Nous vivons plus vieux, c'est pourquoi nous devons travailler plus longtemps ! C'est le constat croisé entre le gouvernement et les organisations d'employeurs.
Et pourtant, dans le domaine de l'emploi des "fin de carrière", on ne peut pas dire que la France se soit jamais distinguée ! Crise économique aidant, la situation de ceux qu'on a baptisé les seniors, est devenue cauchemardesque.
En effet, lorsqu'on approche les 50 ans ou qu'on les a dépassés, le moindre plan social ou la fermeture de son entreprise ont pour effet de vous transformer en une sorte "d'inadapté social " dont on vante l'expérience, le savoir faire et dont personne ne veut !
Engagé dans son programme de "réformes", le gouvernement nous assène quantité de déclarations, par lesquelles, il annonce, en autre : Qu'il prépare en 2010 un allongement de la durée de cotisation, ce qui se traduira par des carrières plus longues , tout en se montrant solidaire des entreprises. Les entreprises de leur côté, se montrent, elles mêmes, solidaires des idées du gouvernement, sans pour autant avoir envie de recruter ... ceux qui doivent travailler plus longtemps ...
Eternelle métaphore de la "patate chaude" !
Le Medef étant assez discret sur le sujet et s'étant contenté par la voix de sa Présidente de déclarer : "... / ... Nous demandons à considérer la question de l'âge légal de départ à la retraite", rappelant que selon les derniers calculs du conseil d'orientation des retraites, cela pourrait être 63,5 ans... / ... " Source AFP/Google Le plus prolixe sur le sujet, est la CGPME qui est censée représenter (quoi que le Medef, chasse de plus en plus sur ses terres) les TPE et PME
Communiqué public du 22 mai 2009
"Emploi des seniors : un premier pas vers une politique de quotas - La publication en catimini du décret infligeant une pénalité, à hauteur de 1 % de leur masse salariale, aux entreprises employant au moins 50 salariés ne se préoccupant pas suffisamment de l’emploi des seniors est une mauvaise manière. Face à un véritable problème de société nécessitant une évolution des emplois, des employeurs et des Pouvoirs Publics, le Gouvernement, à défaut d’autres idées, en est réduit à sanctionner. La mise en oeuvre d’une politique de quotas, qui ne dit pas son nom, est une erreur. Le pas est franchi. Veut-on demain interdire aux chefs d’entreprise de décider librement qui ils embauchent ? - Source CGPME
Pour ceux qui auraient du mal à lire entre les lignes : Nous, CGPME, ne sommes pas là pour faire du "social" et vous demandons de vous démerder avec ces gens, qui, s'ils sont utiles pour acheter nos produits ou services, n'ont rien à faire dans nos bureaux ou usines !
Alors, Madame CGPME, les seniors, on en fait quoi, on les pique ou on les noie ? Au frais du contribuable bien entendu ...
Et pourtant, en 2008, la CGPME était mieux disposée et espérait amadouer le gouvernement et la majorité présidentielle (dans laquelle elle compte quelques soutiens et amis). et ne pas être mis à contribution sur ce : "véritable problème de société nécessitant une évolution des emplois, des employeurs et des Pouvoirs Publics"
Communiqué publié le jeudi 26 juin 2008 et adressé à Xavier Bertrand (alors Ministre du Travail) :
Emploi des seniors : 15 propositions de la CGPME remises à Xavier Bertrand Le taux d’emploi des plus de 55 ans est en France de 38% contre 43% en moyenne en Europe. Cette situation n’est pas, à notre sens, irréversible si notre pays prend un certain nombre de mesures favorisant aussi bien le maintien dans l’emploi des seniors que leur retour à l’emploi, et s’adressant tant aux salariés qu’aux employeurs.
La CGPME a donc remis ce jour à Xavier BERTRAND, Ministre des Affaires Sociales des propositions positives susceptibles de faire évoluer la situation actuelle en privilégiant l’incitation sans céder à la facilité de la sanction porteuse de nombreux effets pervers. ... / ... " Intégralité disponible sur le site de la CGPME
Tout est dit dans le : "susceptibles de faire évoluer la situation actuelle en privilégiant l’incitation sans céder à la facilité de la sanction porteuse de nombreux effets pervers" ...
