01 mars 2011

Salaires et bénéfices : Les promesses de Sarkozy retoquées en « vues de l'esprit » par le Medef !

En 2009, Nicolas Sarkozy lançait l'idée de répartir les bénéfices des entreprises en trois tiers, dont un devait être réservé aux salariés. Deux ans plus tard, aucune négociation n'a eu lieu et aucune loi n'a vu le jour. Et ce n'est pas, d'après le MEDEF, près de se produire !

Depuis son élection à la tête de l'état français, force est de constater que le seul salaire que Nicolas Sarkozy ait réussit à faire augmenter est le sien ! En effet, en 2008, il passait de « 7 084 euros à 19 331 euros ». Il faut dire qu'il n'avait pas eu à négocier avec la Présidente du Medef pour l'obtenir !

Présidente du Medef qui vient d'ailleurs, de rappeler à Nicolas Sarkozy, ce qu'elle pensait de l'intrusion des dirigeants politiques, dans la répartition des bénéfices des entreprises !

En effet : « (...) Laurence Parisot a estimé lundi que la règle de partage des profits par tiers - employeur, actionnaires et salariés - était une vue de l'esprit (...) » - Europe1

Mais, au fait qui est à l'origine de cette idée de répartition ?

En mai 2008, Nicolas Sarkozy annonçait qu'il souhaitait que : « (..) les partenaires sociaux lui fassent part de leurs propositions sur le partage des profits avant le 15 juillet (...) » Ce souhait faisait suite au rapport de Jean-Philippe Cotis sur le « partage de la valeur ajoutée » Et le Chef de l'Etat d'évoquer : « (...) l'hypothèse d'un projet de loi du gouvernement sur la question à l'été (...) » - AFP/Google

En février 2010 : Laurent Wauquiez, alors secrétaire d’Etat à l’Emploi : « (...) se félicitait que Nicolas Sarkozy ait inscrit à l'agenda social une discussion sur le partage des profits dans l’entreprise, menaçant d’une loi faute d’accord des partenaires sociaux dans les trois mois (...) » - Libération

Puis ... plus rien ! Puisque, les fameuses négociations sur le partage des profits ... n'ont jamais eu lieu !

Néanmoins, tout le monde aurait pu oublier cet engagement formel du Président de la République, si Laurence Parisot n'avait déclaré hier : « (...) il y a des moments où il faut distribuer un tiers, d'autres deux tiers, des moments il ne faut pas distribuer du tout, chaque année ce sont des circonstances ou des enjeux différents (...) et d'affirmer que : la règle de partage des profits par tiers - employeur, actionnaires et salariés - était une vue de l'esprit » - Nouvel Obs

Traduction : L'état est là pour distribuer des exonérations de charges sociales et renflouer les pertes en cas de crise économique, mais n'a aucun droit de regard sur l'utilisation des bénéfices !

Exonérations que François Fillon a d'ailleurs proposé de « graver dans le marbre » lundi, en proposant de : « (...) Garantir durablement les allégements de charges des entreprises en échange d'engagements chiffrés de ces dernières sur l'emploi des jeunes, et notamment l'apprentissage (...) » - Les Echos

Annonce qui a immédiatement mis en joie le Medef qui a déclaré être : « (...) immédiatement disponible pour étudier les modalités d'une telle évolution (...) »

Mais alors, direz-vous, comment le Président va t-il pouvoir montrer qu'il peut, sur simple décision unilatérale, faire augmenter les salaires ou obtenir une répartition d'un tiers des bénéfices des entreprises ?

Et bien, dans la mesure où le Medef s'y oppose, nul ne le sait !

Mais le Medef n'est pas sans ressource sur le sujet puisqu'il propose au Président de la République une idée particulièrement pernicieuse : Financer une augmentation des salaires par une baisse ... des charges sociales payées par les salariés. En contrepartie d'un transfert au au privé d'une partie ... de la protection sociale !

Démonstration par Laurence Parisot : « (...) Elle réclame une réduction des dépenses publiques afin de favoriser l'augmentation des salaires. « Il y a des gains possibles dans le système de protection sociale », dit-elle, prenant pour exemple le cas des hôpitaux où beaucoup de choses pourraient être confiées au secteur privé sans que l'on touche à la qualité des prestations (...) »

Démonstration qui ne serait pas complète sans l'ajout d'une assurance obligatoire pour financer la dépendance, brillamment défendue par la FFSA (l'un des plus gros contributeurs financier du Medef) : (...) Face à cet enjeu de société, un partenariat public-privé entre l’Etat et les assureurs constitue une « solution possible », selon Gilles Cossic, directeur des Assurances de Personnes à la FFSA. L’Etat pourrait encourager la souscription de contrats d'assurance dépendance, en mettant en place des mécanismes incitatifs (...) »

Certains pourraient s'étonner que, la très pointilleuse Laurence Parisot, ne se soit pas élevée contre une possible augmentation du déficit public, que pourrait créer la refonte ou ... la disparition de l'ISF. En effet : « (...) François Baroin a affirmé que (...) entre les deux scénarios sur l'avenir de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF). L'un prévoit une transformation en profondeur de l'ISF, et l'autre, peut-être sa suppression (...) - Le Figaro

Oui, mais ça c'est une autre «vue de l'esprit» beaucoup plus ... positive pour le Medef !

Crédit image
Babouse
Luz

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour tous ces éclaircissements

Anonyme a dit…

C'est choquant de voir le medef ne pas jouer les régles du jeu quand on sait que les grandes entreprises investissent à fond dans les paradis fiscaux. Ces comportements sont en train de ruiner le monde et surtout les pays du sud ! 800milliards d'euros s'évadent chaque année de ces pays et le medef retoque des mesures sociales... Bravo :(

RHASS a dit…

Trés bon éclairage, ce qui n'a rien d'étonnant sur un sujet aussi sensible.PASSE LES BORNES IL N'Y A PLUS DE LIMITE! C'est le cas, au niveau d'une certaine forme d'inconduite notoire, d'un certain patronat.
mais là n'est pas mon propos.
ce qui importe c'est le couplet sur la dépendance.il est évident que le lobby de la FFSA, va monétiser cette affaire, avec un nouveau contrat d'assurance.Ce n'est pas la bonne piste, la dépendance implique d'abord de faire un état des lieux de ce qui existe, voir pourquoi cela ne marche pas, et ensuite repérer les vrais acteurs de terrain (aidants naturels, réseaux de soignants a domicile notamment)un dernier mot, réduire la dépendnace au seul grand age est un contre sens, car la vraie dépendance, n'est pas celle liée à l'age, mais celle due au handicap, à la naissance, ou au court de la vie du fait de la maladie ou de l'accident.c'est vrai qu'au plan électoral, le groupe du grand age est plus réceptif.