04 février 2011

Censure publicitaire : Le retour du puritanisme sélectif ?

Interdire la diffusion d'une publicité dépend d'organismes d'état qui peuvent être saisis par des groupements ou des individus. La dernière en date concerne celle d'un parfum. Sauvegarde de la jeunesse ou puritanisme excessif ?

L'Advertising Standards Authority britannique, équivalent de notre Autorité de régulation professionnelle de la publicité, vient d'interdire un clip publicitaire pour un parfum d'Yves Saint Laurent, au fait que : " (...) A un moment de la publicité, l’actrice fait glisser son doigt sur son bras, ce que certaines personnes ont apparemment apparenté à une prise de drogue (..) " et pourtant, à première vue, pas de quoi casser quatre pattes à un canard !

Bien que professionnel du marketing, je déteste les publicitaires qui aiment flirter avec le mauvais goût ou la vulgarité. A vrai dire, je me sens plus proche du collectif RAP (Résistance à l'agression publicitaire) que de Jacques Séguéla, prototype même de ces professionnels qui sont persuadés d'avoir élevé la provocation et l'outrance au rang ... d'art .

Autre prototype : Oliviero Toscani, le photographe de l'agence Eldorado qui s'occupait de la publicité pour la marque Benetton.

Si celui-ci déclarait : " Je ne suis pas là pour vendre des pull-overs, mais pour promouvoir une image. La publicité Benetton attire l'attention du public sur des thèmes universels comme l'intégration raciale, la protection de l'environnement, le sida " Comment peux t-on prétendre "faire de l'art" avec des affiches représentant : " le sidéen David Kirby mourant devant sa famille à son chevet, un guérillero africain portant une Kalachnikov et un fémur, un bateau grouillant d'Albanais, des réfugiés africains, une voiture flambant détruite par la mafia, une famille pleurant la dépouille ensanglantée d'un mafieux, deux indiens pris dans une inondation de Calcutta"

Si chacun de nous est capable de faire l'impasse sur ces "chef d'oeuvre", il n'en est pas de même en ce qui concerne les enfants. Et même si nul ne trouve à redire en France, sur les heures de publicités agroalimentaires, diffusés pendant les émissions enfantines, il faut bien de temps en temps que l'autorité de régulation tape du poing sur la table pour mettre un frein à la "créativité" des agences.

En France, c'est l' Autorité de régulation professionnelle de la publicité ARPP (anciennement Bureau de vérification de la publicité) En ce moment elle s'occupe, entre autre, de traiter les plaintes concernant : "la campagne publicitaire « L’épopée de l’énergie » de la société AREVA". Elle intervient aussi, pour interdire la diffusion de publicités franchement déplacées comme le clip Sprite !

En Grande Bretagne, c'est l'Advertising Standards Authority ASA, qui s'en charge. Et qui à la requête de treize personnes s'étant plaintes, vient d'interdire la diffusion de la publicité télévisée pour un parfum d'Yves Saint Laurent, Belle d'Opium.

Pour quelles raisons ?

" (...) A un moment de la publicité, l’actrice fait glisser son doigt sur son bras, ce que certaines personnes ont apparemment apparenté à une prise de drogue. L’ASA a déclaré : " Nous avons estimé que les gestes de la femme simulaient la prise de drogue. Nous avons donc conclu qu'il était irresponsable et inacceptable de la diffuser (...) " - Adobuzz


C'est la deuxième fois que l'ASA promulgue cette interdiction, puisque quelques mois plus tôt elle avait : " pris la responsabilité de censurer un spot qui mettait en vedette Beyoncé Knowles" suite aux plaintes de quatorze personnes qui jugeaient le clip "choquant à l’extrême"

Commentaire de l'ASA : " Nous considérons que les mouvements de corps de Beyoncé, ainsi que ceux de la caméra qui s'attarde sur son corps, créent une provocation sexuelle qui est inappropriée au jeune public, même si la vidéo ne contient pas d'images sexuelles à proprement parler et que la chanteuse n'apparaît pas nue "



A vous de vous faire une idée.

Mais, à l'heure où les chaînes d'information en continu déversent, 24H00 sur 24, des images ultra violentes de populations, décimées par des inondations ou autres tremblements de terres. Et où, n'importe quel gamin prépubère peut passer sa journée à : " jouer sur sa console à la dernière version du jeu de guerre Call of duty : Black ops, dont le but est de tuer le maximum de terroristes avec une gamme très large de fusils, pistolets, mitrailleuses, bazookas, grenades, couteaux avec plein de sang qui gicle partout" - Voici

On est franchement en droit de s'interroger sur les choix des gens qui sont censés surveiller et réguler ce qui est dangereux en termes d'éthique et de morale pour les jeunes générations !

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