Sachez néanmoins, que ces propositions sont un chef d'oeuvre de jésuitisme, dont nous vous donnons ci-dessous quelques "savoureux" exemples du type "YAKA" dont la confédération est friande :
"Un grand nombre de concours permettant d’accéder à terme à des emplois dans la fonction publique sont conditionnés à un âge limite. Ainsi, par exemple, le troisième concours d’accès à l’ENA est fermé (sauf conditions particulières) aux candidats âgés de plus de 40 ans. Ce type de discrimination n’a pas lieu d’être"
"Le système de dispense de recherche d’emploi pour les chômeurs indemnisés (âgés de 57,5 ans et plus et, sous certaines conditions, d’au moins 55 ans) concerne près de 400 000 personnes. Il est incohérent de prétendre favoriser le retour à l’emploi des seniors tout en conservant ce type de disposition"
"Le CDD pour le retour à l’emploi des seniors, institué par l’Accord National Interprofessionnel du 13 Octobre 2005, n’a pas véritablement démarré. Il devrait faire l’objet d’une information supplémentaire et plus ciblée, notamment pour les PMI et les entreprises exportatrices. Il devrait également faire l’objet d’une incitation financière pour l’employeur, au moins dans les entreprises de moins de 250 salariés. ... / ... "
Pour mémoire : Le CDD senior est paru au Journal Officiel par le biais du décret n° 2006- 1070 du 28 août 2006. Il concernait « toute personne âgée de plus de 57 ans, inscrite depuis plus de trois mois comme demandeur d'emploi ou bénéficiant d'une convention de reclassement personnalisé » ... / ... Résultats des courses : 20 contrats signés en treize mois et demi. « Les contrats seniors avaient été mis en place entre le patronat et les syndicats, vous voyez le brillant succès ... 20 ont été signés », a ironisé le ministre de l'époque Xavier Bertrand, sur les ondes de France Inter. Et d’ajouter « il faut changer de logique ». .../...
"Organiser des forums de recrutement spécifiques au cours d’une « semaine de l’emploi des seniors » ... / ... Cette manifestation pourrait, en particulier, être financée par la « nouvelle institution nationale » chargée d’assurer la gestion du réseau unique, issu de la fusion de l’ANPE et des ASSEDIC et par l’Agence Nationale pour l’Emploi des Cadres (APEC)"
Comprenant que ses propositions avaient fait long feu, la CGPME, a donc, comme nous vous l'expliquions plus haut, décidé de passer à l'offensive et de refuser toute contrainte de la part des pouvoirs publics. Quitte à bloquer tout processus de recrutement des plus de 50 ans !
Ainsi : "La CGPME fustige une nouvelle fois les mesures en faveur de l’emploi des handicapés et des seniors. A partir du 1er janvier 2010, les entreprises de plus de 50 salariés qui n'ont pas conclu un accord ou mis en place un plan d'action en faveur des seniors seront pénalisées à hauteur de 1 % de leur masse salariale.
A partir de la même date, les sociétés employant plus de 20 salariés, mais dont l’effectif n’atteint pas les 6 % de salariés handicapés, seront elles aussi pénalisées"
Comment ça, nous obliger à employer les "boulets" âgés et handicapés ? Il faudrait voir à voir, comme l'explique la CGPME : "... / ... La CGPME pointe du doigt cette mesure qui risque selon elle de fragiliser encore plus les petites entreprises. « L’erreur du gouvernement a été de mettre sur le même plan les PME de 50 salariés avec les grandes entreprises de 10 000 salariés, qui disposent d'un service de ressources humaines suffisantes », estime Jean-Eudes du Mesnil, secrétaire-général de la CGPME.
