11 mars 2009

Larmes de Ministres contre les licenciements : Larmes de crocodiles !!!

Souvenez-vous : Le gouvernement dopé par les discours de campagne de son Président n'avaient que la valeur travail à la bouche. Le Président paradait à l'université d'été du MEDEF en annonçant la mort des 35H00 et le retour du pouvoir d'achat.

L'époque était à fustiger les salariés "quasi oisifs" et à lancer un train de mesures stakhanovistes comme : Le cumul emploi retraite, l'allongement de la durée de cotisation, les "formidables" heures supplémentaires, l'extension du travail du dimanche. Le tout ponctué de textes législatifs destinés à réduire le code du travail à la portion congrue.

L'adoption de la séparation à l'amiable entre l'employeur et le salarié étant un chef d'oeuvre d'hypocrisie puisque carrément écrit par les juristes du MEDEF.

Quelques discours sur la mobilité, la flexibilité et le bonheur de la mondialisation appliqués au monde du travail plus tard, pour nos altesses, il est temps de chanter un autre refrain !!!

La construction de l'Europe et son credo (validé par tous les élus UMP) de libre concurrence et de libre circulation des capitaux a permis à de plus en plus d'entreprises de jouer à saute frontière sans aucun problème puisqu'il n'y a ... plus de frontière économique.

Nos libéraux de profession, relayés par notre Président et sa majorité nous ayant expliqué que pour donner du pouvoir d'achat il était nécessaire de faire baisser les prix et par voie de conséquence de profiter des pays de l'Union ayant les conditions sociales les plus extrêmes et les salaires les plus bas, il est logique que les usines soient parties pour ces nouveaux eldorados sans idée de retour.

Seulement, crise économique oblige et surtout, l'envie de conserver sa place dans les palais de la république étant impérative, nos ministres se lancent dans des déclarations enflammées avec forces sanglots dans la voix sur les très nombreux licenciements, fermetures, et délocalisations que connaît notre pays.

Ainsi, Laurent Wauquiez qui a déclaré, concernant les licenciements chez TOTAL : "en cette période de crise, beaucoup d'entreprises sont dans des situations dures, ne font plus de bénéfices, ont des chiffres d'affaires dégradés, et font pour autant tous les efforts possibles pour garder leurs salariés, notamment dans les PME. Qu'un groupe comme Total qui fait plusieurs milliards de bénéfice ne soit pas capable dans cette période d'avoir un comportement exemplaire en terme d'emplois me reste en travers de la gorge" - Enviro

Luc Chatel se devait de dire quelque chose : "Je comprends que, dans le contexte actuel, ça choque, surtout si on met face à face 555 suppressions de postes et 14 milliards de profits annoncés", a commenté M. Chatel lors du compte-rendu du conseil des ministres. "C'est une annonce particulièrement maladroite, malvenue dans le contexte actuel". Mais "la réalité n'est pas aussi simple que ce raccourci" a nuancé le secrétaire d'Etat à l'Industrie"- AP/Yahoo

Comme la bouteille à moitié pleine ou à moitié vide, nos ministres considèrent que la situation est à moitié scandaleuse ou à moitié bénéfique. Probablement pour se rattraper, Luc Chatel s'est "ému" du sort des salariés de Continental

"Le fabriquant de pneus Continental a annoncé mercredi la fermeture du site de production de Clairoix (Oise), qui emploie 1.120 salariés. Le porte-parole du gouvernement français Luc Chatel, informé par voie de presse, a rappelé avoir rencontré les dirigeants du groupe. Il a affirmé leur avoir dit que "si le groupe persistait dans sa volonté d'une restructuration, il aurait à justifier devant les tribunaux de la raison, de la motivation de tels licenciements, surtout dans une période où le groupe Continental a annoncé en 2008 des résultats positifs dans sa branche pneumatiques" - AP/ Yahoo

"Retenez-nous ou on fait un malheur ? " Ces apitoiements et ces postures de lutteurs de foire pourraient être comiques si on ne parlait pas de femmes et d'hommes dont le futur ne s'écrit plus, en termes d'emplois.

