03 mars 2009

Europe politique : Grande Bretagne, Italie, Espagne, etc ... "A droite toute" ?

Après des élections qui ont vu les travaillistes perdre, entre autre, Londres , la gauche italienne perdre la Sardaigne, c'est au tour des socialistes de perdre la région de Galice : Le Parti populaire (PP, droite) a remporté dimanche la majorité absolue au Parlement régional face à la coalition sortante composée des socialistes et des nationalistes de gauche galiciens du BNG, qui gouvernaient depuis quatre ans.

A y regarder de plus près, on s'aperçoit que de moins en moins de pays de l'Union sont gouvernés par des sociaux démocrates ou Justifiersocialistes et que cela devient inquiétant pour tous ceux qui croient dans les idéaux de gauche. Du moins, les vrais !

Comment en est-on arrivé là ?

La tradition des clivages droite/gauche héritée de l'après deuxième guerre mondiale s'est petit à petit diluée et on a pu voir, notamment dans les pays nordiques des alternances qui s’apparentaient de plus en plus à la phrase, chère à de l'ancien Président Giscard : "le changement dans la continuité"

Le consensus Etat, employeurs syndicats a, petit à petit, été remis en cause pour s'aligner progressivement sur la notion de compétitivité issue de la mondialisation sans que les socio démocrates ne réagissent, ou … y adhèrent complètement.

En Grande Bretagne comme en Allemagne, la "fumeuse" troisième voie n'a eu pour effet que de porter au pouvoir des dirigeants politiques utilisant le nom de partis de gauche sans la moindre référence à leurs valeurs.

Si le SPD est passé de parti majoritaire à celui de co gérant du pays avec les conservateurs de la CDU (et n'est pas assuré de gagner les prochaines élections), le New Labour est lui totalement déconsidéré aux yeux des électeurs britanniques.

En France, depuis le chaos de 2002, le Parti Socialiste est ses alliés traditionnels n'arrivent plus à proposer un front commun aux électeurs et continue à s'interroger sur sa mutation vers la sociale démocratie (tant décriée ailleurs) Mutation, qui, si elle devait s'opérer, amènerait les français à ne plus avoir de choix électoral qu'entre une droite conservatrice et libérale et une vision centro centriste ... libérale.

Clairement, ce ne sont pas les idéaux socialistes qui sont rejetés par les électeurs mais les partis ou formations politiques qui s'en revendiquent sans les appliquer.

Quel avenir pour des formations politiques de gauche "administratrices" du libre marché ?

Les Etats de l'Union Européenne ont les uns après les autres abandonné toute implication dans l'économie (privatisation des entreprises et services publics) pour se recenter sur les missions dite régalienne (police, justice et armée).

Le marché "sans entrave" étant la seule norme connue et appliquée par la commission européenne, les seules différences entre partis ou formations politiques de droite et de gauche se trouvent depuis dans les choix sociétaux : Les différences portent sur les minorités (visibles ou non), l'assistance aux plus nécessiteux (aides sociales) et le "recyclage" des éclopés que le marché a provisoirement ou définitivement éliminé.

Les socios démocrates ayant entériné ce mode de gouvernance, il est dès lors peu étonnant que les sympathisants de gauche se réfugient dans l'abstention ou se mettent en recherche de formations politiques protestataires.

Les Partis Socialistes d'Europe risquent d'en mesurer l'ampleur au prochain scrutin, où, les formations situées à leur gauche vont attirer le vote d'une partie de son électorat.

Chez nous, compte tenu des prévisions de vote pour le MODEM, on comprends mieux l'irrésistible attirance d'un certain nombre de dirigeants du Parti Socialiste vers une sociale démocratie qui finira fatalement en démocratie chrétienne à la mode italienne des années 60.

C'en sera fini des fondamentaux socialistes qui seront remplacés à terme la litote conservatrice.

Comment reconquérir l'électorat de gauche ?

Tout d'abord, en cessant d'avoir honte de son héritage. Aucun acquis social n'a été offert aux populations. A chaque fois, il a fallut des manifestations, des grèves et parfois des morts pour que la vie de nos concitoyens s'améliore. Durant ces période de luttes, les partis de gauche n’ont jamais cessé d’être à leurs côtés.

Les élus socialistes doivent retrouver le chemin du combat social de terrain au lieu de passer leur temps dans des think tanks de plus en plus nombreux et de plus en plus nombrilistes.

Les socialistes doivent comprendre, une bonne fois pour toutes, que le marché leur sera toujours hostile. La plus grande erreur de la gauche actuelle est de vouloir gouverner avec ceux qui la rejettent et d'oublier ceux qui la soutienne depuis toujours, au fait que la victoire électorale est pour eux une récompense.

