La Fédération bancaire française vient de lancer une opération de lobbying contre l'engagement de François Hollande de doubler le plafond du Livret A en faveur du logement social . Il faut dire que cette mesure pénaliserait surtout leurs autres produits d'épargne !
Dans ses 60 engagements de son projet, François Hollande indiquait : « (...) J’agirai pour que soient construits au cours du quinquennat 2,5 millions de logements intermédiaires, sociaux et étudiants, soit 300 000 de plus que lors du quinquennat précédent, dont 150000 logements très sociaux, grâce au doublement du plafond du livret A (...) » Proposition 22
Ce que concède ... mais conteste la Fédération Française Bancaire : « l'organisme qui rassemble toutes les entreprises bancaires en France » en clair : le lobby bancaire français !
Quels sont les reproches de la Fédération Française Bancaire à cette mesure ?
Tout d'abord que : « Le doublement du plafond du Livret A est une mesure inadaptée » Et pourquoi donc ?
D'après un de leurs communiqués : « Le problème du logement social ne relève pas d'une insuffisance de financement - ce qu'une augmentation du plafond du Livret A chercherait à corriger - mais tient davantage de la rareté du foncier, des prix élevés et de la capacité à construire (...) »
Par ailleurs : « (...) Le doublement du plafond du Livret A représentera un coût supplémentaire pour les finances publiques (...) Les Français vont transférer de l'épargne qui est aujourd'hui fiscalisée sur un produit qui ne l'est pas (...) »
Et comme l'écrit Politis : « Pour conclure son communiqué, le patronat bancaire de la FBF n’a pas hésité à adopter un ton très gauchiste » En effet, la Fédération Française Bancaire n'hésite pas à écrire : « Le doublement du plafond du Livret A avantage les épargnants les plus aisés. En effet, le Livret A ne compte qu'une minorité seulement de détenteurs ayant atteint le plafond de 15300 euros (...) »
On notera aussi une attaque en règle de François Pérol patron du groupe bancaire BPCE. Pérol qui rappelons le est un ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée, nommé par Nicolas Sarkozy, directeur de la deuxième banque de France, issue de la fusion entre les Caisses d'Epargne et les Banques Populaires. Alors que la BPCE est historiquement un des plus gros collecteurs d'épargne de Livret A.
Or, l'argument sur la raretée du foncier est fallacieux dans la mesure où comme le rappelle Jean-Baptiste Eyraud, de l'Association Droit au Logement (DAL) : « (...) Il a d'abord beaucoup de friches urbaines aux alentours des grandes agglomérations (...) ensuite, François Hollande s'est engagé à livrer des terrains qui appartiennent à l'Etat pour construire des logements sociaux (...) En outre, l'argent du livret A ne sert pas qu'à construire, il permet aussi aux organismes HLM d'acheter des immeubles et de les transformer en logements sociaux (...) »
Ce à quoi Jean-Philippe Gasparotto, le secrétaire général de la CGT Caisse des dépôts ajoute : « (...) Les prêts au logement social financés par le livret A, sont également destinés à la réhabilitation des bâtiments, et notamment à leur réhabilitation thermique (...) »
Mais, soyons sérieux deux minutes. Qu'est ce qui dérange vraiment les banques françaises dans la proposition du Président de la République ?
C'est Politis qui nous donne la version la plus simple et la plus concrète : « (...) la mesure de François Hollande (...) aurait aussi pour effet de réduire les dépôts bancaires et les bénéfices tirés d’une épargne logée dans des fonds, dont les assurances vie (...) Même si elles disposent d’une partie de l’épargne du Livret A (35 à 40 %, environ 40 milliards sans contrepartie et utilisée à des fins spéculatives) et du LDD, les banques seraient ainsi privées d’une partie de leurs ressources, tandis que les assureurs pourraient être déstabilisés par une baisse de leurs encours d’assurance-vie (...) L’enjeu est donc important pour le lobby bancaire et des compagnies d’assurance, de plus opposé au retour à la centralisation de cette gigantesque épargne gérée la Caisse des dépôts (...) le gouverneur de la Banque de France et président de l’Autorité de contrôle prudentiel, Christian Noyer (...) soutient l’idée que le logement n’a pas de problème de financement. Le même gouverneur avait préconisé de ne pas relever le taux de rémunération du Livret A ni du Livret de développement durable en février, alors que l’évolution des prix à la consommation aurait dû le faire grimper à 2,5 %. On voit de quel côté se situe les recommandations de Christian Noyer, lequel préfère soutenir les marchés financiers (...) »
Politis qui conclue par : « (...) Peu importe que plus de 10 millions de personnes éprouvent de graves difficultés à faire face aux dépenses de logement et craignent de le perdre, qu’elles soient accédantes ou locataires (...) »
Effectivement, pour la Fédération Bancaire Française, peu importe ...
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1 commentaire:
Aux banques, aux multinationales et aux privilégiés, les profits !Aux autres, les sacrifices ! C'est le menu ultralibéral et ça, on connaît ! Pour ce qui concerne les banques, je n'attends pas d'elles qu'elles fassent autre chose que du lobbying pour leur propre compte, mais j'attends de nos nouveaux gouvernants qu'ils décident et agissent pour l'intérêt général. Que chacun soit à sa place, ça nous changera de cinq ans de politique et de politiciens au service des plus riches.
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