17 décembre 2012

Les belles légendes du Medef : Travailler plus longtemps pour préserver le régime de retraite !

Laurence Parisot s'en prend à nouveau à l'âge de départ à la retraite. Alors que les 50-64 ans ne sont qu'environ 44 % à être encore dans l'emploi, Elle réclame le passage de 62 à 63 ans ! Mais cette attaque est un leurre puisque l'objectif est de rendre de plus en plus difficile le départ à la retraite de ceux qui ne pourront pas avoir recours à la capitalisation individuelle !

En termes d'âge de départ à la retraite, Laurence Parisot ne désarme pas. Après avoir hurlé de bonheur lorsque François Fillon s'était prononcé pour un départ à 67 ans et essayé d'imposer une partie de capitalisation obligatoire aux salariés, devenus caducs par la défaite de la droite à la présidentielle et aux législatives, elle remonte au créneau pour exiger que les salariés français travaillent une année de plus que l'âge légal actuel.

Quels sont ses arguments ?

Ils nous sont livrés par Reuters : " La France doit repousser au moins à 63 ans l'âge minimum de départ en retraite afin de financer les pensions, a estimé dimanche la présidente du Medef Laurence Parisot. La réforme menée sous le mandat Sarkozy qui a porté de 60 à 62 ans l'âge minimum et à 65 ans l'âge requis pour bénéficier d'une pension à taux plein quelle que soit la durée de cotisations est insuffisante (...) Nous disions déjà en 2010 qu'il faudrait au moins 63 ans, et je le redis aujourd'hui. Il faudra à nouveau repousser l'âge légal de départ à la retraite, allonger la durée de cotisations (...) Est-ce que nous, en France, on peut être les seuls à rester à 62 ans, alors que nos voisins espagnols, italiens, anglais allemands, sont suivant les cas entre 65 et 67 ans? Non, ce n'est pas possible (...) "

On rapellera pour mémoire à madame Parisot que :

En Allemagne : La réforme de 2007 fait passer l’âge d’obtention d’une pension complète de 65 ans et un mois en 2012 à 67 en 2031 (...) L’âge minimum de départ reste, lui, fixé à 63 ans - sous réserve de 35 années de cotisation. Mais de fortes décotes sont prévues pour les travailleurs qui souhaitent liquider leur pension à cet âge (...) "

Espagne : " (...) La durée de cotisation nécessaire à une retraite à taux plein est de 35 ans dans la plupart des cas (...) Les professions dites "à grand danger", comme les mineurs, les cheminots ou les marins peuvent profiter de départs anticipé dès 60 ans. L'Espagne propose également des départs à 61 ans aux salariés mutualistes, aux licenciés économiques et aux chômeurs de longue durée qui peuvent faire valoir 30 ans de cotisation (...) En juillet 2011, le Parlement espagnol a adopté une loi qui définit l'âge de la retraite à 65 ans. Si le salarié a cotisé 35 ans, il pourra toucher sa retraite à 100% (...) "

Italie : " Les Italiens doivent désormais verser entre 40 et 42 annuités pour les hommes et 41 pour les femmes avant de partir en retraite. A partir de 2018, hommes et les femmes partiront en retraite à 66 ans. Cet âge légal sera, par la suite retardé en fonction de l'évolution de l'espérance de vie "

Royaume-Uni : (...) Depuis 2007, Il faut seulement trente ans de cotisation pour bénéficier de la (minuscule) retraite d'État de base (116 euros par semaine). Mais, avec la réforme engagée, à savoir un départ à 68 ans à l'horizon 2046, une pension à taux plein nécessitera, de fait, quarante-quatre ans de cotisation pour les hommes et trente-neuf pour les femmes. Actuellement, les retraites anticipées sont monnaie courante : depuis 2006, un salarié peut liquider sa retraite complémentaire (seconde pension d'Etat ou fonds de pension privé) dès 50 ans, c'est-à-dire avant même de pouvoir percevoir sa retraite de base. - Source : Myeurop

Donc, à part l'italie dont les durées de cotisation se rapprochent des nôtres, la démonstration de Laurence Parisot est comme à l'habitude tronquée !