Ensuite en enterrant définitivement la notion du "travailler plus pour gagner plus"

Jeremy Rifkin dans son ouvrage : "La fin du Travail" a clairement expliqué le processus dans lequel s'enfonce un peu plus chaque jour. La généralisation intensive de l'électronique et de la mécanisation diminue de façon irrémédiable la demande de main d'oeuvre. Si lors des précédentes révolutions industrielles, on a pu recycler dans la douleur des millions de salariés, il n'existe plus aujourd'hui de nouvelles industries ou de nouveaux secteurs capables d'accueillir les millions de salariés en provenance de secteurs ou industries en fin de vie ou de mécanisation quasi totale.

Il va donc falloir faire un choix : accepter comme le proposent les libéraux de partager le chômage (périodes de travail alternant avec des périodes de chômage formation) ou faire travailler le plus de gens possible sur des durées de 30 ou même 20 heures. Certes, le salaire ne pourra pas être celui de 35 Heures mais la collectivité ayant moins de chômeurs à indemniser pourra compléter le montant des salaires par une indemnité de type universelle.

Et tans pis pour les contempteurs de l'hyper consommation, le pouvoir d'achat ne doit plus passer par l'acquisition du énième gadget électronique mais par celui de biens plus essentiels et probablement plus durables.

Cesser de parler de diversité et l’appliquer à toutes les catégories de la population en ne se limitant pas à la notion de l’origine.

Si la diversité est perçue au Parti Socialiste comme prioritaire, il ne faut pas oublier que celle-ci ne passe toujours pas par une représentativité socio professionnelle chez les parlementaires. Il est indispensable, lorsqu’on prétend être un parti populaire d’avoir des représentants de toutes couches sociales à l ‘Assemblée ou au Sénat. Aussi, l’interdiction de cumul des mandats et l’institution d’un vrai statut de l’élu doit permettre à des salariés du privé de siéger dans les assemblées de la nation.

Enfin, en finir avec le dilemme gauche/patrons/employés

C'est le patronat qui a imposé ce statut à tous ceux qui lui vendait sa force de travail. Confrontés ou complices d'actionnaires gloutons et à la décroissance, les organisations d'employeurs passent le plus clair de leur temps à demander de nouvelles possibilités pour se délester le plus vite possible de leurs effectifs. Les larmes de crocodile de Madame Parisot sur le chef d'entreprise qui souffre de se séparer de ses collaborateurs pour mieux les confier à la solidarité nationale sont une provocation de plus.

Nous sommes en droit d’attendre que les socialistes dans leur intégralité déclarent que le temps des « subventions : oui, mais du contrôle de leur utilisation : non », est TERMINE pour toujours

Les socialistes doivent initier une nouvelle politique de l'entreprise. Au delà des entreprises défendues par Mme Parisot et les siens, il est indispensable de créer un nouvel entrepreunariat.

D'abord aider financièrement à la création et au développement des entreprises coopératives dans lesquelles le pouvoir et les résultats sont partagés à part égales par tous ceux qui y travaillent.

Ensuite, créer un statut de l'entrepreneur salarié qui viendra se substituer à celui de travailleur indépendant. Ce nouveau statut permettrait à tous ceux qui souhaitent créer une entreprise de continuer à cotiser comme un salarié classique et de disposer en cas de problème des assurances chômage et en fin de carrière de la retraite des salariés.

Ces propositions correspondent à des aspirations de la population française qui ne comprend plus pourquoi on disserte à gauche sur le sexe des anges socio démocrates. L'heure est à la modernisation des fondamentaux du socialisme et certainement pas à leur abandon. C'est pourquoi il est indispensable que l'alternance ne consiste pas en une gestion "améliorée" de la crise du capitalisme moribond.

Si d'aventure, le Parti Socialiste restait sourd et aveugle à ces demandes et se laissait tenter par les sirènes du capitalisme encadré, il est très probable qu'il finirait par se marginaliser au point de laisser la droite obtenir le pouvoir absolu et la responsabilité d' en découdre physiquement avec les citoyens.

Cette situation aboutirait sans nul doute à un affrontement de classes sociales d'un autre siècle et à des conséquences difficilement définissable. Est ce cela que veulent les socialistes et ceux qui travaillent avec eux ?

Le Parti Socialiste va t-il enfin faire sien le slogan d'une autre formation de gauche qui dit :"nos vies valent plus que les profits". Ou ne retenir que celui d’une formation centriste qui proclame : " la France de toutes nos forces" ?

Le tout est de choisir le bon et vite. Ou de laisser la place à d'autres ... clairement à gauche.

Sources
Google AFP
CNAM


1 commentaire:

Etiam Rides a dit…

Excellent article. Des choses qu'on aimerait entendre dans la bouche des dirigeants socialistes, y compris ceux qui se proclament "sociaux-démocrates" ou "réformistes"

En un temps pas si lointain, les partis sociaux-démocrates européens concevaient la réforme comme une façon de museler le capitalisme. Pas de cogérer l'ultralibéralisme.

De toute façon, quand on voit des prestations comme celles de Najat Vallaud et Aurélie Filipetti hier soir sur Canal +, qui ont passé plus de temps à tirer sur Aubry que sur la droite, on peut se dire raisonnablement que les jours du PS sont comptés...