Dernière ligne droite pour Laurence Parisot avant de céder son siège de présidente du Medef. En forme de cadeau souvenir aux salariés, elle propose : « d'augmenter notre quantité de travail tout au long de la vie et tout au long de l'année ». Donc, travailler plus, sans la moindre garantie d'avoir le droit, un jour, à une retraite décente.
Dans quelques jours, Laurence Parisot va pouvoir passer plus de temps dans sa maison de Saint Barth et peut être un peu mieux justifier les 22 000 euro mensuels qu'elle se versait en tant que patronne de l'IFOP, en tant que : chargée de la veille stratégique de l'IFOP, le tout pour : « une demi-journée par semaine ». Néanmoins, cela ne semble pas suffisant pour apaiser le dépit qu'elle doit ressentir à l'idée de laisser sa place, alors qu'elle espérait bien rempiler pour un nouveau mandat.
Est ce ce dépit qui l'a poussée à commenter de façon vindicative le rapport de Yannick Moreau sur les retraites qui doit servir de base de négociation aux partenaires sociaux pour la énième « réforme » des retraites ?
Laurence Parisot : « A court terme, les leviers d'action envisagés [dans le rapport Moreau] sont une fois de plus des pistes fiscales, de hausse des cotisations des employeurs et des salariés. C'est inacceptable, inenvisageable, irresponsable. C'est faire comme si personne n'avait entendu parler de la chute de la compétitivité des entreprises françaises, du décrochage de l'économie et de la régression du pouvoir d'achat des salariés ( ...) La piste de l'âge et celle de la durée de cotisation sont considérées marginalement. Notre message sera celui du travail. Nous ne sortirons des difficultés qu'à condition d'augmenter notre quantité de travail tout au long de la vie et tout au long de l'année »
Les chômeurs actuels et futurs, de tous âges apprécieront !
Néanmoins, à y regarder de plus près, on constate que notre amie Laurence mélange allègrement les torchons et les serviettes. En effet, quel est le lien entre la durée légale du travail qu'elle n'a cessé de combattre en réclamant son abrogation, la compétitivité et l'avenir des régimes de retraites ?
Réponse : aucun. Si ce n'est une crise d'hystérie ultra libérale, due probablement à la frustration de ne pas avoir réussi à imposer aux salariés français des semaines de 48H00 payées au tarif de 35, licenciables à volonté et sans recours possible et, surtout, de ne pas avoir apporté aux banques et assureurs adhérents du Medef la rente de la retraite par capitalisation.
Analysons la situation par rapport à cette boulimie d'heures de travail réclamée par madame Parisot
Les carnets de commande des entreprises sont pleins à ce point qu'il soit nécessaire de faire travailler les salariés plus et plus longtemps ?
La réponse est non !
Les entreprises française relocalisent-elles au point qu'elles manquent de salariés ?
La réponse est non !
Les salariés sont-ils responsables d'une situation où les entreprises ont préféré ignorer l'innovation ou s'installer à l'étranger pour des raisons de normes sociales inexistantes ?
La réponse est non !
Les entreprises se battent-elles pour conserver à l'effectif les salariés de plus de 55 ans pour leur savoir-faire ?
La réponse est non !
Les entreprises recrutent-elles des chômeurs de plus de 55 ans ?
La réponse est non !
Dans ces conditions, comment exiger qu'on repousse la date de départ à la retraite. Et surtout pourquoi ?
Tout d'abord, par pure idéologie libérale. Ensuite, et surtout parce que le marché français de la capitalisation retraite est marginal. Il est clair qu'en allongeant et en déplaçant sans fin l'âge de départ à la retraite, les jeunes génération finiront par être demandeuses de plan retraites capitalisation leur permettant, de partir avant d'avoir obtenu le taux plein.
Ce qui, vous diront les économistes proches du patronat, sauvera définitivement notre système de retraites, puisqu'il ne versera quasiment plus que des pensions amputées par le fait que quasiment personne ne sera susceptible de cotiser au delà de 42, 43 ou 44 ans.
Conclusion de cette théorie fumeuse : Une paupérisation des retraités qui n'auront pas pu bénéficier d'un salaire décent pour épargner correctement sur un plan de capitalisation individuel. Or, lorsque l'INSSE indiquait que : 50% des salariés gagnent moins de 1675 euros, et que les ouvriers sont payés en moyenne 1583 euros, on prend toute la mesure du désastre à venir. D'autant qu'il n'y a aucune raison pour que le loyer, les dépenses de nourriture ou d'habillement, de transports ou de santé diminuent.
Certes mais les banques et les assureurs qui ont tous laissé des plumes dans la crise des subprimes ou la crise des dettes des états ont besoin d'argent frais investi sur le long terme. Et dans la mesure où les plans de capitalisation retraite rendraient captive l'épargne des français sur des durées de 30 à 40 ans, cela représenterait une formidable aubaine et ... de beaux bénéfices pour les actionnaires de ces fonds de pension à la française.
Alors, madame Parisot, arrêtez de vous servir de la compétitivité et de la régression du pouvoir d'achat pour justifier l'injustifiable en matière de retraites. A cause de la mondialisation, vous savez pertinemment que les emplois ne reviendront pas, à moins bien évidemment, que les salariés français acceptent d'être payés au tarif roumain, chinois ou Bengalis. Vous savez de toute façon que l'informatisation accrue des moyens de production réclamera toujours moins de personnel. Tout comme vous savez que le tout export initié par l'Allemagne prendra fin un jour faute d'acheteurs.
Expliquez plutôt aux salariés français que l'avenir de la retraite par répartition est probablement le cadet de vos soucis et que le rêve, partagé par de nombreux dirigeants de votre organisation patronale, d'éradiquer le programme du Conseil National de la Résistance reste un des objectifs prioritaires. Là au moins, vous serez crédible !
1 commentaire:
Lumineux comme dab !!!!!!!
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