Selon l'OCDE, la France doit inciter les seniors à travailler. Seul problème : 63,5% des Français âgés de 55 à 64 ans sont sans emploi. Ce qui n'empêche pas les employeurs de continuer de se séparer des plus âgés sans pour autant recruter des plus de 55 ans.
Grand spécialiste, s'il en est, du « YAKA - YFO », l'OCDE qui répète à l'envie qu'en France : « le turnover est faible et la protection des salariés en place, élevée » (en gros que nous ne partageons pas assez le temps de chômage), vient, écrit Le Monde, de faire des : « (...) recommandations explosives, dans un rapport rendu public jeudi 30 janvier. Intitulé « Vieillissement et politique de l'emploi : mieux travailler avec l'âge »
Qu'y a t-il d'explosif dans ces recommandations ?
L'OCDE dénonce tout d'abord les ruptures conventionnelles appliquées aux salariés les plus âgés. Il serait intéressant d'entendre Pierre Gattaz à ce sujet. En effet, c'est le Medef qui a lutté pour obtenir cette rupture conventionnelle.
Souvenez-vous de Laurence Parisot, la passionaria de cette nouvelle forme de licenciement : « La vie, la santé, l'amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? » déclarait-elle avec gourmandise !
Ainsi nous avons découvert : le concept de « séparabilité » justifié de la façon suivante par le Medef : « La rupture conventionnelle a permis de moderniser le marché du travail et la relation salarié-employeur en instaurant une « flexisécurité » à la française»
Or, précise l'OCDE : « (...) les ruptures conventionnelles représentent plus d'un quart des fins de CDI chez les 58-60 ans, contre 16 % pour l'ensemble des Français. Contrairement aux démissions, les ruptures conventionnelles permettent aux salariés de bénéficier de droits au chômage. Un système qui constitue dès lors des « préretraites déguisées » Et, nous ajouterons, surtout de transférer à l'UNEDIC la responsabilité de ces salariés !
Outre que cette affirmation est exacte, on pourra faire remarquer à l'OCDE que s'il semble tomber de l'arbre, n'importe quel salarié français avait compris la manœuvre patronale. Il est bien évident que lorsque le Medef demandait le report de l'âge légal à la retraite, il n'envisageait pas une seconde, de maintenir plus longtemps les salariés âgés dans l'emploi !
Et l'OCDE de proposer : « (...) de rendre « moins attractives » les ruptures conventionnelles en fin de carrière (...) » Ce avec quoi, comme la CGT, nous sommes parfaitement d'accord, puisque la rupture conventionnelle est devenue l'outil préféré des DRH pour éviter des plans sociaux autrement plus contraignants, notamment en termes de reclassement. Et surtout pousser dehors des salariés pour qui on envisage absolument pas des adaptations de postes ou de conditions de travail.
Nul doute que le Medef condamnera ces arguments de l'OCDE, mais appréciera par contre la partie consacrée aux chômeurs seniors.
L'OCDE déplore que : « (...) la durée d'indemnisation maximale des chômeurs de plus de 50 ans est de trois ans, contre deux pour le reste de la population. Une durée parmi les plus longues des pays membres de l'OCDE (...) »
Rien de surprenant de la part de l'OCDE qui pour habitude de choisir le moins disant social dans ses rapports. Et l'organisation d'ajouter : « (...) L'OCDE appelle syndicats et patronat, qui discutent actuellement des règles d'indemnisation des chômeurs, à « remettre en cause » cette « filière longue ». « Les dépenses dégagées pourraient ainsi être mieux utilisées pour accompagner les chômeurs âgés vers l'emploi (…) en renforçant les aides de retour à l'emploi des seniors »
Le rédacteur du présent billet, ancien chômeur de longue durée (3 ans), ne peut que manifester sa colère. Heureusement que les seniors disposent d'une durée de 3 ans d'indemnisation, surtout quand on sait comment sont accueillies leurs candidatures. Toutes les excuses sont bonnes pour ne embaucher les plus de 50 ans ! Dont certaines que les employeurs ou DRH n'osent pas exprimer à voix haute, mais appliquent sans le moindre remord.