Ajoutant, avec cette pointe (involontaire ?) d'humour : "Pour Gontran Lejeune, président du CJD, les entreprises paient le dysfonctionnement du dialogue social. « Les partenaires sociaux n’arrivent pas à se mettre autour d’une table, l’Etat se retrouve donc obligé de prendre le relais » considère-t-il. - Source l'Entreprise
Nous ajouterons de notre côté : Comment mettre en cause le dialogue et les partenaires sociaux, alors que la loi ne fait pas obligation de syndicats ou de dialogue social dans les entreprises de moins de 50 salariés et que la CGPME est un farouche opposant à l'arrivée des syndicats dans les entreprises de moins de 50 salariés ou même de la syndication des ses salariés !
Où en est-on, alors que Xavier Darcos, est en train de négocier, sur la mobilisation des représentants des branches professionnelles et des syndicats dont la dernière réunion remonte au 3 novembre dernier ?
C'est le journal Le Monde qui fait le point
"... / ... Xavier darcos recensait dans sa besace mille accords d'entreprise sur l'emploi des seniors, et sept accords de branche. Une maigre moisson, à quelques semaines de l'échéance fatidique : au 1er janvier 2010, les sociétés d'au moins 50 salariés devront avoir négocié un dispositif en faveur des seniors, avec un objectif chiffré de maintien dans l'emploi des plus de 55 ans ou de recrutement des plus de 50 ans ; dans le cas contraire, elles s'exposent à une pénalité équivalant à 1 % de la masse salariale.
... / ... Malgré la contrainte, une bonne part des entreprises renâclent. Dans une enquête menée en octobre par la Chambre de commerce et d'industrie de Paris, 45 % des 300 employeurs franciliens interrogés déclarent que la réglementation ne pas va les conduire à engager des actions pour les seniors.
"C'est une énième obligation qui, de plus, tombe en pleine crise, explique Stéphane Béal, directeur adjoint du département droit social du cabinet d'avocats Fidal. Au-delà, les responsables des ressources humaines (RH) se montrent réticents à négocier des dispositions qui leur semblent aller dans le sens contraire des attentes des salariés et de certains syndicats."
... / ... L'étude conduite à l'automne par le cabinet de conseil Mercuri Urval ne révèle guère de surprise ... / ... Seuls 20 % d'entre eux ont l'intention de mettre en oeuvre des mesures pour favoriser l'embauche. Et quand il s'agit de mettre un objectif chiffré sur le papier, les entreprises freinent des quatre fers ... / ... " - Source Le Monde
Car, argument imparable d'un employeur : "les seniors se remettent peu en question : "Leurs prétentions salariales ne sont pas évaluées en regard du poste proposé, mais par rapport à leur ancienne paye" et oui, ces "salopards" ne sont pas d'accords pour mettre de 30 à 35 ans d'expérience au service d'une entreprise qui leur propose ... le SMIC !
En clair, nous allons vers une impasse identique pour les handicapés et les seniors ! Les entreprises dans leur grande majorité payeront pour "être tranquilles" et les pouvoirs publics n'auront qu'à inventer de nouveaux dispositifs pour "gommer" des statistiques ces inadaptés du travail ...
Alors, à qui Xavier Darcos et Nicolas Sarkozy donneront-ils raison ? Et, se donneront-ils vraiment les moyens d'inverser une tendance que les entreprises refusent d'inverser ?
Le choix va s'avérer difficile, car les seniors votent dans leur grande majorité et risquent d'envoyer l'UMP aux oubliettes politiques. Et pour un élu, envisager le chômage : "Pas de ça lisette" !!!!
Crédit dessin
NA
2 commentaires:
C'est bien connu...
C'est plein de boulot...
Et que des fainéants...
Les jeunes, les vieux, les handicapés, les immigrés, bref tous ceux qui ne travaillent pas...
Misère...
A voir...
http://sebmusset.blogspot.com/2009/11/echapper-limpot-la-methode.html
J'aime bien Grand François. Avec lui je comprends toujours tout...
Selon l'INSEE, l'espérance de vie en bonne santé est de 63 ans...
=> http://www.lesmotsontunsens.com/retraite-esperance-de-vie-travail-hospice-2571
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