux de qualification VI, V avec une nette prédominance masculine (...) »

Oui, mais faisait remarquer le Conseil d’orientation pour l’emploi (COE) à la même date : « (...) la prévision de 600.000 créations d’emploi ne prendrait pas en compte les emplois détruits dans les secteurs de l’automobile ou de la sidérurgie par exemple. Selon la CFDT, le solde net de création d’emplois pour 2020 serait plus proche de 60.000 que de 600.000 (...) »

Et de plus, en se rendant sur la page que Pôle Emploi a consacré à ces métiers que peut-on constater ?

« (...) beaucoup de métiers ont simplement été labellisés « verts » : agent d’entretien des espaces verts, ingénieur des eaux et forêts, agent de déchetterie... Rien de nouveau, sauf le classement de ces emplois (...) » écrivait, à juste titre 20Minutes dans son édition du 8 juin 2010

Bon d'accord, mais si ce secteur est vraiment dynamique, les cabinets de recrutement et les candidats potentiels doivent s'en réjouir !

Laissons la parole à Nicolas Leroy, directeur de la division Ingénieurs et Techniciens du cabinet de recrutement Michael Page. Celui-ci a été interviewé par le site techniqueingenieur.fr, le 30 mars 2011

Extraits

Techniques de l’ingénieur : Quelles sont les perspectives d’emploi dans les énergies renouvelables ?

On constate un fort ralentissement par rapport à l’an dernier. Notamment en raison de la dépendance de la filière à l’État, qui décide de la soutenir, ou non (...) Les EnR constituent une filière très perfusée (...)

S’agit-il de créer des emplois ou d’adapter des métiers qui existent déjà ?

Il s’agit plus d’adapter des métiers qui existent déjà. Par exemple, un prospecteur foncier qui cherchait auparavant des terrains pour établir des carrières va désormais réfléchir à l’installation d’éoliennes (...)

Le Grenelle de l’Environnement a-t-il eu une influence sur le recrutement ?

Il s’agit surtout d’un effet d’annonce… Les demandes continuent d’affluer car l’activité était assez dynamique il y a deux ans. Mais aujourd’hui, le recrutement est nettement ralenti.

Donc, il y a eu un véritable changement ces derniers temps ?

Oui, on a eu deux années très dynamiques en termes de recrutement mais aujourd’hui, c’est l’expectative complète. Je ne dis pas que le marché s’écroule. Les gens s’arrêtent et regardent (...)

Les 600 000 emplois annoncés entre 2009 et 2020 par Jean-Louis Borloo sont surestimés selon vous ? Bien sûr. La réalité n’est pas celle-là.

Pensez-vous qu’un changement soit à prévoir ?
(...) Il y a un décalage entre ce qui a été annoncé et la réalité des faits. Ces métiers étaient recherchés il y a deux ans, mais depuis six mois ce n’est plus le cas. Il s’agit d’acteurs très jeunes, de structures qui peuvent difficilement se permettre de recruter par anticipation (...) » Intégralité de l'interview

En clair peu d'élus, et ce, dans des métiers hyperspécialisés ou, dont la fonction a été retoquée, un peu à la manière de la « femme de ménage » devenue « technicienne de surface ». Ainsi, plus de « cantonniers » mais des « agents d'entretien de la nature »

Néanmoins, les : Egoutiers, Agents de tri des déchets, Techniciens de désinfection, Désamianteurs, Agents de collecte des déchets, ... qui existent de puis bien longtemps, pourront tirer une légitime fierté de côtoyer, dans les métiers verts les : Animateurs d'écomusée, Animateurs d'initiation à la nature, Zoologiste de la recherche scientifique, Animateurs en hygiène sécurité environnement et autres Rudologues de l'industrie ! - Source Pôle Emploi

Alors, eldorado ou vaste couillonade ? Le débat reste ouvert pour 2012 et plus si affinité !

Crédit image
Qualit'ENR

1 commentaire:

HASSELMANN a dit…

Ce billet une nouvelle fois exhaustif et bien documenté colle avec l'actualité et le pitoyable programme PS.....avec les emplois jeunes!Il en est des emplois VERTS comme des emplois JEUNES, surtout si on les incrémentent dans es secteurs économiques "perfusés".
Les emplois" jeunes" sont encore plus pernicieux, dans la mesure ou ils rompent les solidarités .Quid d'emplois, pour jeunes seniors? Quid d'emplois pour meres célibataires?
Les solutions sont ailleurs, mais elles ne sont pas électoralement porteuses, et passent par des réformes iconoclates.