02 février 2024

Emploi des seniors : entre l'enclume patronale et le marteau gouvernemental

Les négociations entre partenaires sociaux sous le contrôle du gouvernement concernant l'emploi des seniors se précisent. Pris entre un patronat réticent et peu motivé et un gouvernement adepte des sanctions les salariés seniors ont de quoi s'inquiéter.

Elle semble bien lointaine et pourtant si proche, l'époque où gouvernement et organisations patronales juraient la main sur le cœur vouloir sauver le système de retraite en reportant l'âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans. Les organisations d'employeurs, en parfaites hypocrites, expliquaient, après en avoir abusé, que les licenciements ou ruptures conventionnelles à quelques encablures de la retraite n'avaient plus lieu d'être. Du côté du gouvernement, Bruno Le Maire, déclarait qu'il était scandaleux de se priver de l'expérience des salariés âgés. En résumé, on allait voir ce qu'on allait voir !


 Où en est-on ?

Plusieurs médias, dont Le Figaro, nous expliquent que les négociations rentrent dans le dur. Or, ces négociations intégreront, notamment, la question de l'indemnisation des seniors au chômage, laissée en suspens par les partenaires sociaux dans leur accord sur l'assurance chômage. Et c'est sur ce point que le gouvernement envisage de frapper les seniors.

Capital rappelle la position de Bruno Le Maire soutenue par le gouvernement et les élus Renaissance. «  … Le Locataire de Bercy vise notamment un «avantage» accordé aux seniors en matière de chômage : les plus de 55 ans bénéficient d’une durée maximale d’indemnisation plus longue (27 mois, soit 822 jours calendaires) que les autres demandeurs d’emploi (18 mois, soit 548 jours calendaires pour les moins de 53 ans, ou 22,5 mois, soit 685 jours calendaires, pour les allocataires âgés de 53 à 54 ans). L’idée du ministre serait de réduire cette durée à 18 mois pour tous les demandeurs d’emploi, quel que soit leur âge ... »

Massacre en vue, car cette mesure ne serait assortie d'aucune contrainte ou sanction pour les entreprises ne jouant pas le jeu alors que celles-ci, continuent à discriminer les salariés âgés. Il suffit de lire le site Décideur Magazine pour s'en rendre compte

« Actuellement, de nombreux obstacles demeurent pour réintégrer les seniors sur le marché de l’emploi … une étude OpinionWay pour le cabinet Grant Alexander du 12 octobre 2023 met en avant le fait que deux DRH sur trois reconnaissent avoir déjà écarté d’emblée des candidats seniors et deux managers sur trois disent avoir reçu de leur direction des consignes leur recommandant de privilégier des candidats jeunes … 69% des répondants à l’enquête disent redouter que les seniors comprennent mal les attentes des jeunes recrues, 65% craignent qu’ils ne s’adaptent pas bien à leurs processus de travail et 63% appréhendent qu’ils soient rétifs aux nouvelles technologies ... » Ce constat est d'autant plus grave que le terme seniors commence à être utilisé dans certaines entreprises à partir de 45 ans.

Que proposent les organisations patronales ?

Si à la CPME on espère obtenir un effet d'aubaine au travers d'un CDI seniors qui serait assorti d'une baisse des cotisations sociales, le MEDEF lui, se fait plus discret nous dit Capital. Proposant un entretien obligatoire de mi-carrière (après 45 ans). En ce qui concerne l'index senior qui n'était assorti d'aucune contrainte pour les employeurs, les organisations patronales continuent de s'y opposer.

Si les syndicats de salariés émettent plusieurs idées comme la formation, des bilans de compétence ou l'aménagement des fins de carrière, on sent l'imminence de la catastrophe. Car, le gouvernement cherche avant tout à faire des économies. De leur côté les organisations patronales qui sont comme chez eux à l’Élysée, à Matignon et à Bercy peuvent dormir tranquille.

Quant aux seniors, le calvaire pourrait très vite commencer notamment si la durée d'indemnisation du chômage était réduite comme le souhaite Bruno Le Maire.

Que deviendront ceux qui vont perdre ou ont déjà perdu leur emploi ?

Une première réponse a été apportée par le Premier Ministre au travers de la suppression de l'ASS qui va mener 300 000 personnes en fin de droits directement au RSA leur supprimant au passage leurs droits à acquérir des trimestres pour le calcul de leur retraite.

Pitoyable direz vous et c'est le cas. Mais depuis 2017, le discours du Président de la République et de ses gouvernements reste le même : malheur à ceux qui ne sont pas des « premiers de cordée » ...

 

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