Obliger les salariés à partir de plus en plus tard à la retraite en pénalisant fortement ceux qui se contenteraient de l'âge légal. Voila la proposition du Medef qui en fin de compte ne souhaite qu'une chose, lasser les salariés pour les transformer en clients des fonds de pension.
Noam Chomsky le grand linguiste américain expliquait : comment détruire un service public ? : "Commencez par baisser son financement. Il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront. Ils voudront autre chose ..." C'est en s'appuyant sur cette logique que le Medef et quelques uns de ses économistes affidés veulent susciter la lassitude des salariés pour les pousser dans les bras des bancassureurs
Noam Chomsky le grand linguiste américain expliquait : comment détruire un service public ? : "Commencez par baisser son financement. Il ne fonctionnera plus. Les gens s’énerveront. Ils voudront autre chose ..." C'est en s'appuyant sur cette logique que le Medef et quelques uns de ses économistes affidés veulent susciter la lassitude des salariés pour les pousser dans les bras des bancassureurs
Nous avons pour preuve, récente, l'interview que Claude Tendil a donné au journal Les Echos le 29 mars dernier
Qui est Claude Tendil ? C'est le vice-président du Medef en charge du social et c'est surtout, selon le site de l'assureur Generali France le : "... Président du Conseil d’Administration de Generali Iard" Mais aussi : " ... administrateur de Generali France, Generali Vie, Generali IARD, Europ Assistance Holding, Scor et Eramet" donc un spécialiste de l'épargne individuelle à mille lieues des systèmes redistributifs.
Claude Tendil donne dans l'interview accordée au Echos sa vision qui est donc celle du Medef, de l'âge de départ à la retraite. Extraits : "... Partout chez nos voisins, l'âge de départ se situe autour de 65 ans, voire 67 ans. Nous devons donc inciter les assurés à partir plus tard que l'âge légal, comme nous l'avons fait avec notre accord à l'Agirc-Arrco. Il faudra mettre en place une nouvelle décote suffisamment forte pour que les gens soient incités à partir vers un âge garantissant l'équilibre du système. Et cet « âge d'équilibre » peut être déterminé en fonction de l'évolution de l'espérance de vie, des paramètres économiques, etc."
En fait, rendre l'accès à la retraite de plus en plus difficile avec des perspectives de variation à la baisse des revenus des futurs retraités. Cauchemardesque non ?
Il est bien évident que le Medef sait que vieillir dans l'emploi est de plus en plus difficile puisque les seniors sont ceux qui ont le plus de difficultés à retrouver un emploi. Surtout en ce qui concerne les chômeurs de 50 à 64 ans particulièrement touchés par le chômage de longue durée.
Si toutes les entreprises ne licencient pas forcément les seniors, bon nombre ont eu recours aux ruptures conventionnelles qui n'était en fait que des préretraites déguisées et payées par l'UNEDIC. Ce à quoi il faut ajouter la toute nouvelle rupture conventionnelle collective utilisée par PSA : "... 900 congés seniors, qui permettent à des salariés proches de la retraite de partir plus tôt tout en conservant 70% de leur salaire ..." et qui est promise à un "bel" avenir. C'est donc dans ce contexte que Claude Tendil propose d'allonger à perte de vue le départ à la retraite.
La proposition de monsieur Tendil est un leurre astucieux. Il s'en explique dans la suite de l'interview : "... Les salariés du privé doivent avoir accès à des systèmes de capitalisation avec sortie en rente équivalents à ceux dont bénéficient les indépendants, les agriculteurs et les fonctionnaires. Nous voulons de l'équité. Introduire de la capitalisation serait favorable à la fois pour les salariés, les retraités et pour l'économie française, car la constitution d'une épargne de long terme permet de faire des choix d'investissement structurants. Cependant, qu'elle soit individuelle ou collective, il faut que la capitalisation soit facultative ..."
La dernière phrase de monsieur Tendil est habile car, proposer, comme l'avait fait Laurence Parisot une capitalisation obligatoire donne lieu à un rejet immédiat. En proposant l'option facultative, on passe la "patate chaude" au gouvernement et à sa majorité. Car, plusieurs députés de La République En Marche travaillent actuellement sur la réorientation de l'épargne des français et un projet de loi sur les retraites doit voir le jour en 2019. PJL qui pourrait prendre en compte : "l’âge de départ et de l’espérance de vie moyenne de la génération de l’assuré". Donc, pour l'instant, tout semble raccord entre le Medef et le gouvernement. Reste à savoir si le facultatif ne pourrait pas devenir obligatoire ...
Et qui serait sur les rangs pour collecter cette épargne facultative ou obligatoire de très longue durée qui pourrait dans certains cas durer 30 ou 40 ans ? Un simple regard sur la liste des membres du conseil exécutif du Medef suffira à vous édifier.
Fédération Bancaire Française
groupe BNP Paribas
Fédération Française de l’Assurance
et bien entendu : Generali France
Quelle épargne, les français dont le salaire moyen est de 2250 € pourraient-ils consacrer à ce type de "retraite" ? Que se passera t-il lorsque le chômage ne permettra pas d'alimenter son épargne retraite ? Et pour finir, qui peut avoir l'impudence de prédire le rendement de tels plans d'épargne retraite sur des durées aussi longues alors que nous traversons régulièrement des crises ou krachs boursiers ?
Résumons-nous. Dans une telle approche de la retraite, il est clair que cotiser environ 50 ans pour une retraite qui pourra diminuer au fil du temps pousserait les salariés à se tourner vers la capitalisation. Or, seuls ceux qui disposent de revenus confortables pourront se constituer (comme c'est déjà le cas aujourd'hui) un complément de revenus conséquent.
Les gagnants d'une telle approche ? vous les connaissez, bien entendu. Ce sont les banques et les compagnies d'assurances qui imaginent la formidable rente que représenteraient les frais de gestion et les revenus des placements de ce gigantesque pactole. Une raison s'il en fallait d'être particulièrement vigilants lors des propositions du gouvernement en 2019.
Crédit et copyright image
Faujour
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