22 janvier 2009

Education : Xavier Darcos invente la fonction publique des précaires

Le 2 juin 2008, nous écrivions un article (Fonction publique : Faites ce que je dis ...) sur la vision de nos gouvernants actuels sur la fonction publique.

Nous mettions notamment en avant le recrutement important de conseillers en tous genres et surtout les nombreuses redondances entre l'Elysée, Matignon et les différents ministères.

Extraits : On compte à ce jour 37 ministres ou secrétaires d'Etat . Même si les secrétaires d'Etat sont sous la tutelle de ministères, on peut globalement dire que tous les aspects de la gestion du pays semblent couverts. Il ne faut en effet pas oublier que chaque ministre ou secrétaire d'Etat dispose d'un cabinet dont le nombre de conseillers peut varier de zéro (Rama YADE) à une trentaine (Roselyne BACHELOT) à 37 (Christine LAGARDE) soit en moyenne une vingtaine de conseillers.

Une visite sur le site de la Présidence de la République à la page "Cabinet de Nicolas SARKOZY" amène à se poser des questions sur la diminution du nombre de fonctionnaires notamment en ce qui concerne le cumul ou doublonnage ... / ... En regardant de plus près les deux (impressionnantes) listes, on constate non seulement que l'Elysée et Matignon possèdent dans leurs cabinets respectifs des équivalents ou doublons et qu'ils couvrent la totalité des sujets ou dossiers gérés par les ministères ou Secrétariats d'Etat. Muni de ces informations, on est légitimement en droit de se poser une question : Comment est-il possible d'obtenir la moindre efficacité dans l'action ?

Une question nous vient immédiatement à l'esprit : La réduction du nombre de fonctionnaire dont Eric WOERTH se gaussait il y a peu de temps va t-elle s'appliquer aux ministères, à Matignon ou au cabinet Elyséen au nom de l'efficacité et de la gestion sérieuse ? Car, enfin, les émoluments des fonctionnaires présents dans les cabinets n'on rien à voir avec celui des simples salariés de la fonction publique ou territoriale ... / ... L'intégralité de l'article

On vous répondra en haut lieu que c'est normal, compte tenu de l'hyper activité de nos excellences. Sauf que lorsque l'Etat proclame ses intentions en termes de train de vie qui consistent à diminuer de façon drastique le nombre de fonctionnaires au service du public (c'est à dire de tous les français) il devrait se regarder dans la glace.

La dernière augmentation du budget de fonctionnement de l'Elysée en est une bonne illustration : Les crédits alloués à l'Elysée devraient augmenter de 11,45% l'an prochain par rapport au budget 2008 initial pour atteindre 112,33 millions d'euros, selon le projet de budget pour 2009, qui sera examiné le 13 novembre par le Parlement. Ces crédits apparaissent dans le document budgétaire consacré aux "pouvoirs publics" (Elysée, Assemblée nationale, Sénat...), qui va être transmis cette semaine au Parlement par Bercy.

Les charges de fonctionnement (fournitures, télécommunications, frais de réception...) vont croître de 25,2%. "La très forte augmentation de l'activité de la présidence par rapport aux périodes précédentes (réceptions multipliées par deux par rapport à 2006) agit inévitablement sur l'évolution" de ces dépenses, peut-on lire dans le "bleu" budgétaire.
Le budget arrêté pour les frais de déplacements du président Nicolas Sarkozy est en hausse de 33% par rapport en 2008. Un renforcement de cette ligne budgétaire "est souhaitable" en raison de "la très nette augmentation" des déplacements du chef de l'Etat depuis le début du quinquennat, "en accompagnement d'une politique active voulue par celui-ci", selon le document.- Source AFP

Par contre, il est un domaine où les économies d'échelles auront été les plus sévères, c'est dans l'Education Nationale. Education, qui, du reste est pourtant, un des seules chances de la France, pour arriver à ne pas disparaître dans cette foutue mondialisation que plu personne ne contrôle. Mais économies obligent ....

