28 novembre 2008

Crise économique et chômage : Les bonnes recettes du Sénat

A force de chercher des formules et idées en provenance des agences de communication, il se trouve un moment où le mots, même les plus jolis ne suffisent plus. Le gouvernement est obligé de reconnaître que le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à l'ANPE en catégorie 1 a augmenté de 2,4% (soit +46.900 personnes) en octobre par rapport à septembre et de 4,4% sur un an.

On peut trouver le détail des chiffres sur le site de l'INSEE qui propose plusieurs analyses (voir ci-dessous)

Chiffres officiels : Date de mise à jour : octobre 2008
Transitions emploi-chômage entre T-1 et T
Chômage de longue durée selon la catégorie socioprofessionnelle
Taux de chômage par tranche d'âge
Proportion de personnes au chômage de longue durée parmi les chômeurs
Répartition des chômeurs selon les circonstances de recherche d'emploi
Taux de chômage par catégorie socioprofessionnelle
Taux de chômage des immigrés selon le sexe et l'âge
Nombre de chômeurs et taux de chômage

C'est tellement grave que Laurent Wauquiez n'a trouvé que ... Paris Match, pour évoquer le spectre de la perte d'emploi et le retour d'un chômage de masse.

Paris Match. Les chiffres du chômage sont attendus cette semaine. Quelle est la tendance ?

Laurent Wauquiez. Elle est très mauvaise. La dégradation est nette, proche de celle du mois d’août, qui avait enregistré 42 200 chômeurs supplémentaires. Il faut ­répéter la vérité aux Français : nous entrons dans une période difficile qui peut durer un an. C’est une raison supplémentaire pour agir encore plus vite que prévu pour faire les réformes : plus de contrats d’accompagnement, plus d’emplois dits “verts”, plus de services à la ­personne...

Citigroup, la première banque américaine, annonce 53 000 suppressions d’emplois dans la foulée de la crise des subprimes. Doit-on s’attendre à des diminutions d’effectifs de même ampleur dans la banque française ?

Nos banques sont nettement plus diversifiées que leurs consœurs américaines. Il n’y a donc aucun signe d’alerte, aucun risque, chez elles, de plans de licenciements massifs. On peut être serein sur ce front-là. Cela dit, si Nicolas Sarkozy n’avait pas dégainé avec un plan d’aide (remboursable) de 320 milliards d’euros, je dis aux beaux esprits qui l’ont critiqué qu’il ­aurait pu y avoir de la casse.

Dans l’automobile, la casse a commencé massivement chez les constructeurs et leurs sous-­traitants. Que comptez-vous faire ?

C’est de loin le secteur qui me préoccupe le plus. Il était déjà un peu fragile. La crise ne l’a pas arrangé. Or, il pèse autour de 7 à 11 % de l’emploi en France, soit 2 millions de salariés. D’ores et déjà, nous aidons les sous-traitants à se ­reconvertir dans les technologies ­propres et les voitures propres. Chez Renault, dont l’Etat est actionnaire et où il y a urgence, nous nous sommes engagés à accompagner les chômeurs à temps partiel au travers de formations professionnelles avec un complément de salaire.

Que dites-vous aux patrons qui profitent de la crise pour ­licencier un peu trop vite ou pour ­déloca­liser ?

Si nous avons la preuve qu’un chef d’entreprise profite de l’alibi de la crise pour licencier, on tapera. Par ailleurs, si une entreprise qui réalise des bénéfices importants annonce des délocalisations, on fera tout soit pour limiter les dégâts en imposant des obligations de reclassement, soit pour les en ­empêcher en refusant leur plan. ... / ...

L’Etat va-t-il suspendre les plans de ­réduction d’effec­tifs dans la fonction ­publique ?

Il faut assainir l’Etat pour qu’il coûte moins cher aux contribuables. Ce n’est pas parce qu’il y a crise qu’il faut faire valser l’anse du panier - Source Paris Match

Tout cela est bien beau, et surtout incantatoire puisque le MEDEF a annoncé son opposition à toute obligation ou contrainte. Mais ceux qui ont regardé l'émission "ça vous regarde" hier soir sur LCP AN(ou y ont participé, comme Slovar) ont pu comprendre comment les députés et sénateurs de l'UMP envisagent de gérer le problème du chômage des seniors.

L'objet du débat : Le 18 novembre, la majorité sénatoriale a donné son feu vert à l'article du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2009, donnant la possibilité à tout salarié du secteur privé de travailler jusqu'à 70 ans, et ce à partir de 2010. L’opposition a voté contre, fustigeant une atteinte au droit à la retraite sur la base d’un pseudo volontariat, tandis que François Chérèque, secrétaire général de la CFDT, a estimé que le Gouvernement « jouait avec le feu » sur les dossiers sociaux.