On rappellera également à la patronne du Medef qu'en France : " Les seniors voient leur taux de chômage augmenter, comme d’habitude, plus que la moyenne,  de 1,9 % en un mois, de 17,6% en un an (pour la France métropolitaine, catégorie A) " écrivait Michel Abhervé le 27 novembre dernier. Par ailleurs : " (...) Fin août 2012, le nombre de demandeurs d'emploi seniors (autrement dit, âgés de 50 ans et plus) s'élevait à 946 300 chômeurs seniors pour les catégories A, B, C (...) "  indiquait l'association Grenadine

Ce qui signifie que reporter d'un an l'âge légal de la retraite ne ferait qu'allonger la file des chômeurs seniors à Pôle Emploi.

Mais revenons en au système britannique, cité par Laurence Parisot, et qui nous le pensons, est un modèle absolu en ce qui la concerne. En effet, un système de retraite qui assure moins de 500 € par mois pousse la totalité des salariés à souscrire un plan privé de retraite. Et c'est d'ailleurs le but. 

Ce qui fait qu'un salarié bien rémunéré peut se constituer une épargne retraite individuelle sur 20 à 30 ans et prendre sa retraite à partir de 50 ans sans tenir compte du minimum retraite assuré par l'état. Pour ceux dont les revenus sont faibles ou aléatoires, il faut trimer longtemps pour que le cumul de la pension d'état et de sa pension privée permette de survivre. A condition, bien entendu que les placements des fonds de pensions donnent d'excellents résultats. Faute de quoi ...

Ne nous y trompons pas, l'avenir du système de retraite français est bien la dernière préoccupation de madame Parisot. Son combat est tout autre, puisqu'il consiste à rendre l'accès à la retraite le plus difficile possible pour que les salariés acceptent de cotiser individuellement à des fonds de pension ou d'investissements comme en Grande Bretagne ou aux Etats-Unis. 

Pour quelle raison ?

Tout simplement, comme nous l'avons expliqué à de nombreuses reprises parce que la Fédération française des sociétés d'assurances dirigée par Bernard Spitz et la Fédération Bancaire Française dirigée par Ariane Obolensky sont tous deux adhérents au Medef et lorgnent avec insistance sur le magot que représenterait la mise en place de fonds pensions à la française. Ajoutons à cela que madame Parisot est administrateur de la BNP.

En fait, les coups de boutoirs successifs du Medef contre le système social français n'ont qu'un but : Assurer une rente aux établissements bancaires et aux compagnies d'assurances. Pour la grande majorité des salariés dont le salaire moyen n'atteint pas 2000 € par mois, ce serait tout simplement catastrophique. Car, au delà de leur capacité à épargner pour se constituer une retraite, ils seraient livrés pieds et poings liés aux performances des marchés financiers pendant de très longues durées sans le moindre engagement de performances.

Pas certain que ça permette aux français de disposer d'une retraite, mais certain que dans certains milieux patronaux on doit allumer tous les jours des cierges pour que le miracle de la rente se produise un de ces jours. Si ça vous tente ....


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3 commentaires:

Unknown a dit…

si ont parle des prestation vieillesses, je suggère quand premier lieu un plafonnement maxi que pensez vous vers 2 simc ? madame Pariso

divorcer a dit…

Seulement, passé 50 ans il est très difficile voir impossible d’évoluer dans sa carrière professionnelle et de bénéficier d’une formation. Retrouver un emploi alors que l’on se retrouve au chômage, est quasiment impossible. Alors, travailler plus longtemps pour préserver notre système de retraite ? Nous le voulons tous, encore faut-il le pouvoir.

Grand-Langue a dit…

Pourquoi comparer les gens de divers pays? C'est une question économique, une affaire de calculs. Des spécialistes peuvent prévoir le nombre d'années de cotisations pour assurer une retraite raisonnable à un peuple.

Faut seulement éviter l'endettement excessif, autrement, faudra travailler longtemps.

Grand-Langue