Souvenez-vous, c'était en Août 2007 : Comme annoncé, plus de 11.000 postes de personnels de l'Education nationale, en majorité des enseignants, seront supprimés à la rentrée, sur un total de 1.115.000 fonctionnaires de ce secteur. Des suppressions de postes qui interviennent dans le cadre de la volonté gouvernementale de ne pas remplacer, dans l'Education nationale, un fonctionnaire sur trois partant à la retraite.

Collèges et lycées

Dans le détail, de source syndicale, ces suppressions concerneront pour l'essentiel les enseignants: sur les 9.800 emplois qui disparaîtront dans le public, seuls 400 fonctionnaires administratifs (sur 285.000 postes) ne seront pas remplacés. Ce sont les collèges et lycées qui paieront le plus lourd tribut avec, de même source, 9.430 enseignants en moins à la rentrée 2008. Au total, «l'Education nationale, qui représente à peu près la moitié de la fonction publique participera pour moitié à l'allègement de 22.700 suppressions de postes dans l'Etat l'an prochain», selon le Ministre. - Source 20Minutes

Puis en juillet 2008 - A la suite de l’annonce de Xavier Darcos du non-remplacement de 13.500 de postes dans l'Education nationale pour la rentrée 2009, les réactions fusent. «Ca nous semble des chiffres extrêmement graves», estime le secrétaire général du SE-Unsa (enseignants) Luc Bérille, «on bat le record de suppressions d'emplois du budget 2008». Pour lui, c’est un «scénario catastrophe» même «si on est dans la fourchette basse du scénario» (Le ministère des Finances propose en effet 19.000 à 20.000 non renouvellement de départs à la retraite ... / ... Source 20Minutes

La détermination des syndicats d'enseignants et des lycéens a beau ne pas faiblir, le Ministre Darcos persiste.

Alors, comment expliquer et qualifier la dernière trouvaille de Monsieur Darcos qui consiste à faire la chasse à l'absentéisme en recrutant des agents précaires ? :

PARIS (AFP) — Le ministre de l'Education, Xavier Darcos, annonce dans une interview au Figaro à paraître jeudi qu'il va recruter 5.000 agents, en emplois aidés dans le cadre du plan de relance, pour prévenir les familles de l'absence de leurs enfants. "De plus en plus d'élèves sont absents de manière régulière. Or, tout est lié. L'absentéisme mène au décrochage, qui conduit à l'échec scolaire, lequel mine l'insertion professionnelle et sociale des jeunes", affirme-t-il. "Et c'est lorsqu'un jeune n'est plus encadré, qu'il n'a plus de projet, qu'il peut être conduit à tous les échecs. L'absentéisme est un fléau, et les solutions actuelles pour y remédier ne fonctionnent pas", poursuit le ministre. "Certains établissements préviennent les parents rapidement via des SMS ou des appels téléphoniques, mais cela ne suffit pas", estime-t-il encore. Aussi, "avec Fadela Amara, (...) nous avons décidé de recruter 5.000 "médiateurs de la réussite scolaire", qui feront l'interface entre l'école et les parents", annonce le ministre. Selon lui il s'agira d'"emplois aidés dans le cadre du plan de relance" qui concerneront des "personnes qui connaissent les quartiers, les familles, mais qui relèveront de l'Éducation nationale". Ils seront "opérationnels dès le mois de mars pour remplir leur mission"- Source AFP

Trop fort !!!! On va recruter des emplois aidés afin de faire du flicage de gamins alors que de l'autre côté on va diminuer le nombre de ceux qui sont censés leur apporter des connaissances.

Cette fois, on touche le fond de la démagogie et de l'utilisation de grosses ficelles. Il est clair qu'il ny a pas d'argent pour l'éducation, les quartiers et que le RSA ne démarre pas. Alors comment faire pour abuser les français lorsqu'on craint qu'ils ne se révoltent ? Et bien on va utiliser la compassion habituelle et faire des assauts de cynisme en recrutant des précaires pour les affecter à des emplois qui ne seront jamais que précaires. Car, qu'est ce qu'un contrat aidé ?

