13 juin 2012

Les recettes de l'OCDE pour les retraites : Partir à 70 ans et cotiser à une pension privée !

L'OCDE vient de publier un rapport sur l'avenir des retraites dans lequel elle distribue des bons et mauvais points aux pays en fonction de l'âge départ. Elle propose aussi d'avoir recours aux pensions privées pour : « stimuler la croissance » !




Connaissez vous le slogan de l'OCDE ? hé bien c'est : « Des politiques meilleures pour une vie meilleure » Elle l'explique sur son site de la façon suivante : « (...) promouvoir les politiques qui amélioreront le bien-être économique et social partout dans le monde (...) Nous comparons la façon dont les systèmes éducatifs préparent les jeunes à la vie moderne et la façon dont les systèmes de retraite protègeront les citoyens plus âgés (...) »

C'est justement donc au nom de la protection des systèmes de retraites que l'OCDE vient de publier son dernier rapport. Que dit-il ?

« L’espérance de vie continuant d’augmenter partout dans le monde, les gouvernements devront graduellement augmenter l’âge de départ à la retraite pour que leurs systèmes nationaux de pension soient à la fois financièrement viables et adaptés (...) »

Et le Secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurría de donner selon lui une des solution clés du problème : « Il faut agir avec vigueur. Faire tomber les obstacles à la poursuite d’activité au-delà de l’âge habituel d’accès à la retraite sera indispensable pour garantir à nos enfants et à nos petits enfants le bénéfice d’une retraite adéquate au terme de leur vie active »

Il est clair que Angel Gurria ne lit pas les rapports de l'OIT. C'est dommage car il aurait appris que dans le monde, de 196 millions en 2011, le nombre de chômeurs passera en 2012 à environ 202 millions et que l'OIT table pour 2013 sur le chiffre de 207 millions.

Et le Directeur de l'Institut international d'études sociales de l'OIT, Raymond Torres d'ajouter : « (...) il est peu probable que l'économie mondiale croisse à un rythme suffisant ces deux prochaines années pour, simultanément, combler le déficit d'emplois actuel et fournir du travail à plus de 80 millions de personnes qui devraient arriver sur le marché du travail au cours de la même période (...) »

Donc des chômeurs de tous les âges qui cotisent peu ou pas et dont, en ce qui concerne les plus âgés on ne veut plus dans les entreprises ! 

Mais l'OCDE n'en a cure puisque l'objet de son rapport est ailleurs. Son plaidoyer pour le report de l'âge de la retraite idéal qu'elle préconise de : « lier formellement l’âge de la retraite à l’espérance de vie » n'est en fait qu'un alibi pour promouvoir ... les pensions privées !

Ce qu'elle explique clairement : « Quoique ces réformes puissent parfois être impopulaires et douloureuses, elles peuvent aussi (...) contribuer à stimuler une croissance bien nécessaire dans des économies vieillissantes »

De quelle façon ?

« (...) Les personnes qui commencent de travailler aujourd’hui peuvent compter percevoir une pension nette de régime public d’environ la moitié de leurs revenus nets, en moyenne, dans les pays de l’OCDE, si elles prennent leur retraite après une carrière pleine, à l’âge officiel du départ à la retraite. Mais, dans pratiquement les 13 pays qui ont rendu les pensions privées obligatoires, les retraités peuvent espérer percevoir une pension représentant environ 60 % de leurs revenus (...) »

Et pour ceux qui feraient remarquer qu'il est assez gonflé de proposer ce système en pleine crise de l'Euro et d'incertitude économique généralisée, l'OCDE suggère l'idée suivante : « (...) Pour renforcer la confiance dans les pensions privées, les gouvernements devraient aussi améliorer la supervision des fonds pour garantir que les frais ne sont pas trop élevés et minimiser les risques (...) » En résumé, YAKA !

Certains feront remarquer que la démonstration de l'OCDE est en tous points identique à ce qu'a proposé à plusieurs reprises, Laurence Parisot la patronne du Medef, à laquelle ... la Fédération Bancaire Française (FBF) est adhérente. Mais c'est probablement un hasard, puisque l'OCDE affirme ne dépendre pour son fonctionnement que des pays membres. Ce qui n'exclue pas que lesdits gouvernements, tout comme les économistes de l'OCDE, peuvent être sensibles aux arguments du lobby bancaire international  ...

Au fait, pour ceux que la question titillerait : Quel est le régime de retraite des salariés de l'OCDE ? on peut en trouver réponse dans la rubrique Salaires et avantages de son site.

Outre qu'on apprend que : « Les émoluments bénéficient de l'exonération fiscale dans la plupart des pays membres de l'Organisation, y compris en France (...) » et que : « L'OCDE a un excellent système d'assurance médicale et sociale (...) »

Il faut savoir que : « (...) les agents peuvent prétendre dès 63 ans, et après au moins 10 ans de service, à une pension s'élevant à 2 % de leur dernier traitement de base par année de service, jusqu'à un montant maximum de 70 % après 35 ans de service. Une pension réduite peut être payée aux agents prenant leur retraite, dès l'âge de 51 ans (...) » Sachant que les émoluments sont assez éloigné du montant du SMIC français, c'est assez confortable !

Mais, nous ne doutons pas une seconde que l'OCDE après la publication de son rapport ne va pas manquer d'appliquer à titre d'exemple, dans les mois qui viennent, ses recommandations à l'ensemble de son personnel ...


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2 commentaires:

Anonyme a dit…

On pourrait rajouter que l'âge d'espérance de vie en ALLEMAGNE, vous savez ce pays qui vit sur le dos des autres européens, vient, officiellement, de régresser.
C'est sans doute ce qu'"ils" appellent un progrès.

Maintenant il vrai que c'est une fausse moyenne et que la moyenne d'espérance de vie des cadres dirigeants et des rentiers continue de monter...

PIERROT13 a dit…

Si on s'en tient au domaine de la Santé, les coûts de gestion parlent d'eux mêmes.

Gestion santé publique obligatoire (notre bonne vieille sécu) la gestion coute env 5% des sommes gérées, dans le domaine strictement privé, les assurances, elle coûte env 30% et dans le domaine mutualiste, 20%.
Sachant que les obligations légales de ce dernier impose la possession de placements mobiliers qu'il faut gérer.
Ce constat a été établi par la Cour des Comptes.

Donc, il faut choisir.