Début novembre, l’Assemblée nationale avait déjà amendé l’article, proposé par le député UMP de Moselle Denis Jacquat, laissant « la possibilité aux salariés qui le souhaitent de prolonger leur activité au-delà de 65 ans sous réserve d’en avoir préalablement manifesté l’intention auprès de leur employeur et dans la limite de cinq années ».

Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, je leur recommande les interventions d'Alain GEST député UMP particulièrement satisfait de lui et de cet amendement. Amendement, il faut le noter, au débat sur le budget de la sécu voté de surcroît à 23H00.

Monsieur GEST qui ne répond JAMAIS lorsqu'on lui parle du problème de l'emploi des plus de 50 ans dans les entreprises de 20 personnes et moins (qui représentent pourtant 97% du parc) et évoque des mesures de "contraintes" pour celle de plus de 500 personnes !!!

Monsieur GEST qui trouve particulièrement judicieux de voir des retraités de 70 ans reprendre un travail pour compléter une pension trop faible.

Un exploit de plus de nos parlementaires et notamment du Sénat qui cherche systématiquement à se distinguer dans le démantèlement idéologique de tout ce qu'on pu obtenir les salariés depuis 1981. Si l'objectif est de revenir en 1967, on peut dire que les parlementaires de la majorité font un travail de démolition rapide et convaincant !!!

Mais ne soyons pas trop dur avec nos Sénateurs puisque leur Président Gérard Larcher et ses trois questeurs ont déposé un amendement au projet de budget 2009 (partie crédits) pour ramener à zéro la progression du budget du Sénat initialement fixée à 1,39%. Source l'Express

"L'amendement Larcher a pour objet de réduire la dotation du Sénat de 4,554 millions d'euros, pour ramener son taux de progression à 0%", précise la présidence du Sénat dans un communiqué. La dotation du Sénat avait été initialement fixée à 332,248 millions d'euros, avec un taux de progression de 1,39% ... / ...

Le sénateur des Yvelines s'est enfin engagé à présenter une gestion "transparente" et "un schéma complet des procédures de contrôle" lors du bureau du Sénat du 16 décembre. Les français vont attendre attentivement de voir si cet amendement sera aussi facilement adopté que celui sur l'emploi jusqu'à 70 ans ou la fiscalisation des indemnités journalières des accidents du travail

Gérard Larcher ayant déclaré : " Dans ces temps difficiles qui exigent des efforts de tous les Français et de l'Etat, il est du devoir du Sénat de se doter d'une gestion plus économe et de travailler efficacement à moindre coût" Ce qui signifierait que le Sénat devrait se contenter de reconduire le montant de 2008 soit : 340 millions d'€

Devant tant de bonne volonté et de solidarité avec les français qui souffrent, nous aimerions toutefois rappeler à nos lecteurs que :

Le Sénat dispose de trois caisses dont une seule seulement est soumise au contrôle de la Cour des comptes. Il disposerait donc de près de 1,49 milliard d’euros de budget qui permettrait à la fois de financer les personnels mais surtout le régime autonome de retraite des sénateurs. En effet, ce système repose à la fois sur les cotisations et sur la capitalisation. Le Sénat prétend que ce recours aux caisses permettrait de faire des économies à l’Etat. Mais, en regardant de près la répartition des cotisations, on se rend compte que ces caisses de retraite du Sénat ne financent que la moitié de la totalité du montant. Ainsi, sur les 24,3 millions d'euros de pensions attribués aux sénateurs en 2007, 13,1 millions d’euros provient de ces caisses et 3,3 millions sont issus des cotisations sénatoriales. Il reste donc encore 7,9 millions d’euros qui sont eux financés par l’Etat. Source Politique.net

Les français apprécieront que le Sénat dans ces conditions puisse "se contenter" de 340 millions d'€ et ait l'intention de "Présenter une gestion "transparente" et "un schéma complet des procédures de contrôle".

Décidément nos Sénateur ont de l'humour et ... une assez belle dose de cynisme.

Crédit et copyright dessin
Bauer/Webmatin
Crédit Video
LCP AN

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut s'attendre à une vague de radiations massives, pour non acceptation "d'offres raisonnables".

Au fait voir ici une offre raisonnable parue il y a quelque jours:
http://www.dazibaoueb.fr/article.php?art=971

Anonyme a dit…

marrant comme on tente de faire passer pour des "réformes modernes" ce qui n'est que recul social