Définition de l'INSEE : Un contrat aidé est un contrat de travail dérogatoire au droit commun, pour lequel l'employeur bénéficie d'aides, qui peuvent prendre la forme de subventions à l'embauche, d'exonérations de certaines cotisations sociales, d'aides à la formation. Le principe général est de diminuer, par des aides directes ou indirectes, les coûts d'embauche et/ou de formation pour l'employeur. Ces emplois aidés sont, en général, accessibles prioritairement à des "publics cibles", telles les personnes "en difficulté sur le marché du travail" ou les jeunes. Ils relèvent du secteur marchand (c'est le cas par exemple des contrats "initiative emploi") ou du secteur non marchand (par exemple contrats "emploi-solidarité"). Dans le second cas, ils sont le plus souvent conclus par des associations, des collectivités territoriales ou des entreprises publiques ... / ... Les personnes "en difficulté sur le marché du travail" sont : les demandeurs d'emploi de longue ou de très longue durée (par exemple les personnes ayant 12 mois de chômage dans les 18 mois précédents, ou 24 mois dans les 36 mois précédents), les bénéficiaires de minima sociaux tels que l'allocation de solidarité spécifique (ASS) ou le RMI, les personnes handicapées, les personnes de plus de 50 ans au chômage depuis plus de 3 mois ou en congé (ou convention) de conversion, les jeunes sans aucune qualification... - Source INSEE

Le procédé est révoltant, car cette mesure n'est ni plus ni moins qu'une opération de communication destinée à faire croire à l'efficacité d'un gouvernement dont la gestion relève du "mercurochrome et du sparadrap".

S'il est indispensable de sortir de la grande précarité ceux qui relèvent des minima sociaux, il est ahurissant de les affecter et les exposer à des situations que seuls des professionnels sont à même de gérer. Sentiment que l'on partage à l'Unsa-Education qui a dénoncé un "effet d'annonce" du ministre. "Aucune discussion ne s'est ouverte sur le rôle et la formation de ces 'médiateurs' alors que des professionnels de l'éducation comme les conseillers principaux d'éducation et les assistantes sociales jouent un rôle essentiel auprès des familles", note le syndicat dans un communiqué.

Il reste maintenant à savoir si après le futur ticket à gratter de la Française des Jeux pour financer le patrimoine, les précaires pour faire la chasse à l'absentéisme, les chômeurs adjoints de sécurité (A l'occasion de la suppression de 4.800 emplois dans la police d'ici à 2011, 1.400 postes d'adjoints de sécurité vont être ouverts aux chômeurs de longue durée en "contrats d'accompagnement" pour une durée de cinq ans), devrons nous envisager de porter directement le courrier au domicile des nos correspondants ?

Mais n'ayez crainte, SOS banquier vient d'obtenir 10,5 milliards de plus en s'engageant à "limiter les dividendes versés aux actionnaires" Parce qu'il aura bien des dividendes qui seront probablement versés avec l'argent public qui leur aura été versé. Splendide !!!


1 commentaire:

Anonyme a dit…

Alors que nous nous battons depuis des mois pour que tout simplement les enseignants malades soient remplacés et nos stages de formation continue soient assurés.
Nous nous battons pour que nos classes ne montent pas à plus de 40 enfants quand un remplacement n'est pas assuré et qu'on nous oblige à accueillir tout le monde.
Nous nous battons pour que les enfants en difficulté trouvent de l'aide auprès des enseignants spécialisés qui ont été formés pour ça et qu'on va remettre dans une classe "normale" à la rentrée...
Nous nous battons....
Mais je ne vous ferai pas la liste de tout, suivez le net, la révolte est grande et elle gronde !