La réalité est plus simple : Ni Monsieur Chatel, ni Monsieur Wauquiez n'ont le moindre pouvoir sur les entreprises et leurs stratégies. L'Etat qui se veut de plus en plus régalien ne peut que donner ou supprimer des subventions. Le rôle de l'état aujourd'hui, coupé du monde économique, se résume à sabrer dans les dépenses sociales et pondre des réglementations sur le mode de vie des populations.

Ceux qui détiennent les leviers de la vie économique, ce sont les dirigeants des organisations d'employeurs comme le MEDEF et dans une moindre proportion la CGPME. Et ce sont eux qui dictent à nos élus et à des millions de français leur futur.

Des preuves de l'incapacité du pouvoir à résoudre nos problèmes ?

Les dernières déclarations de Laurence Parisot : "... / ... La crise, ce n'est pas la mort" ... / ... "Ce que la crise actuelle signe, c'est la faillite de l'administration Bush" ... / ... alors qu'elle répondait à une question sur la "faillite du système libéral". Elle s'est en revanche montrée mitigée sur l'action de l'Etat. "Le gouvernement n'a pas suffisamment pris la mesure du nombre de faillites prévisibles au premier semestre 2009. Il va y avoir, je crains, des catastrophes en chaîne", a-t-elle déclaré ... / ..." "A cause du poids des charges sociales et fiscales, les entreprises françaises [...] sont entrées dans la crise plus faibles et plus fragiles que leurs voisins" européens, a-t-elle accusé. "Nous avons les charges les plus élevées au monde. Mais personne ne veut nous croire ... / ... " - La Tribune

- Les plans sociaux comme tout le monde le sait sont le fait des charges sociales et certainement pas du système libéral qui devenu fou s'est auto détruit.
- Les licenciements boursiers ou par anticipation n'existent pas ?
- Les entreprises du CAC40 qui sont toutes membres du MEDEF n'ont-elles jamais utilisé leur trésorerie pour "jouer" ou spéculer sur les marchés ?
- Les banques dont madame Ariane OBOLENSKY, Directrice Générale de la Fédération bancaire française et Présidente du Comité exécutif de la Fédération bancaire européenne et vice présidente du MEDEF n'ont-elles aucune reponsabilité dans la crise financière ?

Réponse et colère de nos ministres ?

Alors que notre Président avançait une répartition en trois tiers des résultats des entreprises, Laurence Parisot déclarait lors de son dernier point presse mensuel : " ... / ...Tout d’abord, nous pensons qu’il y a une sorte de confusion intellectuelle sur ce débat. Le travail est rémunéré par le salaire, le capital est rémunéré par le dividende ... / ... Seul l’actionnaire peut décider du montant des dividendes. C’est son droit, ce droit est attaché au droit de propriété ... / ...

Pour enchaîner par ce plaidoyer magnifique sur le rôle de l'état dans la négociation sociale
: "Je terminerais en vous disant que nous sommes ouverts à toutes les discussions mais nous recommandons que cela puisse se passer sous la forme d’une Délibération sociale. ... / .... Mais nous considérons que s’il doit y avoir une Délibération sociale, avec les syndicats, celle-ci doit porter sur des enjeux qualitatifs et non pas quantitatifs. Par exemple, nous considérons qu’il serait très utile engager une Délibération sociale modernisation du marché du travail 2. Dans cette Délibération, nous pourrions aborder des sujets tout à fait utiles pour faire face à la situation actuelle, qui sont surtout des sujets d’organisation, d’optimisation des fonctionnements ... / ... " - source Medef

Cause toujours mon joli Nicolas !!!

En ce qui concerne les licenciements, la seule solution est de les rendre encore plus rapides comme elle l'expliquait sur M6 : "Le Medef, qui a proposé aux syndicats de discuter d'une nouvelle étape de "modernisation du marché du travail", souhaite en particulier que les licenciements économiques ne traînent pas en longueur, a exposé sa présidente Laurence Parisot sur M6 ce lundi 2 mars. "Il faut sécuriser certaines formes de licenciement", a jugé Laurence Parisot dans l'émission Capital, en citant notamment "le licenciement économique"."

