12 août 2010

Le mythe de la "réindustrialisation" face à une génération privée d'avenir !

Occulté volontairement par l'Elysée et sa majorité présidentielle au profit des thèmes sécuritaires, le débat sur l'avenir industriel du pays piétine. C'est d'autant plus navrant qu'il n'existe quasiment aucune solution pour reconvertir les licenciés ou proposer un avenir aux jeunes générations.

Les politiques qui nous gouvernent, ont validé et défendu les thèses du libre échange et de l'ouverture des marchés. Or, ceux-ci se retournent contre eux ... et les salariés. Le constat est simple : les emplois industriels partis ailleurs, ne reviendront pas !

La mondialisation "heureuse" a permis aux industriels de déplacer leurs centres de production dans l'Union européenne au gré de ses élargissements à de nouveaux pays (ce qui n'est pas considéré comme une délocalisation). Puis vers la Chine qui représente aujourd'hui, de par ses coûts de production et son régime militaro policier, un havre de paix capitalistique pour les industriels du monde entier.

Contrairement aux allégations du gouvernement et de sa majorité, les "nouveaux" emplois de service ne peuvent pallier à la désindustrialisation et sont le plus souvent synonymes de petits boulots très mal rémunérés et ... de précarité pour les salariés.

Le gouvernement et ses soutiens, le savent et craignent que les français ne les sanctionnent pour incapacité, lors des prochaines élections !

C'est pourquoi, le Président qui ne cesse de répéter que qu'il : "croit aux usines, c'est son truc " essaye ces derniers temps de faire croire aux français que l'état dispose de moyens "infaillibles", pour faire revenir de façon durable, les entreprises qui ont délocalisé leur production, hors de l'hexagone.

L'un des moyens "infaillibles" porte le joli nom de "relocalisation"

Le première tentative a été la "très médiatique" tentative de Laurent Wauquiez qui se proposait de "relocaliser" les centres d'appels.

Effet de manche visiblement car, comme l'expliquait Laureline Dupont dans Marianne2 : "Alors que Laurent Wauquiez vient d'annoncer l'organisation d'«Assises des centres d'appels» afin de lutter contre la délocalisation outre-Méditerranée de ces plateformes téléphoniques, SFR persiste et signe en annonçant l'implantation d'un nouveau centre d'appel en Algérie ... / ... " et comme nous l'évoquions sur Slovar les Nouvelles, la Tunisie et le Maroc ont, très vite, fait savoir au gouvernement français qu'une action de relocalisation serait très mal venue, pour l'avenir des échanges économiques, avec la France !

La dernière tentative en cours est celle de Chritian Estrosi qui : " a décidé mercredi d'attribuer une première aide publique de 6,48 millions d'euros à la fonderie Loiselet, située à Nogent-le-Roi (Eure-et-Loir), pour l'aider à relocaliser en France une partie de sa production ... / ... " Nous explique Le Point

Loiselet, une entreprise familiale qui fabrique des pièces de fonte diverses, prévoit de rapatrier près de Dreux (Eure-et-Loir) la fabrication de produits actuellement faits en Chine et en Inde.

De quelle façon se présente cette aide ?

" ... / ... Il s'agit d'une "aide remboursable de 6,48 millions d'euros pour un projet qui représente un investissement de plus de 12 millions d'euros"

Pour combien d'emplois ?

Cette aide : "devrait permettre la création d'une centaine d'emplois d'ici à trois ans"

Bien maigre direz-vous ! Et quels sont les objectifs que se fixe Christian Estrosi ?

" ... / ... L'objectif est de soutenir une quarantaine de projets au total et la création de 2.000 emplois ... / .... Les entreprises susceptibles de recevoir ces aides doivent compter moins de 5.000 employés et projeter un investissement d'au moins 5 millions d'euros, créant ... 25 emplois ... / ... "

Vous avez bien lu : 25 emplois !

Néanmoins, le toujours enthousiaste : " ... / ... Nicolas Sarkozy avait fixé comme objectif l'augmentation de 25% en volume de la production industrielle française d'ici 2015 et la pérennisation de l'emploi industriel sur le long terme ... / ... " - Le Point

Bien loin du côté pitoyable des chiffres annoncés, pointe une réalité qu'aucun discours ou campagne de communication ne peut occulter : Le chômage des moins de 25 ans !

C'est le BIT qui tire la sonnette d'alarme : " Le chômage des jeunes, qui a atteint l'année dernière un niveau record dans le monde, avec 81 millions de personnes âgées de 15 à 24 ans sans emploi, risque de créer une «génération perdue», a averti jeudi le Bureau international du travail (BIT) ... / ... " - Source 20Minutes

Et en France ?

Le Parisien en parlait en mars 2010 " ... / ... Fin 2009, un quart des jeunes ayant terminé ou quitté les études était au chômage (25,3%, contre environ 20% lors de la récession de 1993-94 et 5 à 6% après le premier choc pétrolier), selon un chiffre provisoire Insee ... / ... Il atteignait ainsi en ZUS 18,8% au troisième trimestre 2009 contre 9,1% au plan national ... / ... Ce qui représenterait près de 50% pour les jeunes, un chiffre digne du tiers-monde ... / ... "

Le chômage masculin, étant plus élevé que le féminin, nos experts proposaient une solution inédite : Parmi les solutions avancées : une mixité qui permettrait d'orienter les hommes vers des métiers féminins (aide à domicile, assistante maternelle)"

Face à la gravité du problème, vous avouerez, qu'une action qui consiste à verser des aides aux : " entreprises qui doivent compter moins de 5.000 employés et projeter un investissement d'au moins 5 millions d'euros, créant ... 25 emplois" est au choix : Naïve, indécente ou ... cynique !

Crédit photo
Chateauroux photos

3 commentaires:

Géraud Legros Geoffroy a dit…

Excellent article, Jean-Claude.

Sébastien.M a dit…

A la hauteur des compétences des ministres et leur utilisation des fonds publics

Le Courrier Industriel a dit…

Avec une perte nette moyenne de 80 000 emplois par an dans le secteur industriel (depuis 2001), il faudra donc trouver 3200 projets* de 25 emplois.

Les états généraux de l'industrie ne sont là que pour faire patienter l'électeur...

* = lol