Florilège de propos recueillis par l'auteur du billet
Les plus de 50 ans sont plus sujets que les autres aux maladies : Cet argument est aussi sordide que celui qui consiste à éliminer des femmes jeunes au fait qu'elles ont des enfants en bas âge ou qu'elles pourraient être enceintes. En gros un plus de 50 ans ça risque plus de pathologies lourdes qu'un jeune. C'est, nous l'ont affirmé des employeurs ou DRH, sous le sceau du secret un critère d'élimination fréquent.
Les plus de 50 ans ont des prétentions salariales trop importantes : C'est dommage pour les employeurs, mais jeune avec 20 ans d'expérience, ça n'existe pas encore. Et l'expérience, ça a un prix. Toutefois, essayez si vous êtes un senior au chômage de proposer de travailler au SMIC pour redémarrer, vous verrez vite que l'objection du salaire élevé n'était qu'une allégation mensongère.
Les plus de 50 ans ne maîtrisent pas les outils de communication modernes : C'est de moins en moins vrai ! En effet, l'utilisation des nouvelles technologies est de plus en plus répandue en entreprise et les 50 ans et plus les utilisent aussi bien à titre professionnel que personnel (ordinateurs, tablettes, smartphones). Par contre, le nombre de chefs d'entreprises françaises qui ne s'en servent pas au fait qu'ils : « n'ont beaucoup trop de travail pour aller se connecter sur le net ou taper un courrier classique ou un E-mail » est encore légion en France. En admettant que certains employés ne soient pas parfaitement familiers des nouveaux outils de communication, rien n'empêche de les former ! Encore une fois, il s'agit d'une allégation mensongère
Que viennent faire en ce cas les « aides au retour à l'emploi » des seniors proposées par l'OCDE ?
Doit-on verser une fois de plus des subsides aux employeurs pour qu'ils les recrutent ? Doit-on comme dans certains pays permettre aux entreprises de verser des salaires de 300 à 400 €, le complément étant à la charge de l'état et du contribuable ?
La vérité, c'est que les employeurs et leurs organisations syndicales ne veulent plus s'encombrer de salariés qu'ils considèrent comme trop âgés. Les seniors sont devenus l'une des premières variables d'ajustement des entreprises qu'elles soient en difficulté ou pas.
L'OCDE qui peut de temps en temps, ne pas être naïf (ou cynique) constate : (...) les salariés ne sont pas les seuls responsables du retard français en matière d'emploi des seniors. L'OCDE pointe notamment les réticences à embaucher des plus de 50 ans côté employeurs (...) Pour contrer cette tendance, les auteurs du rapport demandent que les entreprises soient davantage contrôlées et sanctionnées. Ils avancent l'idée « d'utiliser régulièrement la méthode des candidatures fictives pour identifier la suspicion de discrimination d'une entreprise particulière ». Une fois repérée, l'entreprise devrait faire elle-même la preuve qu'elle n'a pas de pratiques discriminantes (...) »
De bonnes idées qui devraient rester des vœux pieux, dans la mesure où, les organisations patronales s'opposeront à tout contrainte, lui préférant un énième ... code de bonne conduite qui n'engagera ... que ceux qui veulent bien y croire !.
Pour ce faire, en d'interpellation sur l'emploi de seniors, Pierre Gattaz le patron du Medef se fera fabriquer en urgence un pin's « J'aime les seniors en entreprise » qu'il pourra alterner avec celui sur lequel on peut lire « 1 million d'emplois». Facétieux non ? Que voulez-vous, on peut être patron et avoir de l'humour ...
Source et bibliographie
Crédit image
Allergique.org
4 commentaires:
ce billet résume tout à fait le cynisme des pratiques RH en France. Ces gens là veulent de la fléxibilité, de la souplesse alors qu'il n'y a pas plus intransigeant qu'eux. En décriptant leurs critères officieux de sélection, il faut avoir entre 27 et 45 ans, pas de famille ( c'est encombrant vous savez), pas trop d'exigences sur les conditions salariales et de travail. Moi, je veux bien être souple mais qu'ils commencent par l'être eux mêmes.
Très pertinent...
J'aime bien le style qu'a utilisé le rédacteur.
Qui est le rédacteur de cet article ? Coup de chapeau... Il est rare d'en trouver les plus éloquent.
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