09 février 2012

Chômage des seniors : Plus gros échec de la politique de l'emploi du gouvernement !

Il est bien loin le temps où le gouvernement envisageait de punir les entreprises qui n'embaucheraient pas de seniors. En 2012, dixit le directeur marketing de Pôle Emploi : « Sortir du chômage quand on a plus de 50 ans est très difficile »

Si la situation n'était pas si grave, on pourrait sourire à la lecture de cet extrait de Libération daté du 21/04/2008 : « Une entreprise qui n'embaucherait pas assez de seniors serait punie par un « malus », c'est à dire une pénalité financière ou une hausse des cotisations chômage. A l'inverse les bons élèves bénéficieront de bonus. Selon La Tribune, c'est une des pistes pour l'emploi des seniors élaborées par Xavier Bertrand, ministre du travail et son secrétaire d'Etat à l'emploi, Laurent Wauquiez. Le gouvernement réfléchirait aussi à la mise en place de quotas. Une entreprise serait obligée d'embaucher au moins 5% de plus de 55 ans. Objectif affiché: faire travailler les chômeurs seniors et même les retraités (...) »

Cette stratégie destinée à justifier le report de l'âge de la retraite est en train de se retourner contre le gouvernement, et surtout contre toute une partie de la population qui, après avoir donné les meilleures années de sa vie au travail, se voit traitée comme des parias !

La dernière initiative de Xavier Bertrand sur le sujet remonte à hier. Le ministre du travail et du chooooomaaage, participait avec Jacques Kossowski, député maire de Courbevoie et secrétaire national de l’UMP en charge de l’emploi des seniors, à une table ronde dans le cadre de la première journée nationale pour l’emploi des Seniors.

Devaient y être évoquées, les attentes des demandeurs d’emploi senior. Le communiqué du site Bitwin, partenaire de l'opération indiquant que : « (...) Cette rencontre permettra également aux différents acteurs, qu’ils soient chercheurs, employeurs ou partenaires sociaux d’échanger autour de leurs convictions et initiatives, ainsi que des leviers à actionner pour faire avancer la question de l’emploi des seniors (...) »

Bon, ça c'est pour la communication des dernières semaines de mandat présidentiel, mais qu'en est-il vraiment de l'efficacité du gouvernement sur le chômage des seniors ?

Sylvain Grevedon spécialiste de l'emploi des seniors au Cabinet Mercuri Urval est formel : « Retrouver un CDI est quasi impossible ».

La Tribune qui l'a interviewé, donne des chiffres qui parlent eux-mêmes : « (...) on commence à être considéré comme un salarié trop âgé à 52 ans (...) leur taux d'emploi, autour de 40%, est toujours inférieur à la moyenne européenne (...) leur taux de chômage a explosé ces dernières années et le marché de l'emploi leur reste toujours aussi hostile (...) Les experts s’accordent à dire que les employeurs ont privilégié le maintien dans l’emploi de leurs salariés au détriment du recrutement de nouveaux seniors (...) Si le nombre de demandeurs d’emploi a progressé de 5,6% en 2011, celui des plus de 50 ans a explosé de 15,5%. Ils sont désormais 872.000 à être inscrits à Pôle emploi » Et Sylvain Grevedon d'exprimer son pessimisme : « (...) sur leur chance de retrouver un travail, excepté pour des profils pointus dans des secteurs en situation de pénurie (...) »

Que propose Jacques Kossowski, le secrétaire national de l’UMP en charge de l’emploi des seniors ? Accrochez-vous !

Il « (...) estime qu'à partir d'un certain âge, le bilan d'étape professionnel doit être un réflexe, comme pour le bilan de santé après 40 ans. Passé ce cap, tout salarié est plus vulnérable au chômage. La meilleure façon de s'en prémunir, c'est de faire le point sur son employabilité comme on fait le point sur sa santé (...) »

Au delà de la sensation de cautère sur une jambe de bois, nous attirons votre attention sur le fait que la solution proposée par le monsieur emploi senior de l'UMP, est exactement ce que reproche Sylvain Grevedon aux actions réalisées, jusqu'à présent : « (...) les employeurs ont privilégié le maintien dans l’emploi de leurs salariés au détriment du recrutement de nouveaux seniors (...) »

Jacques Kossowski, milite également : « (...) pour que les seniors soient reçus par des conseillers d’un âge équivalent histoire d’éviter le décalage générationnel (...) » Ce qui serait plus agréable pour leur annoncer la fin de leurs droits ?

Mais la solution de l'UMP et du « président toujours pas candidat mais qui ne va pas tarder à l'être » n'est-elle pas de faire disparaître le problème en ayant recours à un : référendum sur les obligations des chômeurs ? L'idée, serait de demander aux français si les chômeurs ont le droit de refuser un emploi ou une formation !

Ce qui ressemble étonnamment à l'offre raisonnable d'emploi qui a été votée par les députés de la majorité, en même temps que ... la suppression progressive d'ici 2012 de la dispense de recherche d'emploi (DRE) dont pouvaient bénéficier les chômeurs âgés de plus de 57,5 ans.

La seule différence, cette fois-ci, c'est que le « président courageux qui protège » transférerait aux français la responsabilité de décider si la chasse aux chômeurs est ouverte.

Ceci dit, les français, dont les seniors au chômage, ont rendez-vous dans moins de 3 mois pour un référendum d'un tout autre genre ! A la question : « approuvez-vous le bilan de l'emploi du gouvernement ? » Il est de moins en moins certain que les français répondent oui et souhaitent en reprendre pour cinq ans !



Crédit et copyright photo
Europe1

3 commentaires:

cpolitic a dit…

Concrètement, point par point, ils ont fait quoi en 5 ans?

Anonyme a dit…

licenciée pour fermeture du centre d'appels dans lequel je travaillais en 2008, je suis agée de 55 ans et aujourd'hui à l'ASS, soit environ 460 euros par mois. J'ai encore 4 enfants à charge, deux d'entre eux encore au collège et deux autres agés de 20 et 22 ans respectivement. Pensez-vous vraiment que je préfère rester au chomage? Comment peut-on croire que l'on puisse se complaire dans cette situation?

Anonyme a dit…

c'est un véritable parcours du combattant que celui d'un senior au chômage, Alain Silver 54 ans en témoignage dans son livre "54 ans chômeur et toujours vivant"
témoignage grinçant sur la difficulté à survivre quand on commence à vieillir et que l’on n’a plus sa place sur le marché du travail. Son récit pourra paraître caricatural et les personnages sortis tout droit d’une bande dessinée, pourtant il est basé exclusivement sur des faits réels. Ce regard personnel et amusé, dans un style un peu acide et caustique, met à nu les non-dits de notre époque, les nouveaux rituels du monde du travail, le fonctionnement ubuesque de Pôle emploi et les arnaques des profiteurs qui gravitent autour.