Quid des colères et coups de mentons de nos ministres ?

Le MEDEF souhaite faire croire à la délibération avec les syndicats de salariés alors que celles-ci affirment que le MEDEF refuse toute négociation. Cette mystification n'a pour but de de gagner du temps et de faire comprendre aux pouvoirs public que l'arbitre c'est le MEDEF !!!

Un dernier exemple ?

Lorsque le gouvernement et les parlementaires discutent de laïcité et de séparation entre religion et vie publique, le MEDEF International lui, a des préoccupations d'un autre genre. Il organise des séminaires dont nous vous donnons ci-dessous un exemple : " Mode d’emploi de la finance islamique, une nouvelle source de financement pour les entreprises françaises », séminaire organisé en partenariat avec le cabinet Clifford Chance et d’autres experts, Présidé et animé par Madame Ariane OBOLENSKY, Directrice Générale de la Fédération bancaire française, Présidente du Comité exécutif de la Fédération bancaire européenne, et Vice Présidente de MEDEF International "

C'est vrai que l'introduction de la charia dans le monde des affaires français est certainement une priorité !!!

Dans ce cas, il se trouve des élus appartenant à la majorité présidentielle pour prêter main forte à ce nouveau "mode" de financement. Ainsi, on peut lire sur le site la Finance Islamique une préface à l'ouvrage : "La finance islamique à la française" écrite par Hervé de Charette (un des meilleurs Thuriféraires du libéralisme économique) le texte suivant :

" ... / ... De quoi s’agit-il ? La finance islamique est apparue principalement avec l’interdiction qui est faite dans le Coran et la Charia du prêt à intérêt, le « riba ».

De cette prohibition religieuse est né un système ingénieux et innovant qui vise à répondre aux besoins d’une économie moderne, notamment la rencontre entre les prêteurs et les emprunteurs de capitaux. Ceci montre que la finance islamique, loin de représenter un recul, ou une abdication face à la religion, est, au contraire, le signe que l’on peut, avec un peu d’imagination et de savoir-faire, marier tradition et modernité, religion et économie. De ce point de vue, la finance islamique représente une véritable opportunité géopolitique. ... / ... Le développement de la finance islamique apparaît ainsi, potentiellement, comme le prolongement du « doux commerce », facteur de paix cher à Montesquieu ... / ...

Enfin, dernier élément, qui ne doit pas être négligé : la meilleure prise en compte des besoins d’une partie de notre population qui, bien que respectant les lois de la République et s’intégrant parfaitement dans la vie de la Cité, souhaitent disposer d’instruments financiers conformes à leurs croyances religieuses ... / ... "

Monsieur de Charette n'est pas ministre mais député de la majorité. Ce texte montre, si cela était nécessaire, que lorsque le politique est au service des intérêts économiques ça sonne toujours mieux que les larmes "sociales" que nous savons ... de crocodiles.


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Eh oui, nous avons droit au cinéma du ministre de l'emploi qui semble s'indigner alors qu'il est avec Sarkozy le premier responsable d'une situation de déstructuration du marché de l'emploi avec le plus grand plan social en France qui n'est jamais été orchestré par l'état.
Aucune idée ou commencement de réflexion sur comment éviter les licenciements de Total ou de ces entreprises qui licencient en profitant du contexte de crise.

Anonyme a dit…

Une précision sur la finance islamique.

L'administration fiscale (autrement dit Bercy, Lagarde) vient d'adapter sa doctrine pour éviter de pénaliser les schémas de financement conformes aux principes du Coran et notamment à la prohibition de l’intérêt :
Instruction du 25 février 2009, n° 4 FE/09 que vous pouvez consulter ici : http://www11.minefi.gouv.fr/boi/boi2009/4fepub/textes/4fe09/4fe09.pdf

Il n'y a donc pas que de Charette et le Medef, il y a le gouvernement à se soucier des modes de financement islamique.

Ce n'est d'ailleurs forcément une mauvaise chose si l'on considère que les investissements sont bons à prendre d'où qu'ils viennent.